Le Japon est-il en train de souffrir des effets de la politique économique mise en place par son premier ministre conservateur Shinzo Abe ? On peut légitimement se poser la question au regard des derniers chiffres de la balance commerciale du pays. Le Japon enregistre en effet en septembre, sur un an, une progression record de 64,1% de son déficit commercial, ce dernier atteignant 932 milliards de yens, soit environ 7 milliards d’euros.
Les choix du Premier ministre sont clairement en cause : du fait de la politique monétaire accommodante orchestrée par la banque centrale du Japon (BOJ), le cours du yen a chuté, renchérissant les importations par la même occasion. Hausse du coût des importations que ne sauraient compenser les exportations.
Hausse sans précédent du déficit commercial sur un an
Le Japon a vu son déficit commercial atteindre 932 milliards de yens, environ 7 milliards d’euros en septembre. Mais au-delà du chiffre brut, c’est surtout l’évolution qui est inquiétante.
Le déficit commercial japonais a augmenté de 64,1 % en septembre sur un an, une hausse sans précédent pout le pays (du moins depuis que les statistiques de ce type existent). Le déséquilibre se creuse désormais depuis quinze mois consécutifs, d’après les données du ministère des Finances japonais.
La très forte hausse des importations en ligne de mire
La politique monétaire extrêmement accommodante initiée par le Premier ministre Shinzo Abe, est naturellement au centre des interrogations. Du fait de l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation, de l’accroissement des liquidités disponibles, la monnaie nationale, le yen, a naturellement été conduite à se déprécier face à l’euro et au dollar (de plus de 25 % depuis un an).
La suite répond à une logique économique implacable. Les revenus issus des exportations se sont accrus avec la baisse de la monnaie nippone. Elles ont augmenté de 11,5 % en valeur en septembre, malgré le léger recul de 1,9 % en volume.
Mais la conséquence à retenir reste le renchérissement substantiel des importations. Le volume des importations s’est réduit de 2,2 % mais leur coût a grimpé de 16,5 %. En soi, avec la chute du yen, tout ce qui est importé devient plus cher. Le coût des équipements de télécommunication a par exemple crû de plus de 60 %. La situation est quasi similaire pour les semi-conducteurs.
Une tendance de fond mettant en cause les « Abenomics »
A priori, le pays du Soleil-Levant n’est pas près de voir la tendance s’inverser et le déficit se résorber.
Les causes du déficit sont structurelles, le yen devrait continuer de se maintenir à un niveau extrêmement bas par rapport au dollar et à l’euro, et la facture énergétique continuera donc de représenter un fardeau pour le pays.
Du fait d’une opinion très défavorable au nucléaire désormais, il est difficile d’imaginer que des réacteurs nucléaires pourraient être relancés à court terme. Pour l’économiste Junko Nishioka, citée par le Dow Jones Newswires, « Cela signifie que le Japon restera très dépendant des importations d’énergie, et que la hausse des revenus tirés des exportations grâce à l’affaiblissement du yen ne suffira pas à inverser le déficit commercial. »
Depuis la catastrophe du Fukushima, la facture énergétique est évidemment lourde pour l’archipel, même si des efforts de réduction de la consommation ont été réalisés. Avec un yen faible, faire venir pétrole, du gaz ou encore du charbon devient encore plus cher.
Les champions nationaux présents dans les secteurs de l’automobile et de l’électronique notamment, habitués à permettre au pays de dégager des excédents importants, devraient tout au plus, dans les prochains mois, être en mesure de limiter le creusement du déficit commercial.
Cette situation semble illustrer les limites des « Abenomics », qui avaient pourtant conduit à un rebond de la croissance du PIB japonais quasi immédiat suite à leur application.
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