Alors que la dette publique, les faillites et le chômage pourraient exploser dans les prochains mois, ce n'est pas croissance du PIB qui va permettre de soulager l'économie française, prévient le gouverneur de la Banque de France.
La levée progressive du confinement ne signifie pas le retour à une activité économique normale. Beaucoup l'espéraient, mais ce n'est pas ce qui est train d'arriver, a prévenu François Villeroy de Galhau devant la Société d'économie politique à Paris. Le déconfinement va coûter 3 points du PIB annuel, a annoncé le gouverneur de la Banque de France, une perte qui s'ajoute à « l'acte I » (les deux mois de confinement) qui a représenté près de 6 points du produit intérieur brut annuel. La reprise de l'activité ne concerne pas tous les secteurs d'activité : les hôtels, les restaurants, l'événementiel ou encore la culture sont toujours largement fermés. « Nous devons faire face à un choc inédit qui est à la fois d'offre et de demande; temporaire et en partie persistant; largement symétrique mais aussi asymétrique dans certains impacts nationaux », selon le patron de l'institution monétaire.
Le déconfinement va coûter 3 points de PIB
Dans ce contexte, il ne faut pas s'attendre à des miracles pour cette année et à cet égard, les estimations pour la croissance cette année et pour 2021 que la Banque de France annoncera le 9 juin devraient dépeindre un tableau assez sombre de la situation. « À plus long terme, il est difficile de mesurer le temps du retour à la normale ou au 'new normal' et l'on peut craindre certaines pertes durables de croissance potentielle », s'est alarmé François Villeroy de Galhau. Le gouvernement planche sur une hypothèse d'une contraction du PIB de 8% cette année.
Pas de monnaie magique
L'activité durant la deuxième quinzaine de mars, où les mesures de confinement ont été mises en place, a reculé de 32%. Elle s'est légèrement repris en avril (-27% tout de même) ; pour le mois de mai, la Banque de France a estimé une baisse de l'activité économique de 17%. Le gouverneur a aussi mis à mal l'idée d'une « dette souveraine perpétuelle » qui permettrait aux pays de s'endetter en ne payant que les intérêts, qui sont très bas actuellement. Un « mythe de monnaie magique », raille-t-il, car les investisseurs voudront des taux d'intérêt très élevés. Et pour cause : ils ne seront pas remboursés de l'argent prêté…