Soupçonné de fraude fiscale, Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, démissionne

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Par Laure De Charette Modifié le 20 mars 2013 à 1h34

Il rejoint ainsi une longue liste de ministres contraints de démissionner, souvent après des mois passés à tenir bon, avant de finalement céder sous la pression. Avant lui, et dans l'histoire récente (donc forcément marquée à droite), Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux et Eric Woerth ont déjà dû rendre leur portefeuille. Jérôme Cahuzac, ministre du Budget actuellement en pleine réforme des comptes publics, a annoncé hier soir qu'il démissionnait. Ce matin, sur le site internet officiel du gouvernement, son nom avait déjà disparu.

Soupçonné depuis près de quatre mois d'avoir possédé un compte à la banque UBS en Suisse puis à Singapour, le parquet de Paris a décidé hier d'ouvrir une information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale ». En somme, le parquet valide l'ensemble des informations publiées par le site d'informations Mediapart, à l'origine de la médiatisation de l'affaire.

Le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, qui est à l'origine chirurgien esthétique, a toujours fermement nié avoir possédé ce compte en banque à l'étranger. « Je n'ai jamais eu de compte en Suisse ou ailleurs. C'est ahurissant » disait-il début décembre, lorsque la polémique a éclaté.

Précisément, Médiapart affirme qu'il a possédé « pendant longtemps un compte bancaire non déclaré en Suisse », et qu'il l'a ensuite transféré à Singapour, autre paradis fiscal. Ce compte aurait été fermé « début 2010, quelques jours avant que Jérôme Cahuzac ne devienne président de la commission des finances de l'Assemblée nationale », lors d'un « discret déplacement à Genève ». L'une des preuves fournies était un enregistrement sur laquelle une voix s'exclame : « Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS, c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques ». Or la voix serait celle de Jérome Cahuzac, elle a du moins été reconnue par plusieurs témoins.

Comme le rappelle, non sans humour, le site Slate, « démissionner n'est pas rare sous la Ve République. Sous chaque mandature, un ou deux ministres se retrouvent avec des casseroles un peu trop bruyantes pour rester dans l'arrière-cuisine. Le plus souvent, il est question de polémique sur le train de vie ou d'une mise en examen. Un ministre démissionne beaucoup plus rarement pour des raisons idéologiques ». L'un des seuls à l'avoir fait reste Jean-Pierre Chevènement, en 1983, alors ministre de l'Intérieur et auteur de la célèbre réplique : « Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne ».

Jérôme Cahuzac va être remplacé au ministère du Budget par Bernard Cazeneuve, jusque-là chargé des Affaires européennes.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.