Les dégâts collatéraux de la politique américaine !

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Par Charles Sannat Modifié le 6 septembre 2013 à 14h17

Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Oui, je sais, avec un titre pareil, vous vous dites, ça y est ! Le père Sannat repart dans ses logorrhées américanophobes ! Eh bien non, pas du tout !

Je ne vais même pas vous parler de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Somalie ou de toutes les dernières expéditions militaires qui furent toutes un succès pour la démocratie et les populations civiles de « Captain America ». Je ne vous parlerai pas plus des munitions à l’uranium appauvri qui sont excellentes pour la santé des zenfants et qui permettent d’augmenter la fertilité des sols et donc les récoltes luttant ainsi efficacement contre la faim dans le monde.

Non, aujourd’hui, je vais vous parler de la FED, la Banque centrale américaine dont le gouverneur est démissionnaire et dont le successeur n’a pas encore été nommé dans la mesure où le président Obama semble avoir du mal à trouver un consensus autour des candidats pressentis.

Vous n’êtes pas censés être sans savoir (j’adore cette expression qui n’a ni queue ni tête) que la FED a décidé d’arrêter ses « quantitative easing » prochainement et progressivement puisque tout va tellement mieux que bien et que la croissance est tellement forte que les économies américaine et mondiale n’ont plus besoin de programmes de stimulation monétaire.

Au G20, les Brics se montrent furieux !

L’AFP nous apprend qu’aujourd’hui la « réunion des chefs d’État du Brésil, de Russie, d’Inde, de Chine et d’Afrique du Sud a été ouverte peu après 11H00 GMT par Vladimir Poutine, accompagné de ses ministres des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et des Finances, Anton Silouanov.

L’objectif de la rencontre est de mettre au point « une approche commune concernant les principaux sujets du sommet du G20″, qui doit s’ouvrir plus tard dans la soirée, a expliqué le chef de l’État russe.»

Très diplomates, les Russes ont procédé aux circonvolutions de rigueur :

« L’économie mondiale est dans une situation bien plus stable qu’il y a cinq ans », à la création du G20, a observé jeudi la conseillère du Kremlin, Ksénia Ioudaéva.

La croissance se renforce dans la plupart des pays riches, l’Europe est sortie de récession mais « il existe des risques liés à la fin des mesures de relance aux États-Unis », a-t-elle averti.

Tout le problème est dans le « mais » !

En ce qui me concerne, je suis un garçon plutôt franc et direct, ce qui ne cesse d’agacer ma femme qui trouve que je manque de diplomatie. C’est vrai qu’appeler un chat un chat, c’est très délicat par les temps qui courent d’extrémisme de politiquement correct….

Il faut donc toujours commencer sa phrase par des compliments, félicitations, pour noter des progrès significatifs, une évolution très positive de la situation, une stabilisation salutaire et autres crétineries d’usage. Sinon, comme dit ma femme, « on ne t’écoute pas, tu braques l’auditeur »…

Il n’empêche qu’au bout du compte, la phrase importante c’est : « Il existe des risques liés à la fin des mesures de relance aux États-Unis… »

Ce qui semble doux aux oreilles en langage diplomatique et rassurant signifie qu’en fait on est face à un immense bazar et que tout le système menace de nous péter à la figure… Mais c’est sûr que dit comme ça, c’est moins vendeur…

Le massacre des monnaies des pays émergents !

Comme le dit très bien l’AFP, « conséquence du projet de la Banque centrale des États-Unis de réduire son soutien à l’économie, les monnaies émergentes piquent du nez. La roupie indienne a perdu environ le quart de sa valeur depuis le début de l’année, le réal brésilien 15 %, la lire turque plus de 11 %, le rouble russe 10 %, poussant les autorités monétaires de ces pays à engager des sommes considérables sur les marchés pour défendre leur monnaie ».

La plus grande déstabilisation mondiale

Ils sont super sympas nos zamis les Zaméricains qui ont toujours considéré que le dollar était leur monnaie mais notre problème, ce qui résume parfaitement la stratégie étasunienne.

Ils ont donc, depuis le début de la crise en 2007, inondé le monde entier de liquidités, créé des bulles spéculatives immenses et mondiales, déstabilisé l’ensemble des marchés financiers, qu’il s’agisse des marchés actions, des devises ou encore du marché obligataire.

Depuis plus de cinq ans, l’ensemble des prix des actifs est en réalité biaisé par cet afflux de liquidités.

En économie – et l’exemple soviétique en est l’une des plus belles illustrations sans en être la seule évidemment –, lorsqu’il y a un problème majeur dans la fixation des prix, alors les décisions des agents économiques deviennent erronées ce qui provoque, lors du retour à la réalité toujours inéluctable, une crise gigantesque.

Alors évidemment, maintenant que tout le monde se dit que la FED va vraiment tenter de le faire (et je maintiens que cela ne va pas durer très longtemps), on commence à voir apparaître quelques craquements très inquiétants.

Le taux à 10 ans américain a presque doublé en moins de 6 mois !

Regardez ce graphique : https://www.marketwatch.com/investing/bond/10_year


Il s’agit du taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis. En moins de 6 mois, il a presque doublé. Je vous rappelle que c’est le même phénomène qui a précipité la Grèce, l’Espagne ou le Portugal vers des demandes d’aides financières internationales.

Avec plus de 100 % de dettes sur PIB, pensez-vous que les USA soient en mesure de voir tripler ou quadrupler leur taux d’emprunt ? Et encore ! Nous ne parlons là que d’un phénomène d’anticipation car pour le moment, l’arrosoir de la FED continue à déverser tout ce qu’il faut sur les marchés.

Il n’y a plus suffisamment d’acheteurs pour les bons du Trésor américain. C’est la FED qui, désormais, finance plus de 60 % du déficit de l’État fédéral…

Et cette hausse des taux va se poursuivre

Cette hausse des taux ne peut que se poursuivre jusqu’à ce que les rendements soient suffisamment attrayants pour les zinvetisseurs qui, du coup, se retirent de tous les autres actifs sur lesquels ils s’étaient positionnés. C’est ce phénomène qui explique l’effondrement des devises des pays émergents.

Si les monnaies de ces pays s’effondrent, cela va leur créer de véritables problèmes sociaux puisque tous les produits importés vont augmenter d’autant… 15 % de baisse de la roupie indienne cela signifie pour l’indien du coin 15 % de hausse sur le prix du blé ou encore le prix du litre d’essence… C’est dramatique pour la stabilité sociale de ce pays, d’où leur colère à peine contenue au G20.

« Être conscients des répercussions »

Les investisseurs, anticipant une hausse des taux aux États-Unis, y reviennent et les économies émergentes subissent des fuites massives de capitaux qui pèsent sur leurs devises nationales.

Les États-Unis « devraient être conscients des répercussions de leur politique et prendre leurs responsabilités en ce qui concerne la stabilité de l’économie mondiale », a estimé jeudi le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao.

Ce qui, en langage diplomatique chinois, signifie « attention, nous sommes très fâchés et si ça continue, on va vous créer un étalon-or dans le dos et tuer votre dollar… »

Quant aux autorités américaines, elles restent sur leur ligne de communication officielle à savoir « que si la politique de la FED devenait moins généreuse, cela serait « parce que l’économie américaine se renforce, ce qui est clairement positif pour l’économie mondiale » comme l’a rappelé la sous-secrétaire au Trésor, Lael Brainard.

Vous noterez au passage l’emploi du conditionnel et du « si »… « Si la politique devenait moins généreuse », ce qui laisse planer quand même quelques sérieux doutes sur l’arrêt plus supposé que réel des injections de liquidités et de fausse monnaie.

Nous allons donc à grands pas vers un grand krach… Il sera global et monumental… Et on pourra sans doute dire, comme pour la crise de 1990… que c’est à cause de la guerre en Irak… heu pardon,… la guerre en Syrie !

À demain… si vous le voulez-bien !!

Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
https://www.boursorama.com/actualites/au-g20-les-brics-portent-la-voix-de-pays-emergents-en-crise-00c7b2d33b87903cf4fdc75ed4496787

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.