Les élections municipales viennent de livrer leur verdict, après la plus longue campagne électorale en France et plusieurs enseignements sont à en tirer.
Pourquoi autant de désaffection ? Le seul effet repoussoir #Covid19 permet-il expliquer ce refus des citoyens d’aller aux urnes ? A ces questions, et en préalable, il convient d’ajouter qu’usuellement, l’élection municipale est l’occasion pour les français de s’exprimer avec enthousiasme, le maire restant leur élu, de proximité, préféré.
Commençons par le commencement, le 15 mars dernier, le premier tour des municipales n’a pas rassemblé les français car même la décision de faire se tenir le premier tour du scrutin a prêté à discussions, sachant que le second tour aurait du mal à se tenir huit jours plus tard… résultat, 2 jours plus tard, le confinement débutait, et malgré les mesures barrières, gel, etc… les français sont restés chez eux en grande majorité. Cela se comprend, le tsunami de la pandémie allait déferler.
Restait donc ce 28 juin à élire les conseils municipaux d’un peu moins de 5000 villes, et particulièrement les plus peuplées : 47 des 53 villes françaises de plus de 100 000 habitants.
Et quel fut le dispositif médiatique organisé pour relancer l’intérêt des concitoyens ? Au quotidien, on a eu droit à de nombreux débats entre chroniqueurs sur l’attitude et la communication du président de la République, de ses relations avec Edouard Philippe qui par chance était candidat au Havre. On a eu droit aux élucubrations (car il se contredit lui-même sans sourciller) de monsieur Raoult la « star » autoproclamée de médecine en France. Puis un peu beaucoup de frasques de Donald Trump vis-à-vis de son peuple. Le malheur de l’assassinat quasi en direct de Georges Floyd. La reprise ou pas du football en Allemagne et en Espagne à huis clos ; le départ de Cavani du PSG…. Et un peu des municipales à Paris. Oui car tout se passe à Paris ! Tout ! A part Raoult le druide gaulois réfractaire de région.
Concernant le second tour des élections municipales en France ? Rien, nada ! Et puis c’est un constat que l’on peut relever concernant la presse dite « mainstream », celle qui est accusée usuellement d’être aux mains du pouvoir, mais aussi venant de la presse alternative ou qui se définit plus objective ! Et oui avec un second tour qui concerne les plus grandes cités françaises, et de sacrés challenges locaux comme à Lyon, Marseille, Bordeaux, voire à un moindre niveau Toulouse, Lille ou Nice, il y aurait eu de quoi faire…. Mais non, il valait mieux nous asséner le nième entretien avec Didier Raoult, ou suivre le mercato du PSG et l’ambiance du vestiaire !
Des preuves de ce que j’avance ? A part Paris et le débat Hidalgo-Buzyn-Dati retransmis et commenté, qui est-ce qui me lit ici, et habite une grande ville, est capable de me relater un débat de second tour retransmis et analysé sur un média d’importance télévisuel ?
Pour exemple, j’ai suivi les débats de second tour pour Toulouse sur facebook !!! Je sais combien facebook est un média à large audience, mais là en l’occurrence, entre 183 et 300 vues régulières étaient enregistrées !!!! La chaîne @viaOccitanie chaîne hyper locale retransmettait ! Attention, bravo à eux de l’avoir fait ! Et juste 40 minutes sur France 3 Toulouse, à « 3 jours du vote », donc sans commentaires quasi possible. Les deux entre 17 et 18h et 18h 18h45 ! voilà ce fut plié…mais non !
Petite parenthèse, le même timing plus ou moins pour tous sur le territoire !
Bref du pur « municipales bashing » déguisé par tous ces médias prompts à nous vendre le besoin d’une plus grande démocratie de proximité ou collaborative ou que sais-je !
Je ne juge ici en aucun cas les résultats ici ou là. Mon opinion, je me la réserve, j’expose le pourquoi à mon sens de la désaffection pour ce second tour. Et je juge que dans leur ensemble les médias n’ont pas ou trop peu rempli leurs offices.
«fédérâleurs » contre « fédérateurs » ?
Un focus sur les 10 premières métropoles régionales n’eut pas été de trop ! Il n’y a donc pas que lorsque quelques énergumènes décident de casser que nos chers producteurs d’images doivent s’interesser aux « revendications » exposées ! Ce n’est pas comme si allions tous collectivement au-devant d’une crise économique sans précédent !
On me rétorque parfois « oui mais les français en ont marre de choisir entre gauche et droite ! » Et au final, les gagnant(e)s en 2020 sont élus avec 12-15% du corps électoral…. « ils vont souffrir de légitimité ». Déjà en bon citoyen, on se déplace pour voter ! Sinon on se présente.
Que veulent certains ? du tirage au sort. Mais depuis quand la gestion d’une cité se fait au hasard ? Malgré ce que voulu faire croire la démagogie d’une liste comme celle de Toulouse avec 4 tirés au sort sur 71, et une tête de liste eelv désignée démocratiquement…. « Il y a un mois les représentants du parti écologiste, premiers à rallier le mouvement citoyen, avaient pourtant menacé de le quitter si la liste n’était pas incarnée par un écologiste. » écrivait @ColinBeatrice dans 20minutes le 19 novembre dernier. Bref à Toulouse ce conglomérat de circonstance n’a pas séduit. Il fallait s’y attendre dans la cité rose où même si « les mémés aiment la castagne », la politique se fait au centre, radical-socialisme oblige.
En revanche, dans les villes moyennes, les résultats sont moins verts. Parfois plus bruns, ou elles sont conservées par la droite.
Mais ces choix seront-ils à la hauteur des soucis financiers auxquels vont devoir faire face toutes les communes dans les mois et années à venir avec ce recul du PIB estimé à deux chiffres ? et l’on peut imaginer un nouveau recul des dotations de l’Etat…. A suivre !
Le monde (municipal) d’après
L’éternel discours du « on a tous gagné » prévaut donc avec la gauche qui a conquis des métropoles et la droite qui reste majoritaire dans le pays. Et le RN qui conquiert Perpignan, des villes comme Moissac (82) même s’il perd en Ile de France.
Le résultat même avec une participation moyenne de juste 41% se lit comme Marianne l’a évoqué dès lundi avec recul. La « poussée » verte et socialiste est spécifique à quelques grandes communes. La surprise est venue d’ailleurs des fins de règnes non anticipés comme à Marseille, Bordeaux et Lyon. Des quasis inconnus, un vent frais, l’ont emporté ou sont devant. A Paris, la surprise est venue de la mise au point démocratique de la maire sortante Anne Hidalgo.
La sociologie des citoyens citadins par rapport à ceux de la France périphérique se reflète tout de même dans les résultats. En caricaturant à l’extrême on peut voir une dichotomie entre gentrification des villes et désertification de la périphérie (enclavement-raréfaction des services publics…).
Pourtant, les grands perdants cette fois sont bien identifiés : LREM. La cristallisation de cette rouste ? Paris et une campagne qui s’annonçait assez triomphante. A l’arrivée, une campagne désastreuse, un candidat arrogant, incapable d’être à la hauteur d’un homme public de premier rang. Un dissident aussi fort en math, qu’en look improbables et en pouvoir de nuisance plutôt que fédérateur ; et pour finir une remplaçante cramoisie avant de commencer. Résultat 0 siège au conseil de Paris ! La Rouste En Marche a eu lieu !
Le PPF a-t-il évolué ?
Il reste à estimer comment le paysage politique français se reconstitue depuis son implosion de 2017. Le RN reste fort hors les grandes cités, les républicains sont et restent avec une base forte dans le pays. Le changement de centre de gravité à gauche est tangible. Lundi 29 juin, Olivier Faure patron du parti socialiste "prêt à se ranger" derrière les Verts pour la présidentielle de 2022, présente la longue agonie qui s’annonce pour les partisans du poing et de la rose. Une vraie âme de leader !
La France Insoumise est présente dans nombre de ville conquises par la gauche…malgré la « grève civique » vue dans l’abstention par leur patron.
Le paysage politique français continue donc sa mue : pas tant idéologique donc que géographique. Ce qui est grave c’est que vue de Paris, les forces politiques vont continuer à s’adresser aux habitants des métropoles car là sont concentrés le plus grand nombre d’habitants-votants à grande majorité desservis en écoles, bus, métro, et autres services publics.
Et donc le jour d’après verra émerger des programmes politiques certainement pas faits pour réconcilier les uns nombreux avec les autres minoritaires, donc moins intéressants à satisfaire….
#Banlieue13 est un film de science-fiction violent certes, mais il ne faudrait pas que peu à peu notre beau pays glisse vers ce genre de « co-habitation » ; hors le communautarisme revendiqué par certains d’une part, la logique mathématique utilisée par les politiciens d’autre part revèlent un glissement lent mais régulier vers ce genre de partition du pays.
Une solution ? l’enracinement des représentants dans leur territoire ! Non le girondisme n’est pas l’apanage de Michel Onfray et son dévoyé « Front populaire », mais je ne peux pas être en désaccord avec le philosophe sur ce point.