Le creux de la vague ?

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Par Emmanuel Auboyneau Publié le 1 juillet 2020 à 17h33
Krach Bourses Crise Economique Marches
@shutter - © Economie Matin
10%Aux États-Unis, l'épargne des ménages équivaut à 10% du PIB trimestriel.

La poursuite du redressement économique dans le monde dépend de la maîtrise du Covid-19. Entre fin de la première vague et absence de seconde vague, nous restons sur une séquence où le médical continue de piloter l’économie.

Les Etats-Unis connaissent une résurgence du coronavirus dans les Etats du sud, qui fait craindre des mesures de reconfinement. Jusqu’à ce jour le rebond économique n’est pas remis en cause, conforté par des indicateurs avancés de confiance en forte hausse, laissant augurer d’une reprise en « V » de l’industrie. Mais l’importance de la relation entre le virus et l’économie a été mise en avant par Jerome Powell, Président de la Réserve Fédérale (Fed). La consommation, qui était le fer de lance de la croissance américaine avant la crise sanitaire, est aujourd’hui l’enjeu principal pour la reprise future du PIB. Du fait des mesures de confinement, le taux d’épargne s’est apprécié depuis trois mois (500 milliards de dollars, soit 10% du PIB trimestriel) et pourrait, si la confiance revient, provoquer un choc positif de consommation. Nous sommes donc condamnés à court terme à scruter les chiffres américains de contamination en espérant pour tous une stabilisation prochaine.

La Chine et l’Europe ont géré cette crise sanitaire de manière plus rigoureuse, et on constate aujourd’hui une amélioration notable du sentiment économique. La reprise en Chine est plus avancée, le pays ayant deux mois d’avance en termes de déconfinement. L’industrie repart fortement et reste le moteur de la croissance chinoise. En Europe, les instituts de prévisions restent pessimistes mais pourraient rapidement évoluer à mesure que les chiffres post confinement confirmeront l’amélioration conjoncturelle. Les indicateurs avancés (IFO en Allemagne et perspectives de production en France) sont en forte hausse et la consommation repart progressivement. Là aussi l’épargne disponible a progressé depuis trois mois et pourrait favoriser les futures dépenses de consommation. En revanche, tout un pan de l’économie, lié au tourisme et aux loisirs, sera durablement affecté et contribuera négativement à la croissance.

Le soutien des autorités budgétaires et monétaires va subsister de longs mois

Quels que soient les rythmes de reprise dans les différentes régions du monde et les améliorations sur le front sanitaire, il est clair que le soutien sans faille des autorités budgétaires et monétaires va subsister pendant de longs mois. Le risque d’une telle politique pourrait être à court terme une résurgence inflationniste. Mais la digitalisation galopante dans le monde est un élément structurellement désinflationniste. Tout peut désormais être comparé, et cela favorise l’ajustement des prix sur le moins cher. La baisse du pétrole contribue également à freiner la hausse des prix. On a donc le sentiment que, le jour où la pandémie disparaîtra (traitement, vaccin) ou, à défaut, sera maîtrisée, des vents puissants pousseront l’économie mondiale vers le haut. Notre vague à l’âme se transformera en vagues à lames favorisant la croissance.

Nous acceptons la volatilité liée à la crise sanitaire, estimant que les forces de rappel en cas de baisse des marchés sont actuellement trop puissantes pour prendre le risque de rester à l’écart des rebonds. L’évolution du coronavirus dans le monde reste bien sûr un facteur important dans nos prises de décisions. Une résurgence de la pandémie nous conduirait certainement à réduire provisoirement nos positions en actions.

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Emmanuel Auboyneau est gérant associé chez Amplegest.