Lorsque la Grèce rejoint la zone euro en 2001, tous les membres de l’Union ont eu connaissance de l’influence de Goldman Sachs sur la présentation de ses comptes. L’Union européenne n’ignorait pas la fragilité du système grec, liée à sa situation politique et économique, à sa faiblesse structurelle et fonctionnelle, à son injustice sociale et fiscale, son incapacité à recouvrir l’impôt auprès des nantis.
Avec la crise mondiale, la situation économique et financière en Grèce n’a cessé de se dégrader. Fin 2009, son PIB représente 2% de celui de l’Union et sa dette 4%. Son cas n’est pas une découverte…
Quatre ans de « sur place » inefficace aux ordres de la troïka
En octobre 2011, à l’ombre d’un G20, la France, l’Allemagne, l’Union européenne et le FMI poussent la Grèce dans ses derniers retranchements en l’obligeant à signer un accord discuté et discutable. Il faut choisir : accepter l’accord ou sortir à la fois de la zone euro et de l’Union européenne, sachant que l’on ne peut pas sortir de l’une sans quitter l’autre. Les experts et les marchés sont sceptiques quant à la réussite de ce plan. La satisfaction sera de courte durée. La Grèce est déstabilisée.
Antonis Samaras, Premier ministre de juin 2012 à janvier 2015, a eu la lourde tâche de réduire le déficit et d’engager des réformes imposées par la « troïka » (FMI, BCE et Commission européenne). Le contexte économique et financier était lourd avec un euro fort par rapport au dollar, une récession de l’ordre de 6%, des taux de remboursement de la dette prohibitifs. Le chômage approchera les 30% et frisera les 60% chez les moins de 25 ans ! L’aide européenne a semblé ne servir uniquement qu’à payer une partie des intérêts privés ? L’œil de Berlin n’a rien arrangé et le FMI reconnaît s’être trompé.
Résultats : un équilibre budgétaire atteint, mais une situation économique et sociale devenue catastrophique (déflation non négligeable, croissance quasi nulle, pauvreté). Le taux d’endettement qui représentait 104% du PIB en 2011 n’a cessé de croître. Il vient de dépasser les 175% fin 2014, avec une récession du PIB de plus de 25%. Il est clair que la dette ne sera jamais remboursée pas plus que les intérêts de la dette nationale. A ce rythme là, la Grèce sera déclarée en défaut, avant d’être contrainte de sortir de la zone euro !
La Grèce change de ton…
Des élections législatives ont eu lieu le 25 janvier dernier remportées par le parti de gauche radicale anti-austérité Syriza, avec 36,34 % des voix et 149 députés sur 300. C’est Alexis Tsipras qui prend la tête d’un gouvernement de coalition.
Le Premier ministre, Alexis Tsipras, entame dans la foulée une tournée européenne (Italie, Royaume-Uni, France, Allemagne, etc.) pour tenter de convaincre de la nécessité d'alléger le fardeau de la dette colossale de leur pays et trouver un compromis avec ses créanciers. A Bruxelles, Alexis Tsipras propose la préparation avec l'Union européenne d'un plan de réformes et de financement sur quatre ans (jusqu’en 2018) comprenant un programme « radical » en matière de lutte contre la corruption et la fraude fiscale et couplé à un allègement de nouvelles obligations budgétaires de la Grèce (sorte de rente annuelle d’intérêts d’une dette perpétuelle). Il souhaite la possibilité d’un accord transitoire donnant à la Grèce la marge financière lui permettant de préparer ce plan "en commun" avec l'UE.
Parallèlement son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, s'est rendu lui au siège de la Banque centrale européenne à Francfort, avant une rencontre avec son homologue allemand, Wolfgang Schaüble pour constater leur désaccord ! De son côté la BCE choisit de ne plus accepter les obligations grecques (nouvelle formule) comme garanties ! Le gouvernement grec est surpris. La BCE assume.
Où va-t-on ?
Quel rôle jouera la France en termes de « solidarité » ? Comment réagiront, l’Espagne, l’Italie et le Portugal, sans parler de quelques autres pays qui verraient d’un bon œil une remise en cause de la politique d’austérité qui a servi jusqu’alors de ligne de conduite dans la zone euro. L’Allemagne se devra de réagir, d’autant que l’euro est désormais autour de 1,12 $ US, les taux d’emprunts au plus bas et le baril de pétrole en dessous des 50 $ US. La BCE, avec une politique de rachat de titres de son côté sera certainement amenée à négocier autrement et ne pourra pas se contenter d’une politique d’« aller-retour ».
Le président américain Barak Obama a donné le ton : « On ne peut pas continuer à presser la Grèce ». D’autres européens se posent la question : « Et si la Grèce avait intérêt à faire défaut et à sortir de l’euro ? ». Il importe d’attendre pour voir la suite…
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