Elections de liste, l’exemple de l’anti-démocratie !

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Patrick Crasnier Publié le 24 janvier 2019 à 6h15
Vote 1804596 1280
Elections de liste, l’exemple de l’anti-démocratie ! - © Economie Matin
79Les élections européennes, le 26 mai 2019, désigneront les 79 députés représentant la France au Parlement européen.

OPINION

Tout le monde connaît ce qu’est une élection de liste, nous le subissons pour beaucoup d’élections importantes. Ce système est à l’opposé de la démocratie mais sert tellement les intérêts de quelques mauvais en politique qu’il ne faut pas y toucher.

Le président Macron en campagne pour les Européennes

En cette période troublée par les manifestations, les oppositions au gouvernement et les slogans les plus extrêmes, le président est en campagne électorale. Pas une campagne pour retrouver un soutien de la population, pas une campagne intérieure mais une campagne pour l’élection des députés européens.

Comme pour beaucoup d’autres élections, les municipales, les régionales entre autres, les Français doivent voter pour des listes de candidats dont une grande partie leur est inconnue. Ce mode électoral est une catastrophe pour une démocratie, l’électeur doit faire confiance à « une tête de gondole » appelée tête de liste pour donner son suffrage à toute une liste de personnes. Souvent des personnes qui n’auraient aucune chance d’être élues sur un suffrage individuel. Et le tour est joué. On trouve même dans certaines listes des candidats que tout oppose dans leur parti (ce fut le cas de listes UMP maintenant LR).

Il n’est qu’à entendre dans les réunions d’investitures les demandes de ceux « qui veulent être en position éligible » pour comprendre. La position éligible c’est être dans la charrette de ceux qui prendront la route de l’élection ensemble. Elle est calculée sur la base des sondages qui vont donner le nombre espéré d’élus de la liste, qui sera évidemment fonction des résultats (souvent différents des sondages).

On le voit immédiatement, la tête de liste est choisie par le parti pour réunir sur sa tête, sur ses arguments, sur sa popularité, afin de « ramasser » le plus de suffrages permettant au plus grand nombre de la liste de passer. Une tête de liste contestée, mal acceptée par les militants et c’est la catastrophe pour la liste et ceux qui flottent entre position éligible ou rejet. L’exemple des élections régionales dernières en Occitanie est à ce titre très parlant. L’UMP avait imposé une tête de liste très contestée par les militants, il s’agissait de Dominique Reynié. Pas résident en Occitanie mais à Paris : il a voulu faire croire à des origines aveyronnaises pour s’immiscer dans la campagne. Une fois l’élection passée, qui fut une catastrophe pour la liste UMP qui avait rarement eu un score si bas, il fut invalidé à cause de ses malversations sur sa résidence, le tribunal a tranché. Malheureusement tous ceux de la liste élus derrière lui sont restés en poste.

Nombre d’élus locaux socialistes ne seraient jamais élus s’il n’y avait pas les élections de liste

La liste c’est bon pour être élu mais plus pour être sanctionné avec la tête de liste. Certains appellent encore cela de la démocratie. Nous allons voir les mêmes choses se reproduire avec les élections européennes qui arrivent. Très peu d’électeurs iront se renseigner pour les membres de la liste (quelle qu’elle soit) ils ne regarderont que la tête de liste avec l’aide des médias qui ne parleront que de ce leader.

Nicolas Sarkozy avait fait la bonne démarche pour les régions, il avait engagé une véritable réforme de conseillers territoriaux élus individuellement. Faisant d’une pierre deux coups, des économies sur les strates départementales et régionales et laissant aux électeurs la possibilité de choisir TOUS les conseillers. Cette réforme a été sabotée de l’intérieur par Fillon et ses amis du centre et des réseaux de notables régionaux. Elle fut repoussée après les élections de 2012. Sarkozy battu, François Hollande s'empressa d'annuler cette réforme. Comme on le sait nombre d’élus locaux socialistes ne seraient jamais élus s’il n’y avait pas les élections de liste.

Ce sujet est majeur dans notre pays, pas un politique ne s’en emparera, il aurait trop peur d’y perdre quelque chose. Emmanuel Macron a lancé un grand débat national, je crains bien que ce sujet n’y ait pas sa place, tant ils ont tous intérêt à ce que ce système perdure.

La seule élection de liste qui pourrait être justifiée étant celle des municipales, les Français élisent un maire et les conseillers municipaux qu’il a décidé de prendre avec lui. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Le système de liste étant ici utile à la présence d’une opposition municipale.

Vous aurez donc après les élections européennes de mai 2019 de très nombreux députés européens qui vous sont totalement inconnus et pour certains totalement incapables. Ne l’oubliez pas aujourd’hui ils commencent le grand combat pour avoir le plus possible d’élus sur leur liste, pas pour un programme clair.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.