Parce qu'il est bien moins coûteux de le réparer maintenant que de le laisser tomber, pour le reprendre, éventuellement, plus tard, bien plus tard...
Plus tard, bien plus tard, le dollar sera en effet en opposition frontale avec la monnaie chinoise, le Yen s'étant lié à elle. Et la livre sterling sera à ce moment accrochée officiellement au dollar, sachant que c'est officieux aujourd'hui. Le monde sera bimonétaire, la part de marché d'un nouveau (et troisième) venu devenant par construction faible, sa capacité politique plus limitée, d'autant que son track record, après l'échec significatif de l'euro, sera catastrophique.
En comparaison d'avec ce «choix» de la disparition historique de l'Europe de la scène monétaire mondiale, avec certes ses avantages (la crédibilité du dollar, l'autre monnaie du monde) et surtout ses risques (à savoir l'ajustement sur une autre conjoncture et sur un système économique et social bien plus souple que le nôtre), il faut mesurer les efforts qui restent à faire si on veut se développer au mieux, autrement dit en fonction de notre histoire, de nos moyens et de notre stratégie.
Ces efforts sont doubles. D'un côté, il faut mettre en place une modernisation concertée des organisations publiques en zone euro, autrement dit coupler baisse des coûts publics et efficacité publique accrue. C'est affaire de modernisation, formation, simplification, comparaisons des pratiques et des structures... D'un autre côté, il faut accroître la croissance potentielle, autrement dit mobiliser plus de moyens techniques et humaines, flexibiliser les marchés, susciter la prise de risque, et sa rémunération.
En d'autres termes, il nous faut combiner modernisation publique et modération salariale, pour prélever moins, pousser à embaucher plus, innover davantage. Et pour permettre de prendre plus de temps dans ses ajustements et d'éviter ainsi les excès, et les erreurs, de l'austérité, il nous faut mobiliser la politique monétaire et des programmes de soutien à la croissance à moyen terme.
Au fond, nous devons nous adapter au monde, et comprendre que c'est plus facile de le faire avec l'euro que sans lui.