Il suffit d’ouvrir les yeux pour être convaincu de la place tenue par « l’incompétence ». Ce mal profond pollue tous les systèmes publics ou privés, tous les secteurs et à tous les niveaux. Les politiques, élus ou non, les pseudo-experts en tous genres frisent le ridicule en se faisant prévaloir leur « compétence ». Les journalistes (un grand mot flatteur pour bon nombre d’entre eux) n’échappent pas à cette critique qui finit par porter un tort considérable à notre société.
Le mal est d’autant plus profond que la question de « l’incompétence » ne se pose plus en public, rarement mise en exergue dans la presse et sur les plateaux de l’audiovisuel. On parle plus de mauvaise décision, d’avis contraires et d’arguments partisans différents, de mauvaise foi ou de mensonges. Nul n’ignore que c’est l’expérience qui génère la confiance et qui sert de garantie. Et pourtant, la position, le titre, le diplôme continuent souvent à prendre le pas sur l’expérience
« Pouvoir de position » et « Compétence par attribution »…
Peu préparés, avec ou sans formation, nombreux sont ceux qui accèdent à des fonctions dont ils ignorent l’essentiel. Ce qui prime aux yeux des futurs interlocuteurs, ce sont avant tout le « pouvoir de position » et la « compétence par attribution » du nouveau promu ou élu dans ses nouvelles fonctions avant d’apprécier son propre niveau d’expérience et de compétence. Les plus flattés en oublient même qu’ils partageront leur quotidien avec des femmes et des hommes différents qui ne manqueront pas de les juger dans l’action.
L’incompétence est masquée par le souci permanent du responsable ou de l’élu de ménager le « pour » et le « contre ». Cela développe le doute, la défiance et la non-adhésion à la décision. Le « pouvoir de position » et la « compétence par attribution » deviennent très vite les derniers arguments, nécessaires parfois, mais pas toujours les plus opportuns. Autorité naturelle et leadership ne sont pas compatibles avec un autoritarisme imposé.
C’est une des raisons fondamentales qui confirme que l’élitisme politico-bureaucratique n’est pas une référence et une garantie de succès. La franche technocratie conduit inévitablement à l’échec !
Oui, la « compétence » comme l’excellence, ça existe…
La promotion dans le travail passe d’abord par l’ancienneté, les résultats obtenus dans la fonction et la marge de progrès de l’individu. Sont considérés comme de forts atouts, la formation, l’augmentation des connaissances sur le « terrain » et de « la compétence », liée à l’ensemble des expériences acquises avant d’être promu. Savoir reconnaître ses erreurs, accepter le dialogue, savoir déléguer et responsabiliser sont les vertus du leadership.
L’ambition n’est pas un mal. Elle peut être risquée mais doit être soutenue par une vraie motivation, un réel esprit d’entreprendre toujours dans le respect des autres, avec des objectifs clairs en acceptant la remise en cause. Ne jamais oublier qu’il n’y a que l’autorité naturelle qui inspire la confiance, la mobilisation de ses collaborateurs et entretient leur motivation ! Oui la compétence et l'excellence ça existe. Elles se forgent autour d’un savoir-faire et d’un savoir-être dans le respect de l’autre quelle que soit son rang, sa position et ses origines…
C’est pourquoi, il importe de garder présent à l’esprit que le « principe de Peter » est toujours d’actualité. Nul ne peut s’en affranchir dès lors qu’il a franchi son seuil « d’incompétence ».