Retraites complémentaires : les négociations sont en panne

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Par Laure De Charette Modifié le 8 mars 2013 à 5h23

Comme un léger bug... Les syndicats de patrons d'un côté, de salariés de l'autre, sont censés trouver un accord d'ici au 1er avril pour sauver de la faillite les régimes de retraites complémentaires. Autant dire qu'ils n'ont plus beaucoup de temps devant eux ! Or hier, ils se sont quittés en désaccord, sans que les négociations puissent avancer d'un iota, chacun estimant que l'autre ne fait pas assez de concessions. Rendez-vous est donc pris au mercredi 13 mars, pour une énième rencontre.

Il y a urgence : les régimes Agirc (pour les cadres) et Arrco (pour tous les salariés), qui couvrent au total 11,5 millions de salarié du privé, sont au bord de la faillite pure et simple. Les réserves du premier devraient avoir fondu dès 2016, tandis que celles du deuxième devraient être épuisées d'ici 2020-2023, soit dix ans plus tôt que les projections initiales le laissaient craindre. Résultat, il faut impérativement trouver entre 6 et 10 milliards d'euros d'ici 2017 pour assurer leur pérennité. Mais où, si ce n'est dans la poche des employeurs, des salariés et des retraités ?! D'où l'urgence à trouver des solutions équilibrées, qui ne lèseraient pas l'un plus que l'autre...

Les syndicats ont approuvé l'une des propositions du Medef, à savoir que pendant trois ans –et non cinq comme évoqué au début-, les retraités verront leur pension quasi gelées. Ainsi la hausse des retraites complémentaires des anciens cadres ne serait que de 0,5%, celle des ex-salariés de 0,8%, tandis que l'inflation pour 2013 est estimée à 1,75%. Autant d'argent en moins dans le porte-monnaie supposé bien garni des seniors, et en plus dans les caisses de l'Etat, désespérément vides ! La CFDT était notamment attachée à ne pas « frapper tout le monde de la même manière », sous-entendu, les retraités modestes doivent être davantage épargnés que leurs homologues aisés.

Et le syndicat des patrons a accepté de son côté d'augmenter les cotisations, dont 60% sont à la charge de l'employeur. Mais les syndicats veulent plus : que cela crée de facto des droits supplémentaires à la retraite via une hausse du taux contractuel. Le patronat refuse. D'où l'échec –temporaire- des négociations.

Quant au gouvernement, il scrute les discussions en cours, car lui-même doit bientôt se pencher sur la réforme des retraites des régimes de base. Là aussi, il faudra sans doute les désindexer de l'inflation, c'est-à-dire les augmenter moins que les prix. Cette fois, si rien n'est fait, le déficit devrait se chiffrer à 20 milliards d'euros en 2017. Un autre cheval de bataille en perspective !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.