Emmanuel Macron va-t-il modifier le calendrier qu’il a annoncé en décembre (avec un Grand Débat jusqu’au 15 mars, puis une synthèse de plusieurs semaines) ? Ou bien continuera-t-il sa course de demi-fond en tentant de reprendre la main ? Nous pronostiquons des annonces fortes avant la fin février.
Officiellement, rien ne change : le grand débat se terminera le 15 mars, et commencera alors le temps d’une synthèse avec, à la clé, peut-être, un referendum. Sauf que…
Macron désormais pressé par le temps
Le XIIIème acte des Gilets Jaunes a probablement constitué un tournant politique pour le mouvement. Insensiblement, la permanence des violences chaque samedi lasse. Elle s’enrichit désormais d’atteintes aux biens, comme le début d’incendie dans la résidence secondaire du président de l’Assemblée Nationale. Le climat devient délétère.
Le Président peut-il attendre jusqu’à la mi-mars pour agir ? Beaucoup pensent que non, et ne se privent pas de le dire. C’était par exemple le cas de la députée MODEM Isabelle Florennes sur Cnews samedi soir. L’intéressée a ouvertement appelé Emmanuel Macron à accélérer son calendrier. Venant d’une députée de la majorité, le propos ne manque pas d’étonner.
Les grandes villes à genoux
Pour ne rien arranger, plusieurs grandes villes sont désormais à genoux et implorent le gouvernement d’intervenir. Si cet appel ne suffit pas à infléchir le « maître des horloges », il donne une bonne indication de l’état d’exaspération du pays face à ces blocages répétés. Pour le gouvernement, c’est un signal de plus sur la déconnexion entre le temps présidentiel et le besoin d’une réaction exprimé par le pays.
Reste à savoir, pour Emmanuel Macron, si la montre, qu’il joue depuis plusieurs semaines, va lui profiter.
Une remontada en trompe-l’oeil
Si Emmanuel Macron a marqué des points indéniables dans les sondages en ouvrant le Grand Débat, tout laisse à penser qu’il a atteint le maximum de sa remontada, et que le calendrier risque désormais de se retourner contre lui.
Un premier sondage sur les présidentielles montre en effet qu’Emmanuel Macron décrocherait 30% des voix au premier tour, mais qu’il ne serait plus sûr de gagner au second. En outre, ses interventions fleuves dans des débats de province lassent et les chaînes d’information pourraient renoncer à les programmer.
Dans ces conditions, le bénéfice, pour lui, de continuer à attendre s’amenuise fortement.
La bataille des violences policières en passe d’être perdue ?
Pendant plusieurs semaines, Emmanuel Macron a rêvé un retournement de l’opinion contre les Gilets Jaunes, notamment du fait des violences excessives durant les manifestations. Cet espoir était vain ! Une majorité de Français continue à soutenir le mouvement.
Pire, les violences policières nuisent à la communication du gouvernement! Les images de blessés, les mutilations répétées, renvoient une image négative de la « répression » que Castaner incarne volontiers d’un ton badin ou léger. Là encore, la communication du gouvernement semble avoir fait long feu, dans un contexte par ailleurs pollué par l’affaire Benalla.
François Bayrou tapi dans l’ombre ?
Vu ce contexte compliqué et mouvant, profondément incertain, une personnalité comme François Bayrou a tout intérêt, pour précipiter son destin national, à durcir le ton et à mettre la pression sur Emmanuel Macron pour qu’il annonce rapidement un changement de cap. D’où, probablement, les propos de la députée Florennes : une rupture du Modem avec la majorité serait un fameux coup de pied de l’âne et produirait un nouveau bad buzz toxique pour le Président.
Macron ne peut toujours pas compter sur ses ministres…
On ne s’étonnera dès lors pas de lire sous la plume d’Anna Cabana dans le Journal du Dimanche un papier illustrant le malaise au sein de l’équipe gouvernementale. Cette fois, c’est Agnès Buzyn qui est jugée trop falote par l'entourage présidentiel. L’intéressée rend le compliment en menaçant de s’exprimer sur tous les sujets et en se considérant sous-utilisée.
Parallèlement, Nathalie Loiseau, que personne ne connaît, pourrait quitter le gouvernement et prendre la tête de la liste En Marche aux Européennes.
Un remaniement avant la fin février
Dans ce contexte, Emmanuel Macron pourrait avoir un intérêt politique à annoncer rapidement un remaniement gouvernemental sur lequel nous parions désormais. Ce remaniement pourrait par exemple consister à nommer un gouvernement « d’ouverture » sous l’égide de François Bayrou.
Le referendum serait pour sa part repoussé à la rentrée de septembre, s’il a vraiment lieu, compte tenu des risques et des difficultés techniques qu’il présente.
Article écrit par Eric Verhaeghe sur son blog