Le slogan "le changement c'est maintenant" est de retour. Lors de la conférence environnementale qui s'achevait samedi soir, François Hollande et son équipe gouvernementale ont annoncé un certain nombre de mesures destinées à faire bouger les lignes, ou bien faire oublier le Grenelle de l'Environnement organisé par le précédent gouvernement.
Mesure phare annoncée ce week-end : l'arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace) en 2016. C'est la plus vieille de France, prévue à l'origine pour fonctionner trente ans. Mais l'autorité de sureté nucléaire (ASN) avait autorisé son maintien en service dix années supplémentaires contre la réalisation de travaux de sécurisation. Résultat, EDF risque de devoir financer des travaux coûteux sur une centrale qui sera arrêtée dans quatre ans. Dimanche, le JDD a affirmé que EDF allait réclamer 2 milliards d'euros d'indemnisation à l'Etat pour l'arrêt prématuré de la centrale. EDF dément.
Le nucléaire ne devra plus représenter que 50 % de la production d'énergie en France, contre 75 % aujourd'hui. Mais par quoi le remplacer, sachant qu'en 12 ans, les énergies renouvelables n'auront jamais le temps d'occuper ne serait ce que 10 % de la production d'énergie (or hydraulique) ? Certes, des grands chantiers d'éoliennes seront facilités par la levée de certains obstacles administratifs, deux appels d'offres sont prévus pour installer des éoliennes au large du Tréport et de Noirmoutier, mais cela ne pourra jamais compenser la fermeture prévisible de plusieurs autres centrales... Si l'objectif de 50 % est maintenu.
Le truc réside peut-être dans la consommation électrique. Des aides à l'isolation de quatre millions de logements vont être mises en place, en faisant financer les travaux par un tiers, qui se rémunérera sur les économies réalisées. Consommer moins d'énergie plutôt que d'en produire toujours plus : Une idée dont le gouvernement pourrait s'inspirer pour le budget de l'Etat. Plutôt que de lever toujours plus d'impôts, la bonne idée est certainement de moins dépenser.
Ce ne sont en tout cas pas les gaz de schiste qui vont venir compenser la part du nucléaire dans la production d'énergie française. Les permis d'exploration en cours d'examen seront systématiquement refusés (à lire : Pourquoi nous n'échapperons pas à l'exploitation des gaz de schiste).
A défaut de rouler au gaz de schiste, les automobilistes devront encore faire un effort. Jean-Marc Ayrault souhaite des voitures consommant 3 litres au cent dans dix ans, et pour mettre la pression sur les constructeurs, le malus auto sera renforcé dès l'an prochain, renchérissant les voitures neuves pas assez vertueuses. Et tant pis pour les familles nombreuses, puisque le malus ne tient pas compte du nombre de places disponibles à bord...