Pour sortir de la crise, une seule solution : l’entreprise

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Par Daniel Karyotis Modifié le 4 juillet 2012 à 16h57

Nul besoin de revenir sur les immenses défis que doit relever notre pays aujourd’hui : ceux de la réduction de la dette publique et de notre compétitivité étant les plus alarmants aujourd’hui.

Mais quels que soient les scénarii sur lesquels nos experts éclairés (les mêmes qui n’ont rien vu venir depuis 10 ans…) plancheront demain, il est un sujet qui devrait faire l’unanimité : l’entreprise ou plutôt sa réhabilitation. Souvent, quand on me demande quelle est la principale différence entre la France et l’Allemagne, je réponds invariablement : les Allemands, eux, aiment leurs entreprises ! Car, plus que le droit du travail ou la fiscalité qui sont souvent évoqués (à raison), notre problème principal est bien cette forme de « désamour » qu’entretiennent les Français avec le monde de l’entreprise en général, et celui de l’industrie en particulier.

Les causes en sont multiples : déclin régulier du poids du secteur industriel dans notre économie (moins de 13 % de nos emplois sont industriels), prégnance du secteur des services, omnipotence de la fonction publique et de l’administration, inculture économique et financière, cursus de formation économique abstrait et théorique (comparez un livre d’économie allemand et français !), sur-médiatisation des excès (réels) de quelques grands patrons et de quelques conflits sociaux (émanant souvent de grands groupes ou de filiales étrangères), excès de formations supérieures généralistes et insuffisance de formations commerciales et d’ingénieurs… J’arrête cette litanie car je pourrais continuer à l’infini !

Le constat est sévère mais cette réalité ne doit pas nous échapper à un moment où la France ne produira croissance et emplois qu’au travers d’une industrie modernisée, rénovée et tournée vers l’international. Le mythe du plein emploi s’est éloigné avec la montée brutale des nouveaux pays développés, du chocs des crises que nous connaissons depuis 2000 mais aussi avec l’allongement de l’âge de départ à la retraite qui fait mécaniquement monter le chômage des jeunes aujourd’hui. Les dirigeants que je connais sont meurtris quand ils sont contraints de licencier des salariés qu’ils connaissent et apprécient.

Des motifs de satisfaction existent pourtant. Car si l’image de l’entreprise reste dégradée, l’esprit d’entreprendre progresse en France. Le nombre de création d’entreprises est en augmentation depuis 10 ans (bien que la crise ait mis un frein à cette croissance). Les Français comprennent qu’entreprendre c’est aussi poursuivre un but, mener à bien un projet personnel, se réaliser voire acquérir de nouvelles libertés. C’est donc un formidable levier pour la croissance. Le monde de l’entreprise est certes celui de la performance, de la concurrence !

Mais c’est aussi, et peut-être avant tout, un projet humain. Vous y trouverez partout des hommes et des femmes réunis autour d’un projet collectif, qui luttent au quotidien pour que leur entreprise croisse, se développe, innove ou parfois… éviter qu’elle ne disparaisse brutalement sous la pression d’une conjoncture toujours plus capricieuse. Toutes les énergies doivent donc converger rapidement pour que l’entreprise redevienne la colonne vertébrale de notre économie mais aussi le lien social qui unit un individu à son environnement. Les Allemands l’ont compris depuis bien longtemps, comme nous, mais ne l’ont jamais oublié même quand ils pouvaient céder à la facilité.

Ce choix n’est pas celui d’un libéralisme exacerbé mais bien celui de la raison et de la lucidité.

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Daniel Karyotis est le président de la banque Palatine depuis 2007. Homme d'affaires, il a également publié deux ouvrages, la notation financière (1995) et la France qui entreprend (2011).