Droits de succession : une présidence de moins en moins juste (2/2)

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 25 juillet 2012 à 8h14

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Or, aujourd’hui soyons concrets : en Ile-de-France évidemment, mais aussi dans la plupart des grandes métropoles françaises, une petite maison ou un appartement de 80 m2, soit 3 chambres, un (petit) salon, une salle de bains et une cuisine, ça ne coute pas 100 000 euros, mais plutôt 250 000. Dans des banlieues qui n’ont rien de spécialement chic, 400 ou 500 000 sont un minimum. Et je ne parle pas des familles nombreuses qui sont condamnées désormais à une lointaine exode : Autour de Paris, elle s’appelle Rambouillet, Vendôme, Chartres, avec des papas et des mamans qui ont parfois 4 heures de transport par jour.

Or, si la maison familiale transmise lors d’un décès vaut plus que le seuil exonéré de droits, est-ce la faute aux héritiers ? A leurs parents ? Bien sûr que non : c’est la faute aux politiques, qui n’ont pas su prendre les mesures qui s’imposaient ces vingt dernières années en matière de logement, provoquant une bulle immobilière odieuse qui en enrichit quelques-uns (et encore souvent virtuellement, car tant qu’on a pas vendu, on a pas gagné), mais appauvri surtout le plus grand nombre. Tout est dans les rapports officiels ! Le poids du logement dans le budget des ménages est écrasant, atteignant parfois 40 % du total, ce, que l’on soit propriétaire (avec 30 ans de crédit sur le dos, et donc avec une épée de Damoclès sur la tête et un boulet au pied nuisant à la mobilité professionnelle) ou locataire.

Tout cela donc, par la faute d’hommes politiques qui habitent, eux, dans des HLM de luxe comme certaine ministre du gouvernement Hollande voici quelques semaines encore, dans des logements de fonction mis à disposition, et qu’ils oublient parfois de rendre, comme certain ancien ministre président d’un établissement public prestigieux en banlieue parisienne ou qu’ils achètent grâce à des prêts aux origines douteuses et au remboursement plus incertain encore comme… ils sont plusieurs dans ce cas.

Ajoutez à cela le fait que les parlementaires, qui à force de voter des lois absurdes, ont réussi à paralyser le marché immobilier français, bénéficient de prêts au taux exceptionnel de… 0% pour faire l’acquisition d’un logement, et vous comprendrez pourquoi il est foncièrement injuste, lors d’une succession de taxer la maison familiale comme l’on taxerait des actions, une assurance vie, ou le compte courant du défunt.

Si vous ajoutez enfin à tout cela ce qu’une large majorité de Français ignore encore, à savoir que certains biens échappent, eux, pour les meilleures raisons du monde, aux droits de succession, vous serez définitivement révoltés. De quoi parlons nous ? Des œuvres d’art ! Sous prétexte de vouloir éviter qu’elles ne soient vendues et quittent le territoire français, si vous transmettez à vos enfants un tableau, ils ne paieront pas un kopeck dessus, mais si vous leur transmettez un toit pour s’abriter en prévision de la grave et durable crise qui s’annonce devant nous, vous devrez (ou eux, ce qui revient au même), casquer.

On vous le dit que cette présidence n’est pas plus juste qu’une autre ! Notez qu’il est encore temps : il suffit de taxer toutes les successions, même un peu, mais d’exonérer la maison familiale, quitte à ce que le fisc se rattrape lors de sa vente.

Justice !

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).