Le Congrès du Parti communiste chinois marquera-t-il le retour de la croissance?

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Par Stéphane Monier Publié le 12 octobre 2022 à 5h12
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0,4%L'économie chinoise a crû de 0,4% au deuxième trimestre 2022

Le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui débute le 16 octobre 2022, devrait confirmer le président Xi Jinping pour un troisième mandat historique. En théorie, cet événement ne fait qu'officialiser des départs à la retraite et des promotions prévus de longue date. Pourtant, une fois confirmées, les nouvelles nominations devraient ouvrir la voie à des politiques sanitaires et industrielles plus pragmatiques, améliorant les perspectives économiques et d'investissement pour 2023.

Le Congrès quinquennal choisira les 200 membres de son Comité central qui, à son tour, désignera les dirigeants du Politburo du PCC, le sommet du pouvoir chinois. À cette occasion, le PCC réélira très probablement le président Xi à la tête du parti et confirmera d'autres postes clés au sein du parti, qui seront ensuite répercutés au niveau du Conseil d'État (cabinet), des ministères et des gouvernements provinciaux. Ces procédures modifieront la majeure partie du Comité central du PCC via des promotions, des départs à la retraite et des nominations. Tandis que le troisième mandat du président Xi créera un précédent, le PCC maintiendra des âges informels de nomination et de départ à la retraite et les appliquera pour renouveler trois postes sur cinq au sein de son Comité central. Le vice premier ministre Liu He, qui dirige la Commission de développement et de stabilité financière, prendra sa retraite, ainsi que probablement le Premier ministre Li Keqiang, qui ne peut guère monter plus haut dans la hiérarchie.

Après les défis inattendus de 2022, ces changements permettront au président Xi et au bureau politique d'écrire un nouveau récit sur l'économie. Une fois le Congrès terminé, nous pensons que le PCC signalera un retour à la croissance dans ses politiques économiques et sanitaires pour 2023.

Deuxième objectif du centenaire

Le PCC, qui a fêté son centième anniversaire en 2021, s'est fixé comme « deuxième objectif » de transformer la Chine en « grand pays socialiste moderne » d'ici 2050. Le parti s'est également engagé à « doubler » la taille de l'économie chinoise d'ici 2035, une ambition impliquant que le pays devra maintenir des taux de croissance d'environ 4% par an durant la décennie à venir.

L'impulsion pourrait venir de l'assouplissement de l'obstacle immédiat que constitue la politique « zéro Covid ». Officiellement, ce pays qui compte 1,4 milliard d'habitants n'a enregistré que 2,8 millions de contaminations et 15 400 décès, soit une fraction du bilan observé dans le reste du monde. En vertu de cette politique, les autorités chinoises ont tenté d'éradiquer chaque foyer de Covid par des mesures de confinement, d'isolement forcé et de restrictions de voyage strictes. La politique sanitaire a également isolé la Chine du reste du monde. La semaine dernière, Bloomberg a rapporté que seuls 150 vols internationaux ont atterri ou décollé de Chine le 3 octobre, contre 2 700 le même jour il y a trois ans.

Certes, les restrictions ont commencé à rencontrer une certaine résistance parmi les citoyens, mais le pays n'avait guère le choix. Sa population vieillissante est relativement mal protégée par les vaccins nationaux. Les mesures de réouverture sont limitées. Les « régions administratives spéciales » de Hong Kong et de Macao ont toutes deux levé certaines restrictions, faisant office de test pour l'ensemble du pays, tandis que certains hauts responsables du PCC ont voyagé ou sont apparus sans masque lors d'événements publics. Si le PCC parvient à assouplir sa politique de lutte contre le Covid en 2023, un frein à la croissance et à la productivité serait levé.

Moteurs de la croissance intérieure et immobilier

Le besoin de changement politique ne se limite pas au domaine de la santé. Avec le ralentissement de la demande mondiale de produits chinois de la part de ses partenaires commerciaux, la Chine nécessite des moteurs de croissance intérieurs pour compenser le probable recul de ses exportations et atteindre ses objectifs économiques. Dans les secteurs impactés par des mesures réglementaires répressives et par l'austérité macroéconomique, l'action évidente à entreprendre est l'assouplissement, voire l'annulation de certaines mesures.

Le gouvernement doit clairement stabiliser le marché immobilier, qui représente plus d'un cinquième du produit intérieur brut (PIB). Ce marché est aussi politiquement sensible. Les Chinois ont investi une grande partie de leur patrimoine pour financer leur logement. En outre, depuis un an, le prix des nouveaux biens immobiliers n'a cessé de baisser. Le gouvernement a assoupli les taux hypothécaires, l'accès aux crédits ainsi que diverses restrictions à l'achat de logements afin de soutenir la demande, et a commencé à autoriser l'accès au marché obligataire national. Certains rapports indiquent également qu'il a demandé aux grandes banques d'accorder des crédits aux promoteurs pour leur permettre de terminer les projets inachevés. Nous nous attendons à la poursuite de ces efforts.

La politique industrielle et commerciale de la Chine sera le prochain obstacle à franchir. La Chine est le principal producteur mondial, et le globe dépend de ses exportations de machines. Depuis des années, le pays tente de faire évoluer son économie vers une demande plus axée sur le marché intérieur. La pandémie a convaincu les pays occidentaux de l'intérêt de relocaliser davantage de matières premières, de composants et de produits finis. Les défis géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine, accélèrent la tendance mondiale à la diversification au détriment de la Chine, tout en intensifiant les efforts pour augmenter l'autosuffisance des pays dans les technologies stratégiquement sensibles. En toute logique, la réponse de la Chine consistera à soutenir ses activités industrielles et ses investissements, et à lever l'obstacle de la politique sanitaire.

Croissance en 2023

L'économie chinoise a crû de 0,4% au deuxième trimestre 2022, et a probablement progressé en septembre, l'indice des directeurs d'achat (PMI) du pays étant passé de 49,4 à 50,1 – la première hausse depuis deux mois – ce qui indique une expansion économique. Nous nous attendons à ce que la Chine enregistre une croissance du PIB de 3,3% en 2022, inférieure à son objectif officiel de 5,5%, et une expansion de 5,5% en 2023. Ces prévisions dépendent d'une réouverture graduelle dès début 2023 et de mesures de soutien budgétaire et monétaire supplémentaires.

Après une politique d'austérité budgétaire équivalant à 4,7% du PIB en 2021, Pékin a pris des mesures de relance représentant 2,9% du PIB, soit les plus importantes de la décennie après les mesures adoptées durant la pandémie en 2020. Si les vents contraires à la croissance devaient s'intensifier davantage en 2022, le gouvernement pourrait dépenser encore plus pour préserver le rebond.

Afin de stimuler la croissance, la Banque populaire de Chine (PBoC) a réduit les taux d'emprunts et les taux interbancaires et augmenté la liquidité dans l'économie, alors même que d'autres banques centrales combattent l'inflation en relevant les taux directeurs. La politique monétaire devrait rester accommodante alors que la Chine continue à restructurer son secteur immobilier et à gérer le déclin de ses échanges commerciaux.

Bénéficier de la réouverture, mesures de soutien

Durant la majeure partie du premier semestre 2022, la Chine a bénéficié d'un excédent courant qui a réduit la sensibilité du renminbi à l'appréciation du dollar américain. Cependant, le pays a connu d'importants flux de portefeuille sortants, les investisseurs étant en quête de rendements plus élevés libellés en dollars et l'affaiblissement plus récent des exportations chinoises ayant eu raison d'une partie de la résistance relative de la devise. En conséquence, à l'instar de nombreuses autres devises, le renminbi se déprécie par rapport au dollar. Si l'assouplissement des politiques sanitaires devrait soutenir la croissance en 2023, la reprise du tourisme chinois à l'étranger pourrait affaiblir le renminbi en générant des sorties de capitaux. Les mesures récentes destinées à défendre la devise, comme la détermination du taux de change par la PBoC, visent toutes à freiner le rythme de la dépréciation. Nous tablons sur un taux de change USD/RMB de 7,15 à un horizon de douze mois.

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Stéphane Monier est Chief investment officer chez Lombard Odier.

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