Economie : le réveil français n’a pas sonné

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Par Jacques Martineau Publié le 20 septembre 2018 à 5h00
France Reformes Economie Sortie Crise
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97,6%La dette de la France représente 97,6% de son PIB.

Ne nous trompons pas sur la nature et l'ampleur du combat que nous avons à mener. La France, comme la plupart de ses partenaires des pays industrialisés, est confrontée à un défi majeur, et ce, dans un contexte international, économique et politique incertain, en plein rééquilibrage.

Il s'agit pour la France de sortir avec habileté et le plus rapidement possible d'une situation sans issue où productivité et compétitivité sont devenues synonymes de chômage et de sous-emploi. L'immobilisme, c'est-à-dire continuer à ne pas résoudre avec détermination le problème sur le fond, peut conduire à terme à une décomposition du tissu social et à des troubles graves. A force d’ignorer le passé, il va de soi qu’en matière de changement de paradigme le « Réveil n’a pas sonné »…

Atouts et ressources : faudrait-il encore savoir les utiliser ?

Pour y parvenir, nous avons des atouts et des raisons d'espérer. Car la France n'est pas sans ressources technologiques, économiques, culturelles et sociales. Elle est riche de son histoire, de son patrimoine, de son savoir-faire, de ses réalisations, de sa culture, de son influence et de sa position reconnue sur l'échiquier international. Cette richesse tient aussi et surtout à nous, à la diversité de nos identités, à nos contradictions, à notre esprit critique et créatif, ainsi qu'à notre capacité individuelle et collective à nous mobiliser, à entreprendre, à réagir et à être solidaires. Les acquis ne sont pas une charge, ils demeurent des atouts et sont des références.

On ne partage pas la pénurie. A nous de transformer ces atouts et ces acquis en richesses en développant de nouvelles activités. Nos marges de progrès en termes de compétitivité, créatrices d'emplois, sont considérables. Des gisements d'activités, à forte valeur ajoutée, sont accessibles dès maintenant et ne demandent qu'à être exploités. Nos chances de réussite se trouvent autant dans notre détermination et notre capacité à relancer l'activité, partout et sous toutes ses formes, que dans l'amélioration de notre efficience au quotidien.

Pour vaincre l’immobilisme, des solutions concrètes s’imposent…

Devant de tels enjeux, des solutions concrètes sont à trouver et à élaborer ensemble, avec pragmatisme, audace et réalisme, en y mettant les moyens nécessaires et suffisants. Elles ne pourront contenter tout le monde. Les choix seront douloureux pour certains et les décisions difficiles à prendre pour d'autres. Au-delà des antagonismes et des obstacles, il faudra combattre l'immobilisme et apprendre à partager le pouvoir pour agir efficacement en redistribuant autrement les produits de la croissance.

Ces solutions passeront inévitablement par de nouveaux comportements et par des façons d'entreprendre inédites, probablement en travaillant moins, mais surtout en travaillant mieux ensemble. Toutes ces transformations s'inscriront dans une approche sociale différente autour d'un projet de société à la fois plus individuel et plus solidaire qui aura redéfini ses valeurs et trouvé de nouveaux repères. Il ne doit pas y avoir de ruptures soudaines dans la continuité du progrès.

Changer de paradigme sans renier le passé !

Essayons de faire en sorte que cette crise chronique que nous subissons tous, se transforme en chance pour la France, dans la mesure où nous accepterons de changer de paradigme sans renier notre passé.

Sans doute que nous vivons une période charnière de profonde mutation. Le passage tant annoncé à l'ère post-industrielle, à celle de la valorisation du savoir et de l'être, de l'environnement, de la production immatérielle, et de la communication directe est engagé. Par manque de référence ou de modèle, cette transition vers le futur, lente à l'échelle de nos préoccupations quotidiennes, se fait d'un pas hésitant.

Signature de notre passé et de tous nos acquis technologiques, économiques, sociaux et culturels, cet avenir, plein d'incertitudes et de complexités, se construira coûte que coûte, avec ou sans notre concours. Mais soyons conscients que suivant le cas nous ne le vivrons pas du tout de la même façon...

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.