Hier je vous parlais très brièvement du débat qu’il y avait au début de la crise « financière » sur le type de reprise que nous aurions. Je me suis donc amusé à rechercher les brillants articles que l’on nous servait à l’époque. C’était à l’été 2009, il y a 3 ans, une éternité par les temps qui courent.
Comme vous le savez, certains me trouvent un tantinet pessimiste (surtout ma femme qui n’aime pas les mauvaises nouvelles mais il me semble vous l’avoir déjà dit). A ce terme, je préfère évidemment celui de réaliste et de lucide, mais c’est un autre débat. Ce que je veux démontrer aujourd’hui, c’est que finalement les « nouvelles » officielles sont toujours beaucoup plus optimistes que la réalité.
Depuis 5 ans donc, 2007, nous sommes dans la crise économique la plus grave que le monde capitaliste ait connu depuis celle de 1929. Rien ne dit d’ailleurs qu’elle ne sera pas plus dramatique.
L’Expansion est un journal économique de qualité, pour ne pas dire l’une des références dans le paysage de la presse actuelle. Le 25 août 2009, l’Expansion signait un article intitulé : U, V, W… L’abécédaire de la sortie de crise par Florence Méréo.
Voilà le festival d’imbécilités « sérieuses » auquel nous avions droit à l’époque. Ces articles ont toujours pour objectif :
1/ d’en dire assez pour pouvoir dire qu’on l’avait quand même envisagé,
2/ évoquer le pire pour le balayer de la main aussitôt en disant que cela ne se produira pas,
3/ nous servir un scénario plutôt optimiste et positif pour « monter » le moral des consommateurs/épargnants etc… au cric,
4/ continuer à vendre des pleines pages de publicité pour les banques, compagnies d’assurance et les placements que ces sociétés souhaitent nous vendre. Il faut être conscient qu’un article disant que tout va s’effondrer et que c’est la fin du monde économique aura du mal à faire le plein d’annonceur. C’est avant tout dans cette cause profonde que se trouve le principal biais d’optimisme béat de ce que l’on appelle la presse économique ou financière.
Allez, trop de bavardages, voici les perles de cet article.
« La reprise mondiale a commencé ». La bonne nouvelle vient du FMI mais les économistes restent prudents sur les différents schémas de sortie de crise. Sera-t-elle durable, intensive ou éphémère ? LExpansion.com esquisse les différents scénarios possibles.
Le scénario le plus probable en 2009 pour l’Expansion:
« U… le plus probable
Le scénario le plus probable, c’est une reprise en U, c’est-à-dire que les pays vont rester dans le creux sur une longue période avant de voir repartir leurs économies. Ce serait le cas en France, selon le Premier ministre François Fillon, mais aussi aux Etats-Unis où l’accumulation des dettes risquent de laisser place à une période de désendettement et donc de stagnation de la consommation. Dans un article du Financial Times, l’économiste américain Nouriel Roubini opte pour ce schéma de croissance : « Il y a ceux -comme moi – qui croient qu’elle aura la forme d’un U, anémique et inférieure à sa tendance pour au moins deux ans ». Il était l’un des seuls à avoir prévu l’éclatement de la crise financière, il y a un an… »
En bref, après plusieurs trimestres de croissance rapide, la tendance s’inverserait durablement. Nouriel Roubini s’appuie sur les chiffres du chômage qui, « dans les économies développées, sera supérieur à 10 % en 2010″ pour appuyer son propos. Le manque d’emplois, la crise de la solvabilité – qui va « limiter la capacité des banques à prêter, des ménages à dépenser et des sociétés à investir » – et l’endommagement à la base du système financier, autant d’arguments qui justifient, selon lui, une croissance stagnante et très lente sur une période relativement longue.
Les différents plans de relance mondiaux mis en place ont relancé l’économie mais ne seront pas éternels…
Sur son blog Béquilles, le journaliste suisse Jean-Claude Péclet semble pencher pour le même scénario. Il met en avant l’épuisement prochain des aides publiques déployées pour tirer l’économie vers le haut : « N’oublions pas toutefois qu’en automne dernier, les gouvernements ont décidé dans l’urgence des programmes de relance d’une ampleur jamais vue, qui déploient leurs effets en ce moment, par exemple les primes à la casse pour les voitures. Ces programmes ne dureront pas éternellement ». Une économie dopée par l’automobile associée à une « politique monétaire (…) extraordinairement accommodante » ont permis à la mayonnaise de prendre mais la rechute risque d’être autant plus dure lorsque les mesures temporaires vont s’épuiser.
W… à ne pas exclure
Un deuxième schéma possible se dessine, celui d’une reprise en W. Comme sa courbe l’indique, le « W » fait un peu l’effet d’une montagne russe où les décrochages succèdent aux rebonds.
V… peu d’espoir
Il y a aussi les optimistes, qui croient en un redémarrage rapide de l’économie. On appelle cela une reprise en V, précise, rapide, durable. Trop beau pour être vraie en France et en Europe, au vue de la conjoncture. Les Etats-Unis, « au centre de la reprise » selon le FMI, ne semblent pas non plus pouvoir jouir d’une telle embellie car les plans de soutien aux marchés financiers vont finir par s’atténuer et sans doute inverser le rythme de croissance.
En revanche, les pays asiatiques pourraient jouer les premiers rôles dans ce genre de scénario. Comme le constate dans un billet posté sur le blog de Lupus, Jean-Pierre Petit, stratégiste de marché, leur redémarrage est net et vigoureux : « La première zone à émerger nettement et franchement de la crise est incontestablement l’Asie, en raison notamment d’un moindre endettement privé et public qu’en Occident, d’une relative solidité des systèmes bancaires, de politiques économiques ambitieuses et assez efficaces. Dans les quatre pays asiatiques qui ont publié leurs comptes du 2ème trimestre (Chine, Indonésie, Corée du Sud et Singapour), le PIB a progressé en rythme annualisé de plus de 10 % ».
L… sans doute pas, et heureusement !
Pour lire la suite, cliquez ici.