Delphine Batho et Laurence Parisot s’affrontent sur le gaz de schiste

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 5 juin 2013 à 11h06

Delphine Batho et Laurence Parisot étaient les invitées de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFM TV mercredi 5 juin pour un débat public sur la question du gaz de schiste. L'exploitation hydraulique est interdite en France depuis juillet 2011 mais la patronne du Medef estime qu'elle pourrait permettre de sortir de la crise. Nous avons suivi le débat en direct pour vous.

Sans surprise, Laurence Parisot et Delphine Batho ont défendu leurs positions respectives sans vraiment trouver un accord. La première prône l'assouplissement de la loi de juillet 2011 interdisant la technique de fracturation hydraulique sur le sol français tandis que la ministre est résolument contre.

Le problème, pour Parisot, est que cette loi est la seule qui interdise "ad vitam aeternam" exploitation amis aussi recherche. L'impossibilité de connaître réellement le potentiel français pose problème car elle empêche d'avoir un débat basé sur des chiffres. En effet, nous ne savons pas encore à cause de cette loi, selon Laurence Parisot, si l'exploitation peut être rentable en France, dont les réserves sont estimées à 5 100 milliards de mètres cube.

La technique de fracturation hydraulique a été, bien évidemment, au centre de la discussion. Pour Delphine Batho, cette technique pose problème en soi, position à laquelle Laurence Parisot s'oppose : si elle est bien réalisée, la technique de fracturation hydraulique n'est pas plus dangereuse ou polluante que toute autre activité industrielle. Laurence Parisot a même déclaré que ça ne la gênerait pas qu'un forage se fasse dans son jardin "si cela permet de relancer l'économie".

L'industrie, et surtout la compétitivité industrielle, sont un des enjeux. Mais là aussi, les deux femmes ont des positions opposées. Pour la ministre de l'Ecologie, le futur de l'industrie tient dans les énergie renouvelables et dans la "tendance verte". Elle considère fondamental de continuer les investissements en ce sens et estime que le modèle des Etats-Unis ne peut pas être un modèle en France. D'après la ministre, l'exploitation du gaz de schiste a d'ailleurs un effet négatif sur les renouvelables : une baisse des investissements de 37% aux USA et de 11% au niveau mondial a été enregistrée dans ce domaine.

La présidente du Medef a, de son côté, une position moins stricte. Si elle milite pour l'exploitation du gaz de schiste ce n'est pas pour abandonner l'énergie verte mais pour que les gaz de schiste "financent" le développement des renouvelables qui "ne peuvent pas tenir tous seuls".

Pourtant, au niveau de l'indépendance énergétique, les deux femmes tombent d'accord : il faut réduire la dépendance de la France face au géant gazier russe Gazprom. Delphine Batho veut donc développer les nouvelles formes de production de gaz, comme les biogaz. Laurence Parisot, de son côté, estime que le gaz de schiste pourrait effectivement réduire cette dépendance. Rappelons que c'est pour cette même raison que la Pologne s'est lancée dans l'exploitation du gaz de schiste.

Au final, aucun terrain d'entente n'a été trouvé entre la ministre de l'Ecologie et la présidente du Medef. Mais ce premier débat, trop court de l'aveu des participants, pourrait être le premier d'une longue série. Il paraît toutefois difficile que la position du gouvernement et celle du patronat puissent tomber d'accord.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio