Pourquoi sauver l’euro ?

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Par Jean-Paul Betbèze Modifié le 22 juin 2012 à 2h53

Parce qu'il est bien moins coûteux de le réparer maintenant que de le laisser tomber, pour le reprendre, éventuellement, plus tard, bien plus tard...

Plus tard, bien plus tard, le dollar sera en effet en opposition frontale avec la monnaie chinoise, le Yen s'étant lié à elle. Et la livre sterling sera à ce moment accrochée officiellement au dollar, sachant que c'est officieux aujourd'hui. Le monde sera bimonétaire, la part de marché d'un nouveau (et troisième) venu devenant par construction faible, sa capacité politique plus limitée, d'autant que son track record, après l'échec significatif de l'euro, sera catastrophique.

En comparaison d'avec ce «choix» de la disparition historique de l'Europe de la scène monétaire mondiale, avec certes ses avantages (la crédibilité du dollar, l'autre monnaie du monde) et surtout ses risques (à savoir l'ajustement sur une autre conjoncture et sur un système économique et social bien plus souple que le nôtre), il faut mesurer les efforts qui restent à faire si on veut se développer au mieux, autrement dit en fonction de notre histoire, de nos moyens et de notre stratégie.

Ces efforts sont doubles. D'un côté, il faut mettre en place une modernisation concertée des organisations publiques en zone euro, autrement dit coupler baisse des coûts publics et efficacité publique accrue. C'est affaire de modernisation, formation, simplification, comparaisons des pratiques et des structures... D'un autre côté, il faut accroître la croissance potentielle, autrement dit mobiliser plus de moyens techniques et humaines, flexibiliser les marchés, susciter la prise de risque, et sa rémunération.

En d'autres termes, il nous faut combiner modernisation publique et modération salariale, pour prélever moins, pousser à embaucher plus, innover davantage. Et pour permettre de prendre plus de temps dans ses ajustements et d'éviter ainsi les excès, et les erreurs, de l'austérité, il nous faut mobiliser la politique monétaire et des programmes de soutien à la croissance à moyen terme.
Au fond, nous devons nous adapter au monde, et comprendre que c'est plus facile de le faire avec l'euro que sans lui.

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Jean-Paul Betbèze est PDG de Betbèze Conseil, membre de la Commission Economique de la Nation et du Bureau du Conseil national de l'information statistique (France), du Cercle des économistes et Président du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Professeur d'Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon-Assas), il a été auparavant chef économiste de banque (Chef économiste du Crédit Lyonnais puis Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et membre pendant six ans du Conseil d'Analyse économique auprès du Premier ministre. Il est l'auteur des ouvrages suivants:· "Si ça nous arrivait demain..." aux éditions Plon, Collection Tribune Libre· "2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France" aux Editions PUF, 2012.. "Quelles réformes pour sauver l'Etat ?" avec Benoît Coeuré aux Editions PUF, 2011.. "Les 100 mots de l'Europe" avec Jean-Dominique Giuliani aux Editions PUF, 2O11. "Les 100 mots de la Chine" avec André Chieng aux Editions PUF, 2010. Son site : www.betbezeconseil.com