Embaucher serait-il plus rentable que de verser des aides ? C’est ce qu’espère prouver le député PS Laurent Grandguillaume, à l’origine de l’initiative visant à créer dix territoires « zéro chômage longue durée » en France. De quoi s’agit-il ?
Des chômeurs motivés pour travailler
Le principe est simple : pendant cinq ans, 2 000 CDI au SMIC seront aidés dans dix territoires estampillés « zéro chômage longue durée ». Concrètement, les territoires intéressés doivent se manifester pour pouvoir participer à l’expérimentation qui devrait durer cinq ans. Seront retenus les candidats qui connaissent bien leur population de chômeurs et qui ont identifié les besoins locaux, ceux des entreprises notamment.
Le député PS, épaulé par Louis Gallois qui a accepté de prendre la présidence du fonds national, espère ainsi prouver plusieurs choses : que les chômeurs de longue durée, c’est-à-dire sans activité depuis plus d’un an, sont tout à fait capable et désireux de travailler ; qu’il existe de nombreux besoins non couverts dans les territoires et que l’emploi de ces personnes sera plus rentable pour les financeurs publics des aides au chômage, comme l’explique un article publié dans Les Echos.
Laurent Grandguillaume est parti d’un constat : d’un côté, malgré une idée parfois répandue, il existe des dizaines de milliers de chômeurs prêts à travailler ; de l’autre, il y a une véritable demande, notamment de services de proximité comme l’aide aux devoirs ou les petits travaux de bricolage ou de jardinage, à laquelle les entreprises et le secteur public ou associatif peinent à répondre.
Selon les calculs réalisés, un chômeur de longue durée coûterait aux collectivités, à l’Etat et aux organismes sociaux 15 000 à 20 000 euros par an. Alors autant investir cette somme dans un emploi !
Un pari fou ?
L’objectif est simple, quoique très ambitieux puisque jusque-là, le pari n’a jamais été relevé. Il s’agit de ramener à zéro le nombre de personnes qui cherchent un emploi depuis au moins un an.
Comme l’explique Le Journal du Net, le nombre de chômeurs de catégories A, B et C inscrits à Pôle Emploi depuis un an ou plus a explosé ces dernières années en France métropolitaine. Il a bondi de… 148 % depuis juin 2008, pour atteindre les 2 429 200 inscrits en juin 2016. Sur un an, il grimpe de 2,3%, soit 55 200 personnes supplémentaires. A noter toutefois que ce chiffre recule pour la troisième fois consécutive sur un mois (-0,9%, après -0,6% en mai et -0,7% en avril).
Le chômage de longue durée s'est accentué avec la crise "car les entrées dans le chômage ont augmenté tandis que les sorties bénéficient en priorité aux chômeurs au chômage depuis peu", explique l'Insee. Les populations qui ont le plus souffert de l'aggravation de ce phénomène entre 2008 et 2013 ? Les ouvriers, employés, jeunes, personnes sans diplôme, parents isolés, habitants des zones urbaines sensibles et immigrés, énumère l'Institut.