La Grèce est en train de connaître un véritable bank run : après un pic le mois de l'élection de Syriza en janvier 2015, la fuite des capitaux continue à un rythme très soutenu.
Depuis 6 mois, c'est 30,8 milliards d'euros qui ont ainsi été retirés par le secteur privé (ménages et entreprises) des banques grecques, soit 13 % du PIB du pays, ce qui est colossal. Cela fait 10 ans que le niveau des dépôts bancaires n'avait pas été aussi bas en Grèce, quand le pays connaissait alors des taux de croissance de l'ordre de 4 % par an.
On le voit sur le graphique, les retraits se sont particulièrement accélérés depuis le début de l'année, surtout pour les ménages.
Les problèmes financiers du pays sont doubles : d'un côté les banques grecques restent très fragiles et dépendent encore largement du mécanisme de fourniture de liquidité d'urgence de la BCE (l'Emergency Liquidity Assistance, ELA) dont les fonds ne suffisent pas à assurer la stabilité financière du pays malgré la hausse régulière du plafond des financements, et de l'autre l'Etat Grec ne parvient pas à trouver un terrain d'entente avec ses créanciers et les tensions sur la dette grecque sont de plus en plus palpables.
Le risque de défaut et de sortie de la zone euro du pays est maintenant dans les consciences de tous : les ménages se ruent au guichet de leur banque afin de conserver leur épargne en euro et les entreprises investissent hors de Grèce. Ces 2 phénomènes affaiblissent d'autant plus les banques grecques et précipitent le pays vers le défaut : il se crée un cercle vicieux (fragilité des banques/retrait massif de dépôts) et, à force, le défaut grec deviendra une prophétie auto-réalisatrice. Signe de cette prise de conscience d'un risque de défaut et de sortie de la zone euro de plus en plus grand, les taux d'intérêt sur la dette grecque à court terme qui ont augmenté de 1 000 points de base depuis 3 mois.
Ce qui serait très dangereux pour la Grèce est que cette fuite de capitaux soit définitive, car dans ce cas, même si le pays sortait de la zone euro, le système financier serait incapable d'assurer le bon fonctionnement de l'économie réelle.