Dow Chemical, ça vous dit quelque chose ? Considéré comme le « second pire pollueur du monde » par l’Agence de Protection Environnementale américaine, ce géant américain de la distribution de produits chimique a notamment diffusé le tristement célèbre Agent Orange, un herbicide hautement toxique utilisé pendant la guerre du Vietnam, provoquant de graves maladies et malformations dans la population.
Eh bien cette charmante entreprise n’est rien de moins que le principal sponsor des Jeux Olympiques de Londres 2012 ! Qualifiés de « Jeux Verts » par les organisateurs, ceux-ci devaient pourtant placer l'enjeu environnemental au cœur de la célébration sportive. Le gouvernement vietnamien trouve donc la situation tristement ironique. Dans une lettre obtenue par GlobalPost, le Ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a fortement dénoncé le Comité International Olympique (CIO), basé à Lausanne, pour avoir été ainsi complice du « verdissement » de Dow Chemical.
« C'est ironique que Dow soit autorisé à sponsoriser des événements sportifs dont certains sont para-olympiques, alors que l'entreprise est à l'origine de générations d'enfants gravement malformés, tout en refusant de faire quoi que ce soit pour les aider », a écrit un représentant de l'Association vietnamienne pour les Victimes d'Agent Orange/Dioxin dans un mail. Dow Chemical, le CIO et le Comité d'Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Londres ont ignoré les nombreuses demandes de justification.
Il faut dire que des sommes importantes sont en jeu : Dow Chemical a négocié un contrat de 10 ans avec le CIO en 2010. L'accord engage l'entreprise basée aux États-Unis à verser 100 millions de dollars (80,3 millions d’euros) tous les quatre ans en tant que sponsor principal des Jeux Paralympiques d’Été et d'Hiver. Ils ont notamment décidé de fournir une bannière décorative en plastique, autour du stade Olympique, avant la cérémonie d'ouverture, ainsi que des places de stade spéciales.
Dow Chemical compte ainsi sur une augmentation globale des ventes d'environ 1 milliard de dollars en faisant la promotion de produits écologiques… De plus, un contrat de 11,25 millions de dollars (9 millions d’euros) a été promis à l’entreprise pour les 336 panneaux géants qui vont être installés. « Il y a une machine coûteuse derrière les Jeux qui est financée par les sponsors corporatifs. Malheureusement, lorsque ces sponsors sont sélectionnés, l'argent importe plus que les valeurs », a regretté Meredith Alexander qui s’est retirée de la Commission pour un Londres Durable 2012, en charge de la supervision du respect environnemental des Jeux, après l'assignation du contrat du stade à Dow Chemical.
Autres sponsors contestés : BP et Rio Tinto, deux entreprises d'extraction de ressources que les groupes humanitaires décrivent comme ayant un bilan environnemental, sécuritaire et humanitaire désastreux.
Par Cain Nunns
Global Post / Adaptation Annabelle Laferrère - JOL Press
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