L’écologisme va-t-il tuer la science ?

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Par Philippe Herlin Publié le 18 décembre 2020 à 6h44
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L’écologisme va-t-il tuer la science ? - © Economie Matin
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Le débat scientifique est permanent dans nos sociétés, et pas seulement à l’occasion du Covid-19, mais le discours écologiste a tendance à prendre toujours le dessus. Un livre fait le point sur cette menace.

Avec le Covid-19, le discours scientifique fait la une de l’actualité quotidiennement, et on se rend compte qu’il est parcouru par des enjeux de pouvoir, d’influence, des manipulations, des mensonges parfois, la seule raison ne l’emporte pas toujours. Et cela ne date pas de la pandémie mais concerne une grande part des questions scientifiques.

Un livre captivant fait le point sur cette problématique : Greta a tué Einstein, de Jean-Paul Oury (VA Editions). L’auteur dénonce l’emprise du discours écologiste, de l’activisme dont il fait preuve, de la large complicité des médias, qui lui permet souvent de l’emporter sur la rationalité et l’exposé rigoureux des faits. Le sous-titre annonce clairement la couleur : «La science sacrifiée sur l’autel de l’écologisme».

Dans ce livre très bien documenté (264 notes de bas de page !), l’auteur revient sur les débats où la propagande écologiste a su étouffer une présentation équilibrée des points de vue. Par exemple les OGM, dont il montre qu’«après trente années de mise aux champs (compter dix années de cultures expérimentales et vingt de culture intensive) aucun retour d’expérience négatif n’a jamais pu être tiré de l’ensemble des études menées sur les OGM.» Il revient sur l’affaire Séralini, digne de l’article anti-chloroquine du Lancet. Il évoque aussi précisément les débats sur le nucléaire, les ondes et «l’électrosensibilité», le glyphosate soi-disant «cancérigène probable» selon un seul organisme de santé publique, tous les autres n’y voyant aucun danger.

Jean-Paul Oury décortique cette menace : «L’objectif de ceux qui s’en prennent à eux [OGM, etc.], est d’enterrer l’idée de progrès scientifique». Il déplore que le principe de précaution «a permis de tétaniser la science en faisant revenir l’idéologie par la grande porte». Il dénonce également les mirages de l’écologie : le bio, les éoliennes, le véhicule électrique, l’homéopathie. Le bio est devenu «une nouvelle religion imperméable à toute forme d’esprit critique». Il alerte sur la collapsologie qui prend le pouvoir sur de plus en plus d’esprits.

Comment réagir ? «Comment échapper à cette idéologie rétrograde dont l’objectif est surtout de prendre le pouvoir afin d’imposer des règles nuisibles au développement de l’humanité ?» Jean-Paul Oury fait plusieurs suggestions, notamment que les scientifiques prennent plus la parole dans l’espace public. Il veut terminer sur un constat optimiste : «la civilisation issue de la science et du progrès technologique n’est pas déconnectée, ou folle, ou aveugle, ou malfaisante. La science et la technologique s’inscrivent dans un continuum qui fait sens.» Il appelle à «retrouver confiance en la science». Très documenté et factuel, voici un guide indispensable pour naviguer dans les grands débats scientifiques qui agitent notre société.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.