En quête de nouveaux leviers de croissance, Lagardère fait sa mue

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Par Michel Delapierre Modifié le 18 novembre 2018 à 17h59
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@shutter - © Economie Matin

Avec la cession d’une grande partie de ses activités médias et marketing sportif, le groupe Lagardère poursuit sa transformation et se concentre progressivement sur l’édition et le « travel retail » (commerce en gares et aéroports). Ces cessions sont appelées à se poursuivre courant 2019.

Lagardère Active délestée

Premier actif en voie de cession partielle : Lagardère Active. Il s’agit de la division médias et publicité du groupe. Dans la partie digitale, Doctissimo et MonDocteur sont respectivement cédés à TF1 et Doctolib. Les cessions prochaines de Boursier.com au groupe Les Echos, de Billetréduc ont été confirmées. Il en va de même pour l’activité de production audiovisuelle avec les studios et les chaînes télé dont Gulli.

Sur la partie presse, tous les magazines (Elle, Version Femina, Art & Décoration, Télé 7 Jours, France Dimanche, Ici Paris et Public) sont vendus à Czech Media Invest, propriété de l’homme d’affaire tchèque Daniel Kretisnky, déjà propriétaire de Marianne et désormais actionnaire du Monde.

Le magazine Elle constitue un cas particulier, puisque Lagardère reste propriétaire de la marque. Toutes les déclinaisons Elle dans le monde avaient été en effet déjà vendus au groupe Hearst en 2011, ce dernier reversant des droits de licence à Lagardère de l’ordre de 20 millions d’euros chaque année.

Dans la partie presse, seul le pôle news constitué de Paris Match, du JDD et d’Europe 1 reste dans le giron du groupe.

Lagardère Sports & Entertainment profondément réorganisée

Autre division en voie de transformation : Lagardère Sports & Entertainment. Si la partie Spectacles (gestion et exploitation de salles multifonctionnelles) est appelée à rester au sein du groupe, la partie Sports sera cédée. Selon plusieurs spécialistes du secteur, des acteurs européens mais également américains et asiatiques, notamment spécialisés dans la gestion des droits sportifs, pourraient être intéressés par ces opportunités.

Sur les neuf premiers mois de 2018, le chiffre d’affaires de cette division a baissé de 6% après une contraction de 3,4% sur l’année 2017, en données comparables. Mais la restructuration de cette branche ne passe pas uniquement par des cessions. Lagardère reste présent dans les « eSports », à travers la signature de partenariats avec six équipes et la distribution de droits médias d’un tournoi international.

S’agissant des résultats décevants sur 2018, le groupe relativise: « L’année 2018 étant le point le plus bas du cycle de quatre ans du calendrier sportif, le chiffre d’affaires a été marqué par la non-occurrence de la Coupe d’Afrique des Nations et des matches qualificatifs en Asie pour la Coupe du monde 2018, qui ont eu lieu en 2017 ».

Selon la plupart des analystes, tous les actifs mis en vente à la fois sur la branche Lagardère Active et la branche Sports & Entertainment devraient trouver preneur sans grande difficulté. De son côté, le groupe confirme l’intérêt de nombreux acquéreurs potentiels et reste optimiste sur sa capacité à obtenir des prix de sortie intéressants.

Ces cessions marquent donc un changement de cap important pour Lagardère qui avait longtemps fait de Lagardère Active le cœur de son activité.

« Il s’agit de céder les actifs dont le développement ne bénéficie plus du soutien stratégique du groupe, et de réinvestir le produit des cessions dans les deux piliers que sont Lagardère Publishing et Lagardère Travel Retail » indiquait ainsi Arnaud Lagardère lors de la conférence téléphonique avec les analystes le 8 novembre 2018.

Publishing et Travel Retail, les deux nouveaux piliers

Ces activités sont désormais les deux pôles de croissance du groupe. Elles apportent des garanties à la fois en termes de chiffre d’affaires et de génération de cash.

Centrée autour des ouvrages éducatifs (avec notamment Hachette Livre, Dunod et Larousse), l’activité Publishing devrait profiter pleinement de la révision des programmes scolaires en cours en France, au Royaume-Uni et en Espagne, avec de nouveaux manuels en préparation pour la rentrée 2019.

L’essor des livres électroniques contribue également de manière non négligeable à son chiffre d’affaires (7,9% en 2017), et la société bénéficie d’une position de leader français du livre numérique audio. L’activité Publishing bénéficie par ailleurs d’une distribution géographique assez uniforme entre la France (29%), l’Amérique du Nord (27%) et le marché Australie-Royaume-Uni (19%).

L’autre activité sur laquelle Lagardère mise gros est le Travel Retail, composé d’enseignes telles que Relay, les duty-free (Buy Paris et Aelia) ainsi que les cafés implantés dans des gares et aéroports (So! Coffee et Trib’s). Lagardère Travel Retail a récemment obtenu des concessions dans les aéroports de Wuhan, Pékin, Shanghai, Hong Kong, Genève, Vienne et Dakar.

En 2018, Lagardère est également devenu prestataire « foodservice » sur les chemins de fer néerlandais. Et si le chiffre d’affaires de cette division est en plein boom, ce n’est pas uniquement grâce aux nouvelles implantations. À périmètre constant, il a progressé de 9,9% sur les neuf premiers mois de 2018, et de 9,8% sur le seul troisième trimestre 2018. Déjà implantés dans 33 pays (y compris dans 230 aéroports internationaux), le réseau de 4 200 points de vente de Lagardère Travel Retail est appelé à s’étoffer, tant via l’obtention de nouveaux marchés pour les concepts existants que via la création de nouvelles marques.

Des chiffres qui rendent la majorité des analystes optimistes sur les perspectives de la valeur.

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