Comme vous le savez, pour ceux qui me connaissent un peu, je suis toujours surpris de la surprise des gens, des épargnants, et de tous les « on-ne-pouvait-pas-savoir » d’ici et d’ailleurs.
Aujourd’hui, la surprise ce sont les pénuries d’essence, et comme notre mamouchesque goinfrosaure à crête rose élyséen est en campagne électorale de non-candidat, les journalistes, le doigt sur la couture, sont priés d’avoir la délicatesse de ne point casser le moral des Français ni d’effrayer, ni de faire peur, ni d’inquiéter, ni de causer le moindre soucis.
N’oublions pas que nous sommes dans la séquence de communication « la-France-va-mieux ».
Pour la presse nationale donc, il n’y a rien à voir, circulez.
Quand vous faites le tour de la presse régionale, il est difficile de cacher quelques réalités locales comme les pénuries d’essence qui ont déjà largement commencé dans certains départements de France en raison en particulier du blocage des raffineries et autres dépôts en Normandie.
Du coup, à l’ouest, il n’y a plus d’essence et les stations-service, quand elles ne sont pas à sec, rationnent les approvisionnements.
Ce sera la surprise du chef !
Comme personne ne prévient pour le moment la population, c’est donc avec surprise que la grande masse découvre le problème dans les départements concernés et évidemment se rue pour faire le plein d’essence avec un train de retard et en même temps que tout le monde, c’est-à-dire trop tard.
Alors si j’ai un petit conseil à donner au plus grand nombre, c’est évidemment de veiller par les temps qui courent à avoir systématiquement le plein de votre véhicule fait. De la même façon, avoir un ou deux bidons est une bonne idée.
On peut même aller plus loin : avoir 4 bidons et en revendre 2 au marché noir qui ne manquera de se développer alors que les grèves actuelles sont parties pour durer parce que les syndicats jouent leur existence même. S’ils perdent ce combat, ils perdront aux yeux de l’opinion toute crédibilité, toute utilité, toute justification.
Nous risquons donc, et c’est mon pronostic, de vivre dans les prochaines semaines un mouvement social de grande ampleur avec débordements et violences qui ont d’ailleurs déjà largement commencé.
Pourtant, la communication en cours reste axée sur ce « la-France-va-mieux » et le réveil pourrait s’avérer douloureux. Il ne faut donc pas être naïf et rester aux aguets de ce qu’il se passe et de la « réalité-vraie », pas de l’image fantasmée.
74 % des français opposés à la loi El Khomri
L’opposition à cette loi est très forte et le fait qu’elle soit passée aux forceps contre vents et marées au calibre 49.3, qui plus est par un gouvernement de gauche, ne peut qu’aboutir à la radicalisation aussi bien des syndicats que des mouvements d’extrême gauche qui savent être excessivement violents.
Le tout se déroule dans un contexte de menace terroriste, d’état d’urgence sans cesse maintenu et prolongé, de forces de l’ordre épuisées et déjà totalement débordées, sans oublier l’incertitude juridique très forte qui pèse sur toutes les mesures gouvernementales, puisqu’en l’absence de réforme constitutionnelle, les décisions en particulier du ministère de l’Intérieur, sans oser écrire qu’elles sont illégales, sont souvent remises en cause par la justice comme ce fut le cas dernièrement pour les interdictions de manifester prises en vertu de l’état d’urgence lié à des menaces terroristes.
Or il est évident, et c’est du simple bon sens, que manifester même violemment, casser une vitrine même si c’est en tout point répréhensible (et je déteste l’anarchie) ne peut en aucun cas être assimilé de près ou de loin à du terrorisme.
On voit donc bien la dérive du pouvoir en place qui se sert sans vergogne de l’état d’urgence à des fins politiques nettement moins avouables et sans contre-pouvoir, il est là encore évident que l’on en arriverait très vite à une interdiction de manifester, à l’utilisation de décrets pour réformer et au contournement du Parlement (pourtant bien aux ordres).
Bref, ce que je viens de décrire est tout simplement la définition de la dictature, fut-elle socialiste et bien-pensante.
Nous assistons donc à la convergence de radicalités et il s’agit de phénomènes d’une extrême dangerosité potentielle.
Effondrement économique ou effondrement social ?
L’essence même de mon « métier » est de tenter d’appréhender les risques avant qu’ils ne se matérialisent et depuis des années, notre pays fait face à deux grands dangers, économique et social.
Ces deux dangers deviennent de nature à provoquer l’effondrement de structures que l’on croit tous naïvement solides mais qui sont en réalité d’une très grande fragilité.
J’ai encore en tête ces images édifiantes autour du Bataclan où une poignée de policiers se font mitrailler par les kalachs. Ils prennent tous ou presque la poudre d’escampette pour ne pas revenir « au feu ». Seuls deux resteront et feront face avec un évident courage. Vous devez comprendre que je ne juge personne dans ce cas, je relève juste dans ce moment que lorsque parle la mitraille, il n’y a souvent plus personne ou en tous cas pas beaucoup de monde.
Cela veut dire que notre pays, s’il donne l’illusion parfaite en tout point de la solidité est en réalité dans le même état de déliquescence que l’URSS en 1989. L’évocation des trois lettres KGB suffisait à faire pâlir n’importe qui. Personne n’a vu venir l’effondrement fort rapide de l’Empire soviétique et le relatif chaos qui a suivi.
L’une des grandes questions qui ne peut pas être tranchée en ce qui concerne notre pays est de savoir d’où viendront nos problèmes. D’un effondrement économique ou d’un effondrement social ?
Ce qui est certain, c’est que ceux qui veulent se situer dans l’anticipation pour ne pas se retrouver avec tout le monde au même moment dans des stations-service en pénurie, soumises aux rationnements, ou dans des magasins vides doivent toujours observer avec la plus grande attention ces deux fronts économique et social.
Les mouvements actuels auront de toute évidence des répercussions économiques importantes, et le pari du gouvernement est de tenir quelques jours avant que l’euro de football ne commence… Or ce pari pourrait s’avérer très mauvais, car pour une fois, mon petit doigt me dit que le peuple se fout comme d’une guigne des jeux : il veut du pain, et il est prêt à en découdre, pire, une partie non négligeable de la population a envie d’en découdre, et le gouvernement, au premier coup de canon, pourrait se retrouver bien seul.
C’est cela qui est inquiétant.
En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour son blog