Dans la vie comme en économie, il y a ceux qui savent, ceux qui feignent de savoir, ceux qui ne savent rien et ceux qui s’en foutent.
La masse des sachants est protéiforme. Chaque religion se veut unique et universelle, puis, constatant qu’elle est en compétition avec d’autres, se revendique la meilleure, jusqu’à ce qu’une autre la remplace. En économie, la religion de référence est actuellement le keynesianisme. C’est elle qui a dicté les plans de relance d’après 2008 tant en France qu’aux Etats-Unis, consistant à injecter massivement de l’argent dans l’économie.
C’est elle aussi qui justifie que la France ne boucle plus de budget excédentaire ou tout au moins à l’équilibre depuis 1978. L’été, on oublie ses soucis en les remettant à demain, en espérant consciemment ou inconsciemment qu’ils ne refassent pas surface à la rentrée. Ça marche, parfois. Un enfant sur liste d’attente pour une fac ou une grande école a parfois la chance d’être pris en septembre. Une vieille tante dont il faut s’occuper plus qu’on ne le voudrait ne passe pas les chaleurs de l’été.
Dans le cas de la France, et de son économie, qui dicte désormais 99,99 % des décisions du politique, les vacances n’effaceront malheureusement pas les problèmes, et c’est bien dommage. Sauf qu’à force de repousser au lendemain les décisions difficiles mais indispensables pour sortir de l’ornière de la dette et de l’écrasante dépense publique, on rend le sauvetage de plus en plus difficile. Retenez bien ces chiffres : 63,6, 117,1, 121,5, 93,3. Ajoutez « milliards d’euros » derrière, et vous obtenez le déficit du budget de la France depuis 2007, soit au bas mot, 500 milliards d’euros.
Jamais, depuis que l’on emprunte pour boucler nos fins de mois, ces montants n’avaient été aussi élevés. Le pire que l’on puisse trouver depuis 1978 et le dernier budget à l’équilibre, c’est 62,9 milliards d’euros, en 2003. De tous les paramètres, le chômage en hausse, la balance commerciale déficitaire, la fameuse croissance qui ne veut plus rien dire et qu’il faudra bien se résoudre un jour à remplacer par un autre indicateur, c’est celui de notre dette publique qu’il faut absolument faire revenir dans le vert. Tous les candidats à la présidentielle s’étaient engagés à revenir à sous la barre des 3 % de déficit au cours de leur mandat. Les socialistes aux commandes ont promis de le faire dès 2013. Voilà, à la rentrée, et pour les 9 mois à venir, le temps d’une année scolaire, le seul sujet d’examen pour le président normal. Oui, comme en Irlande ou au Portugal, dont nous sommes malgré tout plus proches que de la Grèce ou de l’Espagne, le chômage a fait des bonds.
Mais les premiers signes d’une reprise apparaissent, grâce au remède ultime, la réduction des dépenses publiques.
Or, pour réduire les dépenses publiques, le remède le plus efficace, mis en œuvre partout ailleurs en Europe, c’est la réduction de la masse salariale de la fonction publique. Le premier moyen consiste à réduire le nombre de fonctionnaires. Ce n’est à priori pas le chemin qu’à décidé de prendre François Hollande.
Le deuxième consiste à réduire les indemnités (on ne parle pas de salaire dans la fonction publique) des fonctionnaires. Je n’ai pas le souvenir d’en avoir entendu parler jusqu’ici. Mais je suis prêt à tenir le pari suivant : Dans un an, deux tout au plus, la réduction des émoluments des fonctionnaires ne sera plus un tabou, et aura peut-être déjà été mise en œuvre. C’est la contrepartie acceptable à la sécurité de l’emploi. Et l’une des conditions indispensables à la survie de notre « modèle social » que le monde entier ne nous envie plus depuis longtemps.