Initialement censée se dérouler en Argentine et en Colombie en 2020, la Copa América avait tout d’abord été repoussée, à l’image des autres évènements de grande envergure prévus l’année dernière, en raison de la crise du covid-19. Or, si les dates ne devraient à priori plus changer, la compétition latino-américaine serait sur le point de connaitre un nouveau rebondissement, et avoir finalement lieu au Brésil pour des raisons bien plus économiques et sécuritaires que sanitaires.
L’une des plus importantes compétitions sportives du continent latino-américain est censée avoir lieu dans moins de deux semaines, et pourtant, à l’heure où les pays organisateurs ont pour habitude de clore les derniers détails, cette fois-ci, les différents acteurs sont dans l’expectative : où la compétition aura-t-elle lieu ?
La Colombie et l’Argentine ont dû se désister, officiellement, pour des raisons sanitaires, mais il ne s’agit bien entendu que d’une excuse dissimulant une situation bien plus complexe.
Côté colombien, cela fait environ un mois que les problèmes sécuritaires se sont ajoutés aux difficultés économiques déjà bien présentes dans le pays. Particulièrement touchée par la crise du covid-19, la nation sud-américaine a connu une importante chute de son PIB en 2020 (-6,8%) et compte désormais plus de 42,5% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Afin de tenter de relancer l’économie, son président, Ivan Duque, souhaitait mettre en place de lourdes réformes fiscales qui auraient eu un impact direct sur les biens et services de première nécessité : une décision qui a mis le feu aux poudres dans les principales villes du pays, rendant l’hébergement de la Copa América bien trop complexe.
En ce qui concerne l’Argentine, le retrait était prévisible : cela fait maintenant plusieurs années que le pays est enlisé dans les difficultés économiques. Crises, inflations et hyperinflations se succèdent à un rythme effréné : au cours de ces douze derniers mois, l’inflation a d’ailleurs dépassé la barre des 42%, en 2019, elle était de 54%, et en 2020, elle était de 36%. A titre de comparaison, seul le Venezuela fait pire sur ce même continent. Ainsi, la volonté initiale des dirigeants argentins d’héberger la compétition est bien plus incompréhensible que leur volonté d’y renoncer.
Désormais, la Copa América 2021 semble donc reposer sur le Brésil, qui pourtant, hésite également, tant la crise sanitaire continue de faire des ravages. D’un côté, ce pays dispose à la fois des infrastructures et de l’expérience nécessaire afin d’organiser un tel évènement, comme l’a récemment souligné Alejandro Dominguez, président de la Conmebol.
D’un autre, même si les précautions nécessaires devraient être prises, une simple comparaison statistique du nombre de cas et de décès liés au covid-19, démontre combien le prétexte sanitaire avancé par la Colombie et l’Argentine ne tient pas, et laisse surtout présager le pire.