De ces Sisyphes qui doivent faire rouler leurs dossiers

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Par Hervé Goulletquer Publié le 11 février 2019 à 10h45
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@shutter - © Economie Matin
+0,1%Le consensus table sur un « zéphire » de la croissance allemande de +0,1%.

Peut-on espérer que les dossiers des relations commerciales sino-américaines et du Brexit avancent cette semaine ? Dans le même temps, croissance et inflation seront au menu des points à suivre.

Les tensions commerciales entre le Chine et les Etats-Unis première préoccupation du marché

Il est assez clair que les tensions commerciales entre le Chine et les Etats-Unis restent la première préoccupation du marché. Il suffit de revenir sur la chronique boursière américaine pour illustrer le point. La tendance haussière depuis le début de l’année de l’indice S&P 500 s’interrompt le mardi de la semaine dernière avec le discours sur l’état de l’Union du Président Trump. Discutant des relations entre Washington et Pékin, n’affirme-t-il pas que tout nouvel accord commercial devra « inclure de réels changements structurels pour mettre fin à des pratiques déloyales, pour réduire notre déficit (bilatéral) chronique et pour protéger les emplois américains » ? De quoi conclure du côté du marché que la route menant à l’accord espéré est encore longue. Deux jours plus tard, c’est-à-dire jeudi, le locataire de la Maison Blanche annonce qu’il ne prévoyait pas de rencontrer son homologue chinois avant le 1er mars, fin de la période de trois mois de gel des augmentations de tarifs sur les produits made in China entrants aux Etats-Unis. Et d’ajouter que la rencontre était un préalable à tout accord. Au final, le S&P recule de près de 1% au cours de la séance.

La semaine qui s’ouvre va une nouvelle fois être marquée du sceau des discussions entre les officiels des deux pays. Le représentant-adjoint américain aux négociations commerciales internationales, Jeffrey Gerrish, est déjà à Pékin pour préparer le nouveau chapitre des négociations au niveau ministériel, qui se tiendra jeudi et vendredi prochains. Le tour de table serait peu ou prou le même que la fois précédente : Lighthizer et Mnuchin, côté américain et Liu He, côté chinois. Peut-être pour cultiver les anticipations positives, les rumeurs de presse évoquent ce matin une rencontre Trump – Xi autour du 15 mars.

On en est là. Au vu de l’importance du sujet, il est sans doute inévitable que le marché ait en la matière un comportement de « bouchon sur l’eau ». Gardons toutefois à l’esprit trois lignes de force : les négociations ne peuvent être qu’une succession de périodes de hauts et de bas ; si la partie commerciale des nouvelles relations sino-américaines à caler peut peut-être être conclue assez vite, régler les autres dimensions (autour des questions économiques et stratégiques) demandera beaucoup de temps ; pour des raisons de maintien de la croissance économique à un niveau suffisant, les deux pays ont besoin de retirer assez vite le sujet de leur dispute commerciale du devant de la scène.

Etre attentif aux implications d’une révision dans les calculs apportés par le département américain du Travail

Pour ce qui est des chiffres économiques, on s’intéressera cette semaine avant tout à l'inflation américaine et au PIB allemand. Les prix à la consommation de janvier aux Etats-Unis seront publiés mercredi. On s’attend à un ralentissement, qu’il s’agisse de l’indice d’ensemble ou du noyau dur. Avant tout pour des raisons d’effet-base. Il n'empêche qu’il faudra être attentif aux implications d’une révision dans les calculs apportés par le département américain du Travail. Un suivi plus fin des services de téléphonie mobile et de télévision sera introduit, avec une meilleure prise en compte des effets-qualité. Vers une révision baissière de l’inflation observées ces quelques derniers trimestres, voire ces quelques dernières années ? L’Allemagne a-t-elle été en récession « technique » au cours du quatrième trimestre 2018 (à savoir deux trimestres consécutifs de repli du PIB, qui devrait laisser place à un rebond, si possible durable, lors de la période suivante ?) ? On se souvient du recul de 0,2% en T3 ; les mauvaises performances de la production industrielle au cours des derniers mois de l’année font craindre un résultat une nouvelle fois décevant en T4. Le consensus table sur un « zéphire » de croissance (+0,1%), mais sans rejeter l’hypothèse d’une évolution plus défavorable. On le sait ; le cumul d’un commerce mondial moins porteur et d’une succession de problèmes ponctuels dans les branches industrielles ont pesé sur le tempo au second semestre de l’an passé. Cette conjonction n’est normalement pas appelée à se répéter. On croise les doigts !

C’est cette semaine (le 14 ?) que Theresa May doit rendre compte au Parlement des progrès dans les discussions avec Bruxelles de son Plan B de sortie de l’UE. Tout tourne autour de la question de la frontière entre l’Eire et l’Ulster ; mais aucun progrès n’est intervenu, au moins pour le moment. La Première ministre va-t-elle sonder l’hypothèse d’un changement d’option afin d’arriver à un accord ? A savoir étudier la proposition du leader travailliste, Jeremy Corbyn, d’une sortie avec maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière. Une nouvelle fois, à suivre !

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.