Les PME représentent 99,9% des entreprises. Or seuls 9% des aides publiques aux entreprises sont spécifiquement ciblées vers elles. Un comble ? Tel est du moins un des constats dressés par le cabinet d’audit Ernst and Young, qui publie aujourd’hui une grande étude sur l’efficacité des aides publiques aux entreprises.
Chaque année, l’Etat consacre près de 60 milliards d’euros à des dispositifs très variés d’aide aux entreprises, soit l’équivalent du budget annuel de l’Education nationale et près de deux fois celui de la Défense. Or plus de 70% des entreprises les jugent "peu", voire "pas efficaces" ! En fait, si 81% des entreprises interrogées reconnaissent le rôle indiscutable de soutien, voire d’amplification, des aides publiques dans leurs projets, elles sont nombreuses à expliquer avoir surtout besoin d’autre chose : de stabilité fiscale, d'une plus grande flexibilité du droit du travail et d'un coût du travail allégé. En somme, d'un environnement stable et favorable à la croissance. Pan !
Parmi les dispositifs tout de même plébiscités figurent les aides à l’innovation, jugées efficaces par 71% des répondants, et les aides à l’investissement. Le crédit d’impôt recherche (CIR) est jugé l’aide la plus utile et la plus efficace. L'an dernier, 18 000 entreprises en ont d'ailleurs bénéficié. En revanche, la majorité (58%) estiment que les aides à l’export, pourtant essentielles pour aider les PME françaises à réussir sur le marché international, ne le sont pas. Il ressort également de l’étude que de nombreux patrons s’y perdent dans le maquis des aides : il faut dire qu’il en existe près de 6 000, allant de l’aide « création et reprise » ou « emploi et formation » à l’aide « gestion financière et exonérations » ou « éco-développement », etc. Malgré les simplifications engagées ces dernières années, les procédures de demande d’aide sont donc toujours perçues comme lourdes et complexes.
Enfin, Oséo, qui agit comme une banque publique à destination des PME, recueille 75% d’opinions favorables, bien plus donc que d’autres structures publiques de soutien ayant pourtant des moyens financiers supérieurs.
Cette étude paraît alors que le gouvernement a déclaré la semaine dernière vouloir réaliser près de deux milliards d’économie en 2014 et 2015 sur ces aides aux entreprises, estimant que certaines sont redondantes, peu lisibles, voire tout simplement inefficaces. Trois personnalités -un inspecteur des finances, Philippe Jurgensen, un élu, Jean-Jack Queyranne, et un patron de PME, Jean-Pierre Demael,- vont notamment jouer les supers auditeurs. Ils doivent rendre leurs premières conclusions d’ici au Printemps. Gageons que cette étude va leur donner quelques pistes pour séparer le bon grain de l'ivraie...