Dans tous les cas, rien de bien flamboyant... Les spécialistes s'écharpent sur quelques chiffres : les uns –qui portent la parole officielle, au ministère de l'Economie- prédisent que le PIB de la France va augmenter de 0,1% cette année, d'1,2% l'an prochain et ensuite de 2% par an entre 2015 et 2017. Ce sont du moins les prévisions contenues dans le programme de stabilité qui doit être présenté ce matin en Conseil des ministres. Et les politiques de Bercy semblent ne pas vouloir en démordre, semblant miser sur l'effet d'une prophétie auto-réalisatrice.
Les autres –qui portent une parole plus indépendante et à ce titre sans doute plus réaliste, comme le nouveau Haut Conseil des finances publiques ou le FMI- pensent que tout cela est bien joli mais ressemble davantage à des vœux pieux qu'à des réalités économiques.
D'après le HCFP donc, qui a remis hier son premier avis officiel au gouvernement, le PIB pourrait tout aussi bien reculer cette année, un scénario qui « ne peut pas être exclu ». En somme, la France risque d'entrer en récession. En outre, la croissance pourrait être bien inférieure à 1,2% en 2014, et pas forcément de 2% jusqu'à la fin du quinquennat. Oups ! « Les tensions au sein de la zone euro ne peuvent être considérées comme résorbées » et les ajustements budgétaires « sont loin d'être achevés » justifie notamment l'instance présidée par le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud.
Manque de chance pour le gouvernement, le FMI s'est lui aussi fendu d'une prévision pessimiste –ou réaliste ?- hier : d'après l'institution internationale dirigée par Christine Lagarde, la France entrera en récession en 2013, avec un PIB en recul de 0,1%... L'économie de la zone euro elle aussi devrait se contracter, avec un PIB en recul de 0,3% cette année, après une baisse de 0,6 % l'an passé. Et ce alors que le monde entier poursuit sa croissance économique : +3,3% en 2013, contre 3,2% l'an dernier, notamment grâce aux pays émergents (+5,6%) mais aussi aux Etats-Unis et au Japon.