Il était temps : la météo ukrainienne n'a rien à voir avec celle de Biarritz : Il faisait - 1°C cette nuit dans la capitale ukraininenne, 8°C au plus chaud de la journée (30°C à Biarritz vendredi 31 octobre). Aussi, la conclusion d'un accord entre la Russie et l'Ukraine pour que le premier continue à livrer du gaz au second commençait à devenir vital. "Il n'y a désormais plus aucune raison pour que les peuples aien froid cet hiver en Europe" a déclaré José Manuel Barroso qui a mouillé la chemise avec le commissaire européen à l'Energie - à la veille de leur départ de la commission- pour que l'accord entre la Russie et l'Ukraine soit signé.
Enfin, pas que mouillé la chemise : en théorie, c'est l'Ukraine qui va payer ses factures en retard, soit plus de 3 milliards de dollars (2,38 milliards d'euros). Mais comme l'Ukraine a fait les poches du FMI et de l'Europe ces derniers mois, en fait, c'est un peu vous vous et moi aussi qui allons payer pour que les babouchkas ukrainiennes puissent réchauffer leur bortsch cet hiver. Le FMI a tout de même prété plus de 13 milliards d'euros à l'Ukraine en mars dernier ! D'ailleurs, Kiev a promis de payer un peu moins de la moitié de ses factures en retard tout de suite, et le reste d'ici la fin de l'année, mais l'Union Européenne a semble-t-il du donner sa garantie pour que les Russes acceptent de signer l'accord. La version ukrainienne est un brin différente : l'UE aurait accepté de se porter garante du fait... que la Russie respecterait bien l'accord !
L'accord tiendra l'hiver, du moins on l'espére, puisqu'il porte sur les six prochains mois, et impose un tarif fixe dans la durée du mètre cube de gaz, soit 0,378 dollar du mètre cube, ou 0,299 euro. Pour se faire une idée du prix, sachez qu'un abonné au gaz, en France, paye 0,64 centimes son mètre cube de gaz s'il s'en sert pour se chauffer. Les tarifs accordés par la Russie à l'Ukraine ne sont pas donc pas assomants, et laissent de la marge pour financer la distribution et la facturation aux clients.
Pourquoi la Russie a signé l'accord, après avoir coupé pendant quatre mois le gaz à l'Ukraine et menacé de continuer à le faire pendant l'hiver ? Sans doute parce que Moscou n'a plus guère le choix de se priver de clients, à l'heure de l'embargo qui frappe le pays en réplique à son attitude dans le conflit ukrainien. Les ventes de gaz à l'étranger représentent plus de 20 % des rentrées d'argent frais de la Russie, et l'Ukraine est un de ses plus gros clients. Et du moment qu'il y a quelqu'un pour payer, c'est bien connu, l'argent n'a pas d'odeur, tout comme le gaz naturel avant traitement !