Depuis plusieurs années, la culture du palmier à huile fait l’objet d’un dénigrement systématique de la part des écologistes ... Nous avons récemment passé en revue l’essentiel des mensonges et des approximations sur le sujet dans une critique du livre d’Emmanuelle Grundmann (1). A l’échelle internationale, Greenpeace, les Amis de la terre, et le WWF sont les principaux porte-voix de cette campagne particulièrement agressive.
L’alibi mensonger de la lutte conte la déforestation
Tant de mensonges et d’outrances sur le sujet conduisent bien entendu à s’interroger sur les véritables motivations des intéressés.
Selon le WWF : « Le développement des palmiers à huile menace les derniers joyaux de biodiversité de notre planète et doit se faire sans conversion de nouvelles forêts naturelles.
Le développement des palmiers à huile est et reste la principale cause de déforestation en Asie du Sud-Est, menaçant les dernières forêts tropicales naturelles abritant les orangs-outangs, éléphants de Sumatra ou encore les dernières populations de tigres. L’empiètement sur l’habitat de ces espèces crée de nombreux conflits entre hommes et animaux, mais aussi des conflits sociaux dûs à des déplacements forcés de populations natives.
En asséchant des tourbières, en brûlant les forêts, d’énormes quantités de gaz à effet de serre naturellement stockés sont enfin relâchées dans l’atmosphère. (2)»
Comme nous l’avions signalé, le développement des plantations des palmiers à huile ne joue qu’un rôle très secondaire (1) dans la déforestation des deux principaux pays producteurs d’huile de palme, l’Indonésie et la Malaisie. Un fait confirmé par le site Mongabay (3).
D’autre part , les données de la FAO (4) convergent avec celles-ci, et attestent d’un net ralentissement depuis 2005 du recul de la forêt primaire en Indonésie, tandis que celle de la Malaisie est stable depuis 1990 (5).
La norme RSPO, bidon, ou ruineuse ?
Comme dans bien d’autres domaines, les ONG écologistes ont une attitude commune qui consiste à travestir la réalité. Elles divergent cependant sur la stratégie à adopter. Loin des agités de Greenpeace, le WWF, dont le budget annuel dépasse 500 millions d’euros (6), a toujours opté pour le partenariat « responsable » auprès des entreprises, de préférence multinationales , une attitude que les fondamentalistes verts qualifient non sans raison de greenwashing.
Le tropisme de le WWF se vérifie dans le cas de l’huile de palme : elle a ainsi élaboré la norme RSPO (7) censée engager ses partenaires sur le terrain d’une production « durable » de cette huile . En réalité, la certification RSPO est tellement compliquée qu’elle ressemble à la formidable usine à gaz des indicateurs du développement durable de notre ministère de l’écologie (8). Les vertueuses entreprises qui veulent l’absolution de la WWF sont censées respecter ou faire respecter par leurs fournisseurs des obligations qui se déclinent en plusieurs centaines d’indicateurs, qui vont de la réduction de l’usage des pesticides, en passant par la viabilité économique à long terme, le respect des croyances religieuses locales, et, cerise sur le gâteau pour une organisation aussi peu suspecte d’humanisme que le WWF, une politique de prévention du harcèlement sexuel de la « force de travail » (9) ... Parfois, le développement durable vire à la farce !
On voit mal, en effet, comment les négociants, chargés des achats d’huile de palme, ou les certificateurs, pourraient se substituer aux autorités locales pour obtenir de telles garanties. Sur bien des aspects, les normes auxquelles sont censées souscrire les membres de RSPO débouchent sur deux pistes : soit la certification est bidon, permettant aux adhérents de s’acheter à peu de frais une image verte et « sociale », soit elle est appliquée de manière rigoureuse, au moins pour les exigences environnementales : dans ces conditions , elle pourrait bien causer la ruine des petits producteurs. Non seulement pour se conformer aux normes, mais aussi pour faire établir cette conformité !
Comment ceux-ci pourraient-ils se conformer à l’obligation de « justifier » tout emploi de pesticides auprès d’organisation anti-pesticides ? Comment se conformer à l’interdiction d’un usage prophylactique des pesticides , ce qui revient à attendre que ses plantations soient infestées pour démarrer un traitement?
Vues du côté des pays producteurs, et particulièrement en Afrique, les campagnes des ONG occidentales et ces normes sont regardées de façon hostile (10) . Elles sont considérées inadaptées aux conditions locales et aux ressources des petits exploitants agricoles qui font vivre des millions de familles.
On souligne également que les standards exigés pour la culture du palmier à huile ne le sont pas pour la culture du soja ou du colza, pratiqués en occident. Les préoccupations environnementalistes, ne cacheraient-elles pas des manœuvres protectionnistes ?
(3) https://photos.mongabay.com/11/0103op.jpg
(4) https://www.fao.org/forestry/fra/fra2010/en/
(5) la réduction de la superifice forestière dans ces 2 pays, problématique dans la mesure où elle cède souvent la place à des savanes dégradées, concerne en fait essentiellement des forêts déjà exploitées, et non pas les forêts primaires.
(6) https://awsassets.panda.org/downloads/int_ar_2010.pdf
(7) RSPO= Roundtable on sustenable oilpalm
(8) https://www.developpement-durable.gouv.fr/Indicateurs-du-developpement,14064.html
(9) https://www.rspo.org/file/PnC_RSPO_Rev1.pdf