La conférence santé boudée par l’ensemble des syndicats de médecins libéraux

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Par Patrick Crasnier Modifié le 10 février 2016 à 11h24
Boycott Conference Sante Gouvernement Syndicats Medecins
@shutter - © Economie Matin
23 EUROSUne consultation chez un médecin généraliste coûte 23 euros en France.

La grande conférence santé qui doit se dérouler le 11 Février 2016 au conseil économique et social (CESE un gouffre financier dénoncé par la cour des comptes) sous la présidence de Manuel Valls sera dédaignée par les cinq syndicats de médecins libéraux. Pourtant Marisol Touraine faisait de cette conférence « le rendez vous incontournable » des professions médicale, ce sera au mieux un petit rendez vous entre amis.

La question peut se poser de ce qui a motivé ce boycott général, la réponse se trouve dans tous les communiqués de ces divers syndicats. En premier et c’est le véritable problème depuis plus de trois ans, la loi santé a méprisé en permanence les médecins libéraux et leurs représentants. Pas une seule réunion de concertation avec les acteurs de la santé pourtant intéressés au premier chef par cette loi dont on connait déjà les graves conséquences.

Chaque responsable syndical, chaque médecin libéral répond à la question pourquoi ce boycott, systématiquement la même chose : « Nous n’irons pas car cette conférence après le passage en force d’une loi, c’est encore une façon de mépriser notre profession. »

Réaction de Jean Paul Hamon président du syndicat FMF:

Au lendemain de la grande manifestation du 19 mars qui avait réuni plus de 40000 professionnels opposés à la Loi Santé, le premier ministre avait décidé d'une grande conférence nationale de santé, vaste concertation censée réunir tout les médecins. Les médecins libéraux soulignent alors l'étrangeté de la méthode qui consiste à consulter la profession après avoir passé en force une loi largement contestée. Pire le 13 novembre alors que les médecins commencent un mouvement d'une ampleur jamais égalée avec plus de 80% de cabinets fermés et qu'ils préparent un blocage sanitaire pour protester contre la loi, ils choisissent de cesser leur mouvement le 13 au soir pour se mettre à la disposition d'un pays traumatisé. La réponse du gouvernement est cinglante. Alors que les libéraux proposent de participer à la concertation en échange d'une suspension de la loi, le gouvernement choisi de passer en force en votant la loi en pleine période de deuil, omettant au passage de saluer le sens des responsabilités des médecins libéraux qui venaient de stopper leur mouvement de blocage sanitaire.

Il est effectivement singulier, alors que le combat des médecins dure depuis plus de deux ans contre cette loi de constater que jamais une réponse positive a été donnée à la demande de réunion et de conférence sur la santé. Cette décision « après coup » sent la manipulation et la récupération. Il est, dans ces conditions, facile de comprendre le refus majoritaire de l’ensemble de la profession.

Quand on regarde de plus près l’organisation de cette « grande conférence » on constate que les professions libérales sont aussi absentes du programme, les interventions seront réservées à Anne Marie Brocas et Lionel Collet les deux pilotes de la conférence, à Frank von Lennep directeur de la recherche au DREES (Direction recherche études évaluations statistiques). On trouve aussi légitimement Patrick Bouet Président du conseil national de l’ordre, mais aussi Christian Saout secrétaire général du CISS. Rappelons que le CISS (collectif inter associatif sur la santé) est un collectif soi disant de patients, mais monté de toutes pièces par le ministère de la santé et subventionné grassement par ce même ministère. Un collectif qui s’est toujours battu contre les médecins libéraux pendant les deux années passées pour essayer de convaincre que la loi santé était la panacée. Pas beaucoup de patients dans ce collectif ;

Enfin la part belle sera réservée aux interventions de Marisol Touraine ministre et de Thierry Mandon secrétaire d’état à la santé. Une petite après midi consacrée à quelques tables rondes dont les sujets sont beaucoup plus centrés sur la médecine hospitalière et la gestion des carrières des professions médicales fonctionnaires. On peut se demander ce qu’auraient fait les syndicats au milieu de tout cela, sauf peut être à donner leur caution à cette manipulation. La clôture de cette « grande journée » à 17 30 (35 heures obligent) sera faite par manuel Valls qui a n’en pas douter viendra faire de la politique avec un parterre tout acquis.

C’est donc la promesse d’une conférence ratée qui nous est faite, la colère des médecins libéraux ne fait que s’accroitre et le gouvernement a encore une fois tout faux. Ils pensaient calmer le jeu dans une apparence de concertation « après coup » c’est tout l’inverse qui se passera. Après son tiers payant raté Marisol Touraine pensait se refaire une « santé » avant son départ du ministère. Ayant tout fait pour mépriser la parole des médecins libéraux, étant restée sourde a tout dialogue, elle termine en nommant à la commission de cette conférence un des rares médecins généralistes défenseur du tiers payant. En un mot elle nomme un épouvantail pour être bien certaine que les médecins ne seront pas là.

En réponse à cette conférence, les syndicats de médecins libéraux organisent le même jour « les assises de la médecine libérale ». Une réunion très importante à n’en pas douter pour préparer le socle commun de discussions sur la nouvelle négociation conventionnelle. Une réponse de la profession à la hauteur des enjeux de santé publique, ce que le ministère n’a pas l’air de comprendre. Une conférence de presse sera organisée à l’issue de ces « assises » dans laquelle les médecins libéraux comptent bien interpeler le premier ministre pour obtenir autre chose qu’une conférence mais la prise en compte du malaise important de toutes les professions médicales.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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