Contribution Climat énergie : le diesel au même prix que l’essence, une folie économique

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Par Jean-Luc Ginder Modifié le 29 novembre 2022 à 9h16

Depuis longtemps, la France a adopté une politique visant à favoriser le développement du diesel par le biais du gasoil moins cher.

A ce jour, 7 voitures vendues sur 10 sont des « diesels ». Augmenter le prix du gasoil serait donc un coup dur autant pour les constructeurs que pour les consommateurs.

Folie économique par excellence !

Que vaut l'argument « Contribution Climat Energie » alors que contribuables et entreprises ont un nécessaire besoin de relâche fiscale ? Car il est bien question ici d'une nouvelle augmentation d'impôt et non d'un « verdissement » d'impôt. En effet il faut noter 17 cts d'écart au profit du gasoil par rapport au prix de l'essence et cela est la conséquence des taxes spécifiques pour les carburants (44 cts pour le gasoil seulement et 61 cts pour le SP95 ). Cela se traduit par un écart de 21 cts à la pompe après avoir ajouté la TVA, c'est à dire, pour le mois dernier un coût moyen de 1,365 E/L pour le diesel et de 1,573 E/L pour le SP95.

C'est pour cela que l'idée d'augmenter la taxe, même derrière un très louable sentiment « vert », c'est prendre le sérieux risque de « plomber » définitivement l'économie française avec arrêt de la consommation et accélération du chômage.
On ne peut pas ignorer l'élément de base que représente la part du diesel dans le parc de véhicules. En 1980, elle était de 4,7%. Elle est passée à 59,8% en 2011 et s'est stabilisée en des termes d'immatriculations à 72% entre 2011 et 2012. Si on intègre camions et autocars qui fonctionnent avec un moteur diesel, la part du gazole en France atteint 80% de la consommation.

Il est une évidence que relever le prix du diesel équivaut à ponctionner lourdement la classe moyenne active en apportant une coupe dans son pouvoir d'achat. Et c'est surtout tuer économiquement les actifs pauvres. Et c'est aussi frapper lourdement les petites entreprises en précipitant la fonte des dernières marges. Et je n'ose pas parler des milliers d'emplois mis en péril dans le secteur automobile français.

Faisons le calcul

En France, on consomme 10 litres de diesel par seconde soit 32,9 millions de tonnes par an. En mettant le diesel au même prix que l'essence, l'Etat prélèvera sur les 38 703 560 000 litres de diesel consommés par an, multipliés par l' augmentation de 21 cents (TVA incluse) la somme de 8 127 747 600 euros aux automobilistes et entreprises.

C'est une folie, que la nature elle-même n'oserait pas cautionner car il faut savoir qu'aujourd'hui, les cours de pétrole s'embrasent sur les marchés à l'annonce d'une éventuelle intervention militaire occidentale en Syrie.

Les folies s'accumulent-elles ou se cumulent-elles ?

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).