Croissance : finalement le PIB a baissé au deuxième trimestre en France

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 26 septembre 2016 à 6h54
Croissance Baisse France Objectifs Gouvernement Insee T2 2016
cc/pixabay - © Economie Matin
1,5%Le gouvernement table toujours sur 1,5 % de croissance en 2016.

Mince alors ! L'Insee a réévalué la croissance de la France au deuxième trimestre 2016 et ce n'est pas une bonne nouvelle pour le gouvernement. Alors que l'Institut estimait la croissance nulle, ce qui ne faisait déjà pas les affaires de François Hollande et son équipe, la nouvelle risque de miner leur moral à quelques mois de la Présidentielle. Surtout, ce sont les objectifs affichés par Bercy qui vont avoir encore plus de mal à être atteints.

Et dire que François Hollande pensait possible 1,7 % de croissance en 2016

Dès la Loi de Finances 2016 adoptée en 2015 le gouvernement affichait un optimisme sans failles : la France aurait vu son PIB croître de 1,5 % en 2016. Une estimation souvent répétée et qui ne faisait pas l'unanimité : aucune des grandes institutions économiques n'y croyait. Ni Bruxelles, ni la Banque de France, ni l'OCDE ni même le FMI ne s'attendent à une telle croissance. Au mieux, elles tablent sur 1,4 % mais la plupart estime que la croissance sera de 1,3 % en 2016 pour l'Hexagone.

L'OCDE a même réitéré cette estimation dans ses dernières estimations mondiales de croissance : 1,3 % pour la France en 2016. Mais qu'importe : le gouvernement table toujours sur 1,5 %. François Hollande, quand il s'agissait d'annoncer le dernier cadeau fiscal de son quinquennat (annoncé pour 2 milliards d'euros et réduit finalement à 1 milliard) estimait même possible une croissance de 1,7 %. Le Président avait alors été ramené sur Terre par Bercy...

Baisse de la croissance au deuxième trimestre 2016

Dès la première estimation de croissance du deuxième trimestre 2016, la douche avait été froide : l'Insee annonçait une croissance nulle. Après 0,7 % de croissance au premier trimestre qui n'avait pas manqué de donner confiance à l'équipe gouvernementale, c'était dur. Mais Bercy et l'Elysée n'ont pas lâché l'affaire et ont continué à annoncer 1,5 % de croissance pour la France.

Le 23 septembre 2016 l'Insee offre une deuxième douche froide, cette fois glaciale, à François Hollande et Michel Sapin : non seulement le PIB de la France n'a pas augmenté au deuxième trimestre mais, en fait, il a même reculé. La croissance révisée fait état d'une baisse de 0,1 % du PIB. Voilà qui risque de compliquer les choses.

Michel Sapin confirme ses prévisions, l'ombre de Bruxelles plane...

Dans la foulée de l'annonce de l'Insee, Michel Sapin s'est voulu rassurant et estime que "tout ceci ne remet absolument pas en cause les prévisions de croissance de l'ordre de 1,5 % pour 2016 et 2017". Bercy précise même que si la croissance est nulle sur l'ensemble du deuxième semestre 2016, l'acquis de croissance sera tout de même de 1,1 % sur l'année (tous les trimestres n'ont pas la même importance).

Reste que cette annonce fait des dégâts. Non seulement la croissance est repartie mais en plus le gouvernement a pris des engagements de réduction du déficit auprès de Bruxelles et ces engagements sont directement liés à la croissance : si elle n'atteint pas au minimum les 1,5 % prévus dans la Loi de Finances en 2016 le déficit, au lieu de se réduire, augmentera.

Bruxelles attend au tournant : la Commission Européenne, qui a déjà donné deux délais à la France pour réduire son déficit sous les 3 % du PIB, a tapé du poing sur la table et annoncé clairement que si en 2017 le déficit de l'Hexagone est toujours trop élevé, une grosse amende lui sera infligée.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio