Vers l’éradication des bitcoins ?

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Par Charles Sannat Modifié le 16 mai 2017 à 9h59
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cc/pixabay - © Economie Matin
1700 DOLLARSLe bitcoin a frôlé les 1 700 dollars le 12 mai 2017.

Difficile d’échapper à cette information, à savoir non pas que la France a un nouveau Premier ministre, qui si ça se trouve devra laisser sa place à l’issue des élections législatives du mois de juin, c’est-à-dire dans quelques semaines.

Non, je parle d’une information, une vraie, et je voulais rapidement revenir sur cette histoire d’attaque planétaire au virus qui réclame une rançon.

L’idée n’est pas de vous infliger un cours d’informatique à la pointe de la modernité technologique, mais de reprendre les grands principes de ce qu’il se passe.

De la piraterie au sens littéral du terme !

On implante un virus. Ce virus, basiquement, prend en otage vos données. Il faut payer une rançon.

Cette rançon, vous ne la payez pas en dollars, ni en euros, ni en yuans, yens ou roubles et encore moins en roupies indiennes. Non, cette rançon vous allez la payer en Bitcoins, la désormais célèbre monnaie électronique.

D’ailleurs, cette monnaie a connu une très forte poussée, une très forte augmentation ces dernières semaines. À tel point d’ailleurs que son cours a pris en gros presque 60 % en deux mois, ce qui me vaut les railleries de nos camarades amoureux de cette monnaie électronique.

Le problème voyez-vous c’est que, à mon sens, cette hausse ne repose sur aucun fondamental économique.

Mais il y a un autre problème. J’avais tort.

Il y a bien un fondamental économique au Bitcoin, et j’étais passé complètement à côté. Je m’en excuse.

Le fondamental économique du Bitcoin, ce qui fait sa valeur intrinsèque, est uniquement le fait qu’il peut servir de monnaie pour la piraterie, la délinquance et le chantage.

Le Bitcoin n’est pas juste une nouvelle monnaie fusse-t-elle électronique, et d’ailleurs au départ elle a sans doute été rêvée comme une monnaie ouverte, apolitique, et totalement transnationale. Bref, une monnaie ouverte pour un monde ouvert, une monnaie décentralisée et capable d’être un outil pour la libération des peuples du joug des banques centrales.

Ok blablablabla et bons sentiments.

La réalité c’est que vous venez d’assister à une opération mondiale de piratage et de rançonnage !!

Rien ne justifiait la hausse du Bitcoin !

Je disais donc que rien, économiquement, ne justifiait la hausse du Bitcoin.

Sauf que ces attaques où l’on vous rançonne et où le méchant pirate exige une rançon payable en Bitcoins deviennent de plus en plus courantes.

Que font donc les entreprises qui sont des agents économiques comme les autres ?

Ils achètent des Bitcoins à l’avance pour pouvoir payer immédiatement des rançons en cas d’attaque car le prix double en fonction d’un compte à rebours (un vrai truc de dingue quand on y pense).

Et donc le fondamental économique qui fait monter la valeur du Bitcoin c’est tout simplement la loi de l’offre et de la demande.

Le souci c’est que les agents n’achètent pas cette monnaie pour une bonne raison mais pour une mauvaise, à savoir être en mesure de payer des rançons… Avouez que ce n’est pas très glamour.

Quand la piraterie devient un problème, on envoie l’armée pour l’éradiquer

Souvenez-vous, toutes ces histoires de piraterie au large des côtes somaliennes, avec tous ces navires qui se faisaient attaquer, les équipages pris en otage, et les compagnies obligées de payer des rançons.

Les gouvernements du monde entier ont fini par envoyer des navires de guerre pour éradiquer la piraterie en mer dans cette région du monde.

Il y a eu des morts, et la piraterie a été éradiquée lorsqu’elle a commencé à poser un vrai problème au « big business », ou aux grandes multinationales pour parler français convenablement.

Il va en être de même pour ce qu’il vient de se passer lors de cette attaque informatique sans précédent au niveau mondial mettant en plus en jeu la cryptomonnaie.

Il est très difficile aujourd’hui de savoir qui se cache derrière cette attaque monumentale. Ce qui est certain, c’est que loin d’être anodine, elle a été massive et cela demande tout de même des moyens.

Une telle opération d’envergure ne peut être le fruit uniquement de quelques « hackers » dans un coin perdu du monde. Il s’agit d’une opération technique, massive, coordonnée, doublée vraisemblablement d’une opération préalable de spéculation sur le Bitcoin, d’où ces mouvements de hausse très importants et parfaitement injustifiés en termes économiques le mois précédent le lancement de cette attaque coordonnée au niveau mondial.

La justification à la guerre sans merci contre la monnaie des criminels !

J’ai toujours dit que celui qui bénéficie de l’énorme privilège octroyé par le fait de battre monnaie ne se laisserait jamais déposséder de sa rente sans rien dire ou sans rien faire.

Qu’il ferait tout pour conserver cette capacité. Or nous parlons ici des banques centrales de tous les pays les plus puissants au monde.

Si le Bitcoin pose problème ou devient un problème, alors, comme la piraterie somalienne, il sera éradiqué sans aucun remord, sans une seule hésitation.

C’est la raison pour laquelle ceux qui investissent des fortunes sur cette monnaie virtuelle risquent de connaître des déconvenues cette fois-ci bien réelles.

Encore une fois, il ne s’agit ni de justice, ni de beauté technique de la chose.

Il s’agit de bon sens politique.

Pour la première fois, le Bitcoin vient de poser un problème majeur. Vous allez donc assister à son crépuscule et voir fleurir les opérations de déstabilisation jusqu’à ce qu’il soit interdit, pourchassé, lui-même piraté et cassé par la NSA et autres organismes de sécurité.

Vous me direz, le Bitcoin n’est pour rien dans les piratages. C’est faux. Il rend possible le paiement des rançons.

Nous allons vivre une période passionnante sur les cryptomonnaies, avec une offensive majeure des banques centrales qui vont siffler la fin de la partie.

Protégez vos sous.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.