Grand enjeu de santé environnementale et économique, l'agriculture est à la recherche de solutions afin de sauvegarder le secteur et la planète. Le rapport « Produire mieux » de Marion Guillou apporte son mot de propositions de nouvelle pratiques agronomiques.
Appuyée sur les méthodes adoptés par les quelques pionniers de l'agriculture, l'étude de l'ancienne patronne de l'INRA s'impose comme le premier pas vers une révolution agricole. Elle suggère un accompagne plus rapproché des producteurs afin de « sortir du dilemme » entre productivité et protection de la planète.
"Ca se fera au cas par cas, en fonction du milieu agricole, du sol, du climat. Il n'y aura pas de prêt-à-porter", promet-elle en exposant ses travaux, conduits avec l'appui de l'Institut national de recherche agronomique (INRA).
D'après le rapport, il existerait près de 203 pratiques et 35 performances agricoles et environnementales qui pourraient être dérivées et retrouvées dans les secteurs de l'exploitation des sols ou de l'élevage. Le but étant d'aboutir à une agriculture « doublement performante pour l'économie et l'environnement ».
Tout d'abord, en limitant les produits phytosanitaires tels que les engrais qui polluent dramatiquement les sols et l'eau. Leur coût a été estimé à 2 395 millions d'euros en 2012. En vallent-ils la peine ? La solution proposée serait de les remplacer par des rotations et des associations de cultures ou le recyclage des effluents dans l'élevage.
Autre point phrase, la création d'un « certificat » de performance. Il concernerait les fournisseurs de ces produits phytosanitaires. Sur le modèle du certificat d'économie d'énergie, l'objectif est d'inciter à vendre moins.
Solidarité agricole
Le secteur est victime de nombreux freins. Exigence en charge de travail, en main d'oeuvre, en rendement... Pourtant, 58 % des agriculteurs seraient prêts à tenter l'aventure. La condition serait qu'une véritable solidarité agricole se crée et aide à balayer certaines « contraintes normatives qui freinent l'innovation ».
Elle recommande aussi de créer des fonds régionaux de mutualisation du risque et d'orienter la recherche en génétique animale et végétale.
Autant de mesures qui permettront de protéger les sols et les ressources en eau tout en réduisant les charges de production. Mais elles ne sont pas sans risques. La période de transition peut être un cap difficile à passer avec une perte de 10 à 20 % de la récolte.
"On aboutira plus rapidement à des résultats en prenant les choses à la base qu'avec des normes décrétées à distance et qui s'appliquent bêtement" estime Guy Vasseur, président des Cambres d'Agriculture.