Le prix à payer du conflit russo-ukrainien

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Par Christopher Dembik Modifié le 29 novembre 2022 à 10h11

Le bras de fer engagé par Vladimir Poutine avec l’Ouest risque de coûter cher à l’économie russe. Bien plus que l’escapade géorgienne d’août 2008.

La sanction immédiate ne s’est pas faite attendre. Les valeurs russes sont toutes en chute libre : le rouble, mais également l’indice MICEX, à tel point que la banque centrale a été contrainte d’intervenir en urgence en remontant d’un point et demi de pourcentage son principal taux directeur à 7%.

Action nécessaire mais qui risque d’hypothéquer la prévision de croissance officielle de 2% pour cette année et faire entrer le pays dans un cycle de récession si aucune réforme économique n’est engagée dans les mois à venir pour rassurer les investisseurs.

Dans l’immédiat, le conflit larvé qui débute à peine pourrait avoir un impact qui aille bien au-delà des frontières de la Russie et de l’Ukraine. Déjà, des tensions sont perceptibles sur les monnaies d’Europe Centrale et Orientale, zloty en tête, qui avaient été épargnée par les aléas géopolitiques de la semaine dernière.

Une fois la surprise passée, les marchés commencent à identifier les actifs à risque. En particulier les valeurs bancaires. Les banques françaises détiennent une partie de la dette ukrainienne mais le réel risque pour elles a trait à l’évolution financière en Russie.

Renault, Tarkett ou les bancaires Société Générale et BNP Paribas ont toutes parié sur la vitalité russe dans le cadre de leur stratégie d’expansion internationale ces dernières années. Parmi les plus exposées, Société Générale qui contrôle près de 90% de la banque russe Rosbank mais a aussi des participations plus importantes dans le pays.

Qu’on ne s’y trompe pas, la hausse des taux survenue ce matin est le signe que la banque centrale prend très au sérieux la possibilité d’une instabilité financière qui pourrait se matérialiser par une fuite conséquente des capitaux étrangers du pays.

Le scénario le plus probable n’est pas celui d’une crise durable mais plutôt celui d’un enlisement du conflit conduisant à un ajustement rapide, en quelques séances, sur les marchés financiers.

Ni l’Europe ni la Russie n’ont intérêt à aller au conflit ouvert. En revanche, Moscou devrait continuer à placer ses pions dans la région pour préserver son glacis stratégique. Il est improbable que Vladimir Poutine retire son soutien à la démarche de la Crimée pour une autonomie avancée et pourrait, par la force, imposer une nouvelle guerre de l’énergie à l’Europe afin d’imposer ses vues.

Ce serait alors l’énième épisode d’une crise qui a débuté il y a plusieurs semaines et à laquelle les marchés vont progressivement s’habituer.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.