Les EHPAD : véritables lieux de vie et de bien-être pour résidents et soignants

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Par Laurent Levasseur Publié le 8 février 2019 à 5h50
Ehpad Maison De Retraite
@shutter - © Economie Matin
57%L'âge moyen d?entrée en EHPAD est de plus de 85 ans : 57 % des résidents sont en situation de forte dépendance.

Si l'entrée en maison de retraite est vécue parfois comme un soulagement pour les proches1, elle est rarement souhaitée par les personnes âgées elles-mêmes. En effet, plus de 80 % d’entre elles le vivent comme « une double peine » liée, d’une part, à une perte d’autonomie avérée – qui les contraint donc à être placées en établissement –, et, d’autre part, à une perte d’autonomie à venir plus importante encore une fois qu’elles y sont entrées. Pourtant, loin de l’image négative dont ils souffrent, les EHPAD tendent à devenir de véritables lieux de vie qui, à terme, seront pleinement ancrés au cœur du parcours des seniors.

Face aux enjeux sociétaux et au vieillissement de la population, les EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ont su s’adapter à travers de nouveaux services : accueil de jour, examen en ambulatoire, courts séjours, services à domicile, ouverture de résidences à taille humaine… Une évolution qui répond à l’aspect désormais « multidimensionnel » du parcours de la personne âgée entre la ville, le domicile et l’établissement hospitalier. En ce sens, l'EHPAD s’impose alors comme un acteur essentiel du « mieux vieillir ».

L'EHPAD devient le cœur d’un lieu de vie

Les EHPAD ont donc déjà entamé leur mutation vers un modèle centré sur les besoins de la personne âgée, et entendent ne plus opposer « lieu de soins » et « lieu de vie ». Les établissements ont modifié leur périmètre d’action. De nombreuses structures proposent en effet d’ores et déjà des services à domicile ou des résidences senior. La France comptait ainsi 580 résidences services seniors, soit 45 000 logements, en 2016. Un nombre qui devrait s’élever à 726 fin 2018 et dépasser le millier en 20202.

De même, contrairement aux idées reçues – 84 % des Français ont une mauvaise image de ces établissements3 –, le savoir-faire français en matière d’accompagnement de la personne âgée est de plus en plus reconnu à l’échelle mondiale et s’exporte particulièrement bien. Dorénavant, fini les EHPAD « classiques » et place à des opérateurs capables d’accompagner la personne âgée tout au long d’un parcours global.

Première conséquence de cette nouvelle approche : l’âge moyen d’entrée en établissement est aujourd’hui de 85 ans et 8 mois, soit cinq années de plus qu’il y a 25 ans4. En revanche, le degré de perte d’autonomie à l’entrée est plus important. 57 % des résidents sont ainsi en situation de forte dépendance et au moins un tiers d’entre eux souffre de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée.

À quoi ressemblera l’EHPAD de demain ?

Loin de l'image du mouroir qui lui colle à la peau, l'EHPAD intègre une dimension sociale très forte faisant de l’établissement un lieu de passage, d’échanges et de services de proximité ancré au cœur de la ville et de la vie. Les EHPAD sont désormais ouverts sur leur quartier et leur écosystème extérieur. Et les exemples ne manquent pas. Certains établissements font ainsi cantine commune avec les écoles pour favoriser les liens intergénérationnels, d’autres accueillent le marché de Noël de leur commune ou organisent des sorties culturelles en dehors de l’établissement...

Des activités essentielles dans le ralentissement de la perte d’autonomie mais aussi dans le maintien d’un lien social tout aussi important, voire même plus, que la santé dans la volonté de bien vieillir : plus la personne âgée exerce une vie sociale active, moins elle s’écoute sur sa perte d’autonomie – pourtant 1re source d’inquiétude pour 57 % des Français et 66 % des plus de 50 ans5 – et plus elle reste dynamique.

Un EHPAD connecté à la société et aux nouvelles technologies

C’est là que l’EHPAD prend toute sa dimension en tant que lieu de partage d’expériences, et s’impose comme un élément clé d’un meilleur accompagnement de la personne âgée… et du personnel soignant. Car pour réussir à mieux prendre soin de nos parents en établissement, il est tout aussi nécessaire de prendre soin des personnels qui les encadrent.

Pour y parvenir, l’innovation pourrait bien s’avérer une aide précieuse, notamment pour assister les soignants dans leur prise en charge des personnes âgées. Des capteurs d’alerte permettent par exemple de détecter une « absence prolongée » du patient dans son lit la nuit laissant penser à une possible chute et favorisant une intervention rapide. L’EHPAD de demain s’imposera alors véritablement comme un cercle vertueux entre résidents, personnels et citoyens alentours.

Une QVT bilatéral en EHPAD : une chimère ?

Lieu de vie à part entière l’EHPAD n’a pas pour vocation d’être considéré comme un EHPAD. Les résidents d’un EHPAD nécessitent d’être accompagnés par des soignants qui à leur tour doivent être considéré individuellement. Dans cette configuration, le développement du digital participe à la réorganisation de l’offre de soins au sein des établissements pour mieux répondre aux besoins de santé des résidents, de plus en plus âgés et de moins en moins autonomes. La transformation numérique contribue également à enjeu majeur : préserver la qualité de vie au travail du personnel soignant. En effet, l’EHPAD de demain peut exister dès aujourd’hui en étant le pilier essentiel du parcours de la personne âgée. Ces mêmes personnes âgées qui ont eu 1.000 vies avant d’être en situation de perte d’autonomie. En résumé, le bien-être des patients est indissociable du bien-être des soignants.

1) Selon une enquête du Credoc réalisée en face à face en juin 2018 auprès d'un échantillon représentatif de 2.014 personnes, âgées de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas – https://www.nouvelobs.com/politique/20181001.OBS3205/l-entree-en-maison-de-retraite-une-double-peine-pour-la-majorite-des-francais.html

2) Source : Previssima, d’après une étude réalisée par logement-seniors.com, février 2018 – https://www.previssima.fr/actualite/vers-une-explosion-du-marche-des-residences-services-senior.html

3) Baromètre santé 360, grand âge, dépendance et accompagnement du vieillissement - Odoxa, L'Opinion tranchée, juin 2017

4) Source : Drees, juillet 2017 – https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er1015.pdf

5) Sondage exclusif Adhap Services / IFOP / Club Experts Objectif InDépendance, mars 2017 – https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/03/3731-1-annexe_file.pdf

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Laurent Levasseur a fondé, à l’âge de vingt ans, deux sociétés de services informatiques avant de rejoindre le Groupe Bull au sein duquel il a exercé des fonctions de responsabilité dans le domaine des systèmes de gestion de laboratoires.  En 2000, à la suite de l’acquisition par Medasys de l’activité qu’il gérait chez Bull, il est nommé Directeur de la Business Unit « Solutions Santé ». Il devient ensuite Directeur du Business Development du Groupe Medasys et participe à diverses opérations de croissance externe dans les domaines de l’informatique de santé.  Début 2006, il crée, avec Alexis Westermann, Bluelinea dont il exerce désormais la présidence du directoire. Laurent Levasseur est membre de la Commission Nationale de Bientraitance et participe à différents groupes de travail ministériels dont notamment au Projet de loi pour l’adaptation de la société au vieillissement. Après 2 ans en temps que Président du Syndicat National de la Silver Economie, l’ASIPAG, Laurent Levasseur a été nommé Vice-Président en charge du College des PME et Grands Groupes du réseau France Silver Eco. Il est également membre du Directoire et Comité Exécutif du Pôle de Compétitivité Systematic Paris Region.