La généralisation de l’automatisation s’accompagne (de manière prévisible) d’une peur accrue de ses effets. Un certain nombre de politiciens préconise même de taxer les robots afin de compenser la perte d’emplois concomitante. Cependant, la réalité montre que l’inquiétude est infondée.
« Les robots vont-ils prendre mon travail ? » est une question assez emblématique du 21ème siècle. Si iconique en effet, qu’il existe même un site web, www.willrobotstakemyjob.com, qui tente de répondre à cette question par un calcul statistique. Un analyste de crédit à 98% de chance d’être informatisé, alors que l’éditeur de cet article n’a que 5,5% de chance d’être remplacé par un robot. Il est important de noter que, globalement, l’effet économique de l’automatisation est indiscutable. Dans un rapport publié en 2015 par Deloitte, des chercheurs anglais ont constaté que même si l’automatisation a réduit le nombre initial d’emplois de 800 000, elle en a créé près de 3,5 millions.
Ils ont également conclu que la différence moyenne de salaire entre emplois créés et perdus était de 10 000 £ (11 385 €), ce qui a boosté l’économie de 140 Mds£ (160 M€). Ajoutons à cela que les régions du Royaume-Uni ont toutes bénéficié de cette amélioration : alors qu’en Irlande du Nord la valeur ajoutée au PIB est inférieure à 5 Mds£ (5,7 milliard €), elle atteint plus de 10 Mds£ en Ecosse et 30 Mds£ à Londres et au Sud-Est. Aucune région n’a connu une baisse de performance économique.
Ces chiffres contredisent ce que vous pourriez lire dans des sources d’information telles que le Daily Mirror, qui titre : « Les robots vont prendre 2 emplois sur 5 dans certaines parties du Royaume-Uni, le nord étant le plus affecté ». The Independentparvient à faire de même, en tête d’affiche (3) : “Près de 30% des emplois dans les villes, y compris Sunderland et Wakefield, sont en danger d’ici 2030 en raison de l’automatisation et de la mondialisation ». Le fait que l’avantage de l’automatisation ne soit pas évoqué est une malhonnêteté journalistique flagrante. Pourquoi ces prospectives vont-elles à l’encontre de ce qu’on constate sur le terrain dans le passé récent ?
Certes, il y a une disparité entre les catégories de revenus touchés. Les emplois rémunérés 30 000 £ (34 000 €) ou moins ont montré qu’ils couraient cinq fois plus de risques d’être informatisés que ceux qui rémunéraient 100 000 £ (113 000 €) ou plus. Cela se voit lorsqu’on regarde le nombre de suppressions d’emplois depuis 2001 : on constate une disparition de plus de 200 000 assistants personnels, de 83 000 employés de banque ou de 72 000 caissiers de détail.
Ces professions présentent un risque d’automatisation de 85%, 98% et 97% respectivement. Dans le même temps, nous pouvons constater l’apparition de 250 000 soignants, de plus de 200 000 assistants d’enseignement et plus de 100 000 cuisiniers, malgré des risques d’automatisation de 50%, 56% et 57% respectivement. Tout dépend donc des professions.
Les chefs d’entreprise déclarent vouloir employer plus
Près de 75% des propriétaires d’entreprises au Royaume-Uni ont indiqué qu’ils s’attendent à ce que la technologie ait un effet significatif ou très significatif sur leur performance, et que, par conséquent, ils emploieront davantage de personnes. Et en fait, le Royaume-Uni affiche des chiffres de l’emploi en augmentation pratiquement sans interruption depuis 2011. Mais là encore, ceux qui défendent l’automatisation nous proposent d’en tirer la leçon de la redistribution. Larry Elliott, rédacteur économique de The Guardian, écrit :
« Pour s’assurer que, comme par le passé, le changement technologique entraîne une augmentation nette des emplois, les avantages devront être répartis et le concept de ce qui constitue du travail repensé. »
Aux Etats-Unis, l’approche de l’automatisation semble plus nuancée : le New York Times a publié un article en septembre, décrivant comment les employés du stockage d’Amazon font face à l’automatisation de leurs installations. Les bras robotisés qui gèrent le déplacement et l’empilage des palettes en bois ont peut-être remplacé les travailleurs qui effectuaient ces tâches manuellement, mais ils sont maintenant gérés par ces mêmes travailleurs, qui décrivent leurs nouvelles missions comme « difficiles » et « non répétitives ».
Nick Wingfield du NYT écrit à ce propos :
« Beaucoup de gens, y compris le président Trump, reprochent à l’entreprise d’avoir détruit les emplois de détail traditionnels en incitant les gens à faire leurs achats en ligne, mais la croissance fulgurante de l’entreprise en a fait une machine à création d’emplois, avec un besoin inéluctable d’employés pour satisfaire les commandes des clients. »
Nous devons faire preuve d’optimisme quant aux possibilités offertes par l’automatisation. Ce n’est pas la première fois que la technologie promet d’améliorer nos conditions de vie et que, d’après les chiffres, elle le fait déjà.
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