Michel Rocard dresse un constat effrayant de l’économie française

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Par Charles Sannat Modifié le 29 janvier 2013 à 6h39

Ce qui est bien le dimanche lorsque j’écris ces lignes que vous lirez demain le lundi, c’est que le dimanche il y a le journal du dimanche, le JDD pour les intimes. Et ces derniers temps, le JDD fait assez fort. Entre ses lettres ouvertes à la Depardieu ou les interviews un peu dérangeantes, cela me donne de quoi causer. Aujourd’hui n’est pas coutume, le JDD est allé chercher un ancien Premier ministre en la personne de Michel Rocard, le père du RMI soit dit en passant, qui vient de sortir à 82 ans un livre avec l’économiste de gauche Pierre Larrouturou intitulé La gauche n’a plus le droit à l’erreur et que je vous promets de lire rapidement afin de vous dire ce que j’en pense.

Le constat dressé par Michel Rocard est effrayant

« Or la France est dans une situation terrifiante. La récession va s’aggraver, donc le chômage va augmenter. Il y a le feu. Regardez où en sont les moteurs de la croissance. La consommation est en panne à cause du chômage, l’investissement aussi puisque les perspectives sont nulles, les exportations sont en berne car l’Europe est en récession et la dépense publique est contrainte par l’objectif de réduire les déficits. » J’aime bien le mot « terrifiant ». Il fait peur, il fait trembler la ménagère de moins de cinquante ans qui veut absolument croire qu’elle pourra changer d’iPhone tous les ans en bénéficiant d’une retraite à taux plein à 62 ans et en partant en voyage à l’autre bout de la planète dans des avions hypersûrs pour un prix modique. Ce qui est bien aussi, c’est que ce mot est utilisé par un ancien Premier ministre, et ça, forcément, ça compte plus pour ma femme que tout ce je peux raconter tout seul dans mon coin en marmonnant devant mon ordinateur. Bon sur le constat dressé par Rocard, je pense que nous serons tous peu ou prou d’accord.

Il n’y a pas de solution miracle, on peut rêver mais le miracle n’aura pas lieu

Hélas Michel Rocard, en tout cas c’est ce qui semble apparaître en filigrane dans ses propositions, pense qu’il existe des solutions. C’est à la fois vrai et faux. Il existe des solutions économiques pour s’en sortir, mais toutes, je dis bien toutes seront particulièrement douloureuses. Donc il n’y a pas de solution facile ou miracle. Il invoque donc rapidement deux prix Nobel d’économie, « Joseph Stiglitz et Paul Krugman, en sont venus aux hurlements. Ils nous demandent de ne plus appuyer sur ce dernier frein. Il faut expliquer aux marchés financiers qu’en poussant à la récession, ils risquent de ne pas récupérer l’argent qu’ils nous prêtent ». Là encore, cette remarque est pertinente. Donc résumons les choix – enfin si tant est que l’on puisse appeler cela un choix – qui s’offrent à nous. Nous pouvons décider de ne pas payer les dettes, de faire un moratoire, un défaut partiel, un allongement de la durée, une renégociation, bref, peu importe le mot utilisé (qui devra être le moins terrifiant possible pour notre ménagère de moins de 50 ans). Si on ne rembourse pas les dettes, on annule l’épargne qui se trouve en face. Adieu veaux, vaches, cochons mais surtout Livrets A et contrats d’assurance vie fonds en euro… Vous êtes ruinés mais la France va mieux. Merci d’avoir participé au Dette-othon.

Nous pouvons décider de faire encore plus de déficits et de dettes, de faire tourner la planche à billets pour stimuler faussement la demande et l’économie. Au bout du chemin, les dettes seront tellement importantes que ce sera l’insolvabilité ou alors l’hyperinflation, ce qui semble être le chemin retenu aussi bien au Royaume-Uni, qu’aux États-Unis ou encore au Japon. Nous pouvons décider, comme en Europe, de nous serrer la ceinture. De partir dans des plans d’austérité de plus en plus rigoureux. On connaît le résultat puisque nous avons quelques laboratoires d’essais splendides comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal. Ces trois pays, sans l’aide financière d’autres pays complètement surendettés, auraient déjà fait faillite. Donc 1re hypothèse : la faillite. 2e hypothèse : l’insolvabilité par l’hyperinflation (politique de relance). 3e hypothèse : l’insolvabilité par la récession, c’est-à-dire par la déflation (politique de rigueur). Lorsque Michel Rocard nous propose d’en finir avec l’austérité, il nous propose en réalité de refaire une politique de relance et de dépenses. Son idée : soigner le mal par le mal et la dette avec encore plus de dettes. Mais cela n’a pas fonctionné et les plans de relance adoptés en 2008, 2009 et 2010 – qui soit dit en passant nous ont coûté une fortune – n’ont rien relancé du tout. Le moteur de la croissance a tout simplement calé.

Baisser le temps de travail !

Ne criez pas. Ne m’étripez pas (enfin pas encore). Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Rocard… Bon, il est vrai que si vous proposez à ma femme d’avoir encore plus de RTT en étant payée pareil, vous risquez fort de vous attirer immédiatement sa sympathie. Ma femme adore ses RTT, ce que je trouve parfaitement normal lorsqu’il faut s’occuper de toute une maisonnée, d’enfants malades, les traîner en permanence à des rendez-vous médicaux d’ailleurs remboursés à 100 % par la Sécu – ce qui me fait dire que les enfants sont une vraie plaie financière pour la collectivité… d’un autre côté, une fois grands, il sont censés créer de la richesse (je sais, pas tous), et une fois vieux… ils recôutent très cher. Mais c’est un autre débat. Pour Rocard donc, il faut impérativement baisser le temps de travail.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.