Si la croissance souffre partout, celle de l’Oncle Sam continue de surprendre par sa résistance. En effet, au deuxième trimestre, en dépit d’un inévitable ralentissement, la progression annualisée du PIB américain a atteint 2,1 %, contre 3,1 % au trimestre précédent.
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Nouveau record pour le cycle de croissance américain : 46 trimestres.
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Sources : BEA, Calculs ACDEFI
Si son glissement annuel recule également, il demeure néanmoins très appréciable, à 2,3 %. Et ce d’autant que le cycle économique actuel des Etats-Unis continue de battre des records, en l’occurrence 46 trimestres. Rappelons que le précédent record datait du cycle de la décennie 1980 avec 42 trimestres.
Etats-Unis : la consommation résiste bien, mais l’investissement des entreprises ralentit nettement.
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Sources : BEA, ACDEFI
Certes, au deuxième trimestre 2019, l’investissement des entreprises a fortement ralenti. Son glissement annuel est ainsi tombé à 2,7 %, un plus bas depuis le quatrième trimestre 2016.
En revanche, la consommation des ménages a continué de bien résister, principalement grâce au plein-emploi et à l’augmentation des revenus qu’il suscite. Après avoir atteint 2,5 % au premier trimestre 2019, le glissement annuel de la consommation des ménages a ainsi augmenté à 2,6 % au deuxième trimestre 2019.
De quoi confirmer que le premier moteur de la croissance américaine est loin d’avoir dit son dernier mot. D’ailleurs, après un « petit coup de mou » en juin, l’indice du Conference Board de confiance des ménages a bondi de 11,4 points sur le seul mois de juillet, se rapprochant de ses sommets historiques de l’automne 2000.
La confiance des ménages américains repart en forte hausse.
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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI
A l’inverse, les exportations américaines ont continué de souffrir au deuxième trimestre 2019. Leur glissement annuel est ainsi tombé en zone rouge, à – 1,5 %, c’est-à-dire au même niveau qu’au quatrième trimestre 2015, qui était un plus bas depuis le troisième trimestre 2009.
Autrement dit, la récession industrielle mondiale et le fort ralentissement de la croissance internationale ne pénalisent pas seulement la Chine et les pays émergents ou encore l’Europe. Les exportations américaines commencent également à en pâtir dangereusement.
Le glissement annuel des exportations américaines tombe dans le rouge à – 1,5 %.
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Sources : BEA, ACDEFI
Qu’à cela ne tienne, en dépit d’une croissance du PIB américain appréciable, la Réserve fédérale a déjà « dégainé ». Sans attendre, elle a effectivement abaissé son taux objectif des federal funds de 25 points de base, à désormais 2,25 %.
Même avec une croissance américaine de 2,3 %, la Fed baisse ses taux directeurs…
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Sources : BEA, Federal Reserve, ACDEFI
Le message est donc clair : la Fed ne prendra aucun risque et fera tout pour prolonger le cycle de croissance américain au moins jusqu’à l’été 2020.
Dans ce cadre, l’écart de croissance entre les Etats-Unis et la zone euro n’est pas près de s’inverser. Certes, au deuxième trimestre 2019, il a été réduit de 0,2 point, mais demeure toujours très fort, à 1,2 point.
L’écart de croissance Etats-Unis / Zone euro reste supérieur à 1 point.
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Sources : BEA, Eurostat, ACDEFI
Sur longue période, l’écart de croissance cumulé continue ainsi de battre des records, avec un niveau de 85,3 points depuis 1995.
Depuis 1995, la barre des 85 points d’écart de croissance cumulé est dépassée…
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Sources : BEA, Eurostat, ACDEFI
Le pire est que si les indicateurs avancés de la croissance américaine ont dernièrement arrêté de se détériorer, ceux de la croissance de la zone euro continuent de s’enfoncer. En juillet, l’indice de sentiment économique de l’UEM a ainsi perdu 0,6 point. Avec un niveau de 102,7, il accuse un plongeon de 13,3 points depuis le début 2018 et atteint un plancher depuis février 2015.
Sa corrélation avec le glissement annuel du PIB de la zone euro montre que ce dernier se dirige doucement mais sûrement vers 0 %, contre encore 1,1 % au deuxième trimestre 2019.
La croissance de la zone euro se dirige bien vers le zéro pointé…
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Sources : Eurostat, Commission Européenne, ACDEFI
Une perspective qui est malheureusement confirmée par les indicateurs Markit des directeurs d’achat de juillet. Si l’on ne connaîtra la version définitive des indicateurs « services » et « composites » que le lundi 5 août, celle des indicateurs « industrie » ont apporté leur lot de mauvaises surprises et de déceptions.
A commencer par l’indice Markit PMI de l’industrie française qui est finalement repassé sous la barre des 50, à précisément 49,7. S’il reste supérieur à ses homologues de l’industrie allemande et de celle de la zone euro dans son ensemble (à respectivement 43,2 et 46,5), il confirme que la récession industrielle est bien la donne, y compris dans l’Hexagone.
La France, l’Allemagne et la zone euro plongent dans la récession industrielle.
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Sources : Markit, ACDEFI
En fait, aussi étonnant que cela puisse paraître, seule une industrie tire son épingle du jeu dans l’UEM : celle de la Grèce. Effet de rattrapage oblige !
A l’exception de la Grèce, tous les pays de la zone euro s’enfonce dans le marasme industriel.
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Sources : Markit, ACDEFI
Pour les autres, y compris pour les anciens champions de la croissance de la zone euro (Irlande, Espagne, Autriche ou encore Pays-Bas), l’heure est bien au marasme industriel.
Mario Draghi nous dit qu’il va tout faire pour y remédier, mais en a-t-il vraiment les moyens ? Rien n’est moins sûr...
Article écrit par Marc Touati ici