Les territoires qui portent les ETI allemandes sont reconnus pour partie prenante dans le succès de ces entreprises. Les économistes leur attribuent en effet à longueur d’études comparatives la sérénité qui émane des entreprises industrielles d’outre-Rhin.
Qu’en est-il en France ? Si la prise de conscience est sans doute plus tardive, il semble bien que le territoire soit devenu, au moins depuis le début de la crise sanitaire, un acteur essentiel de la réussite des entreprises.
Le territoire est donc à la mode ! Ce n’est au fond que justice, tant il contribue à la résilience des organisations et à la dynamique des écosystèmes.
Le territoire, espace de mixité économique
Le territoire est d’abord un lieu, un espace. Tautologie ? Voire ! L’époque où l’on a vanté l’industrie sans usines et la mondialisation sans racines n’est pas si lointaine. Rappelons-le avec force : la relation clients/fournisseur se nourrit de culture partagée, de références échangées et de rencontres, les plus réelles possibles en fonction des contextes et des époques.
C’est vrai en BtoB et c’est vrai en BtoC. L’essor du désir de consommation locale et le succès des marques territoriales attestent de la prise de conscience des habitants de la valeur des savoir-faire qui les entourent. 63 % des Français1 revendiqueraient de consommer le plus possible de produits locaux « pour soutenir l’économie ».
Le territoire offre précisément cet espace où s’incarnent les réseaux de proximité. Ce quelque part où l’on se rencontre, se découvre, s’enrichit de l’identité de l’autre. Les affaires sont plus faciles à conclure quand on a pris le temps de se découvrir mutuellement. Et le territoire n’est pas pour rien dans la construction d’une personnalité d’entreprise originale.
Bien plus, cette interaction attentive avec l’économie réelle proche devient stratégique quand les voies lointaines se referment. Le territoire se révèle alors non seulement comme le théâtre des affaires conclues mais aussi comme celui des solidarités durables. Quand une entreprise se recentre, c’est sur son territoire et sur les territoires proches. Et quand une majorité d’entreprises se recentrent, c’est tout un territoire qui se redécouvre champ des possibles économiques ! De résistance puis très rapidement d’invention. Le rebond économique actuel, et, je le crois, le rebond du rebond, y puisent assurément une vitalité inédite.
Le territoire, source de personnalité et de compétitivité des organisations
Espace de connexion pour les acteurs qui jouent le jeu de la proximité, le territoire est aussi un substrat qui nourrit chaque organisation qu’il porte. À tout le moins chaque organisation qui fait l’effort de regarder le territoire qui l’entoure comme une richesse. Non pas une richesse à détourner mais une richesse à cultiver.
La promesse du territoire est multiple. Parlons d’abord des femmes et des hommes. Celles et ceux qui inventent, qui consomment, qui produisent. Qui contribuent par leur talent et leur engagement à la réussite des entreprises. Le télétravail qui se développe ne change rien à l’affaire. Une organisation qui s’installe durablement et efficacement dans le travail à distance est une organisation qui sait étendre son territoire. Car le territoire n’est pas administratif, il est échange.
De plus en plus, alors que l’énergie devient locale et le développement résolument durable, le territoire est non seulement source de compétitivité mais aussi d’énergie. C’est d’ailleurs souvent la même chose. À nous, entrepreneurs, de réfléchir avec nos territoires à la meilleure façon de laisser une empreinte qui ne soit pas carbone. Les pistes existent. Sage, pour sa part, a lancé un projet pour donner aux acteurs et aux territoires des moyens beaucoup plus précis pour jalonner leurs progrès dans cette direction.
Le territoire, partenaire engagé en innovation et en développement
Enfin, les territoires qui portent nos activités économiques ne se contentent pas de nous offrir un potentiel de croissance durable. Ils font beaucoup plus en adoptant une politique ambitieuse de création de richesses nouvelles. Ils se projettent en locomotives dans la solidification des chaînes de valeur. En acteurs de leur indépendance stratégique.
L’attractivité, la redécouverte de savoir-faire oubliés, la mise en relation d’expertises jusqu’alors isolées grâce aux pôles de compétitivité façonnent des vocations et tissent des liens nouveaux. Portée en outre par une volonté politique pro-entreprises et pro-innovation, à tous les niveaux des territoires, la prise de conscience de la capacité locale à infléchir le destin économique est spectaculaire.
Le plus important à mes yeux est le désir manifeste des territoires de s’insérer et non de s’isoler. Encouragés par l’Union européenne et chacun des États, les territoires nouent des partenariats, construisent ensemble des chaînes d’autant plus pérennes qu’elles sont pensées à la bonne échelle. Le digital, dans ce qu’il propose de connexions, de capacité à être ensemble même à distance, n’est évidemment pas totalement étranger à la montée en puissance collective des territoires. À nous, entreprises du numérique, de savoir proposer un Cloud qui libère et rapproche.
En conclusion, après les périodes de délocalisation, les pressions à la relocalisation, peut-être sommes-nous à l’aube de la localisation, tout simplement. Être de ‘’quelque part’’ est une force. Être de plusieurs ‘’quelque part’’ est une richesse.
Cultiver sa relation au(x) territoire(s) est un levier de compétitivité. À nous, entreprises, de préserver l’environnement de nos territoires, d’y stimuler la créativité pour entretenir la création de valeur locale et de contribuer à leur réputation.
Vive le local, nouvelle base du rayonnement mondial !
1 Ipsos – avril 2020