Election US : que vont faire les actions ? (1/2)

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Par Jim Rickards Publié le 13 octobre 2020 à 6h45
Elections Usa Que Vont Faire Les Actions
@shutter - © Economie Matin
77%Entre le 23 mars et le 2 septembre, le Nasdaq 100 s'est envolé de 77%.

L'élection US se rapproche à grande vitesse ; les enjeux politiques et économiques font les gros titres, mais qu'en est-il de vos investissements ? Comment vont réagir certains secteurs du marché dans la dernière ligne droite avant les élections ?

Nous allons passer en revue la façon dont les principaux marchés actions pourraient se comporter en cette saison électorale, et de quelle manière vous pouvez en profiter grâce à ce que vous aurez appris à l'avance.

Après avoir atteint un plus bas le 23 mars sur fond de pandémie, les trois principaux indices boursiers américains - Dow Jones Industrial Average (DJIA), S&P 500 (SPX) et Nasdaq 100 Composite (NDX) - ont opéré de puissants rallies, le SPX et le NDX atteignant des plus hauts historiques début septembre et le DJIA se rapprochant de son plus haut historique du 12 février 2020, juste avant le début du krach lié à la pandémie.

Comme si la pandémie ne s'était jamais produite…

Entre le 23 mars et le 2 septembre 2020, la plupart des pertes liées à la pandémie ont été effacées et de nouveaux gains enregistrés. Le marché baissier de février à mars a été le plus bref de l'histoire, et le marché haussier d'avril à septembre le plus rapide. A posteriori, c'est comme si la pandémie ne s'était jamais produite.

Entre le 23 mars et le 2 septembre, le DJIA s'est envolé de 56%, le S&P 500 de 60% et le Nasdaq 100 de 77% (cf. graphique ci-dessous). Ce fut l'un des rallies sur quatre mois les plus puissants et les plus abrupts de l'histoire des marchés actions.

Les investisseurs qui ont conservé leurs actions lors du plus bas du 23 mars ont récupéré tout leur argent sinon plus (les indices boursiers ont un peu baissé depuis le 2 septembre, mais ce n'est pas conséquent). Les investisseurs ont repris confiance vis-à-vis des actions, ce qui s'est reflété dans un regain de confiance et d'optimisme des ménages concernant l'économie en général.

Pourtant, un examen attentif des raisons de ce rally suggère que cette confiance n'est peut-être pas totalement justifiée, et qu'il est trop tôt pour sonner la fin de l'alerte en ce qui concerne les actions.Quatre principaux moteurs sont à l'origine du rally des marchés actions de fin mars à début septembre.

Moteur n°1 : merci la Fed !

Le premier, et plus important, c'est l'afflux de liquidité sans précédent provenant de la Fed, avec la promesse implicite qu'il y en aurait plus si nécessaire. La Fed a signalé sans ambiguïté qu'elle ne laisserait pas les marchés actions chuter à cause de la liquidité, du collatéral ou autre court-circuit au sein du système de compensation des paiements. On ne laisserait pas les banques faire faillite.

Cela signifiait que la Fed comptait sur les banques pour s'assurer que Wall Street ne ferait pas non plus faillite. La Fed avait déjà commencé à imprimer de l'argent en septembre 2019, avant même le début de la pandémie. Elle avait aussi commencé à abaisser les taux d'intérêt le 3 mars 2020, au tout début de la pandémie, aux Etats-Unis.

La Fed a rapidement enchaîné lors d'une réunion non programmée, le 15 mars 2020, en abaissant son taux directeur à zéro. Ce fut le retour de la politique des taux à zéro que la Fed avait abandonnée en décembre 2015

Le 16 septembre, la Fed a annoncé qu'elle maintiendrait les taux à zéro jusqu'à ce qu'elle ait obtenu une « inflation modérément supérieure à 2% pendant un certain temps ».

Considérant que la Fed n'a jamais réussi à obtenir 2% d'inflation ces douze dernières années, cela veut dire que les taux resteront indéfiniment à zéro. Certaines projections de la Fed suggèrent qu'elle atteindra son objectif d'inflation en 2023. De meilleures études (notamment réalisées au sein de la Fed) suggèrent que les 2% d'inflation ne seront peut-être pas atteints avant 2050.

La Fed a également élargi son bilan en le portant de 3 700 Mds$ environ à 7 200 Mds$ les premiers mois de la pandémie. Il s'agit d'une émission d'argent frais qui a servi à racheter des bons du Trésor, des crédits hypothécaires, des papiers commerciaux, des obligations municipales, des prêts accordés au titre du Payroll Protection Plan et des obligations d'entreprises (y compris des junk bonds), entre autres.

Au-delà de cette émission d'argent frais immédiate, des milliers de milliards de dollars supplémentaires ont été consacrés à des swaps de devises hors-bilan avec des banques centrales étrangères, et à la garantie d'autres instruments (tels que les prêts étudiants et les crédits à la consommation) qui n'ont peut-être pas été rachetés directement.

Ce fut une performance de virtuose et elle a fonctionné. On s'occupera un autre jour de la question de savoir comment la Fed normalisera les taux et réduira son bilan (si cela arrive un jour).

Moteur n°2 : merci le déficit !

Le deuxième moteur de hausse, ce sont les 3 000 Mds$ de nouvelles dépenses financées par le déficit afin de gérer la crise.

Ces 3 000 Mds$ de nouvelles dépenses sont venus s'ajouter à un déficit de base de 1 000 Mds$, ce qui veut dire que le déficit total serait de 4 000 Mds$ pour l'exercice 2020. Le Congrès envisage d'y ajouter encore 1 000 à 2 000 Mds$ de dépenses financées par le déficit.

Cet argent a été utilisé pour renflouer les compagnies aériennes, les navires de croisière, les complexes touristiques et l'hôtellerie, les PME (via les prêts accordés au titre du Payroll Protection Plan), pour augmenter les indemnités de chômage (jusqu'à 30 000 $ par an, en plus des prestations existantes) et pour soutenir les hôpitaux, la recherche en faveur d'un vaccin, les Etats et les gouvernements locaux.

Tout cela s'est produit en 120 jours, à compter de fin mars 2020. Ce n'est pas un hasard si la première loi de relance a été adoptée par le Congrès peu après le retournement des marchés actions, le 23 mars. Ces nouvelles dépenses financées par le déficit ont été un puissant signal, tout comme l'émission d'argent frais de la Fed, signalant que Washington (DC) ne laisserait pas les marchés imploser.

Moteur n°3 : merci les GAFAM !

Le troisième moteur de hausse, ce sont les gains généralement concentrés sur un petit nombre de valeurs affichant des méga-capitalisations et ayant été les moins touchées par la pandémie. Il s'agit d'entreprises bien connues telles qu'Alphabet (Google), Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Microsoft.

Toutes ces entreprises sont exclusivement - ou principalement - axées sur le commerce en ligne, le streaming, les logiciels, les loisirs numériques et les réseaux sociaux (Amazon livre des produits physiques, mais c'est via une plateforme numérique. Apple s'appuie d'une certaine façon sur les vente d'appareils permettant de rendre des services numériques).

Tandis que les détaillants « physiques » s'effondraient (entre autres, Neiman Marcus, Pier 1 Imports, JC Penney et Brooks Brothers ont fait faillite), les acteurs du commerce en ligne ont prospéré.

Moteur n°4 : merci l'investissement passif !

Le quatrième moteur, ce sont les investissements indiciels et passifs. Les investisseurs détiennent de moins en moins des valeurs individuelles et de plus en plus des fonds indiciels qui achètent toutes les actions figurant sur l'indice sous-jacent (ou détiennent des ETF, qui sont en réalité de mini-fonds indiciels dans un secteur ou une région spécifique).

Alors que les indices de marché évoluaient à la hausse (en raison de l'émission d'argent frais, des dépenses financées par le déficit et de la pondération des géants technologiques), les investisseurs ont fait affluer encore plus de capitaux sur les fonds indiciels, lesquels ont acheté ensuite ces mêmes géants technologiques, ce qui a fait grimper les indices encore plus haut. C'est une fonction récursive que l'on appelle couramment « boucle de rétroaction positive ».

Voici le problème : aucun de ces quatre facteurs (la Fed, le Congrès, les « Big Tech » et l'indiciel) ne représente une solution soutenable face à un effondrement économique. Ils ont tous rempli leur objectif, éviter que la situation ne s'aggrave davantage sur les marchés, au printemps et à l'été 2020.

A présent, cependant, soit ils sont arrivés à court de munition (la Fed et le Congrès), soit ils posent un risque de concentration périlleux (les Big Tech) susceptible d'aboutir à un nouvel effondrement (l'indiciel).

Nous verrons pourquoi dès demain.

Pour plus d'informations et de conseils de ce genre, c'est ici et c'est gratuit

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Jim Rickards est rédacteur en chef d’Intelligence Stratégique et d’Alerte guerre des devises