Comparaison retraites-salaires : une bataille qui n’a pas lieu d’être 

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Par Daniel Moinier Publié le 9 juin 2016 à 5h00
France Comparaison Salaire Retraite Polemique
@shutter - © Economie Matin
671Depuis 1950, nous avons perdu 671 heures de travail par an.

Cela fait déjà plusieurs années qu’une véritable polémique a été lancée par les politiques, médias, think thank,…pour annoncer que les retraités devenaient des privilégiés au regard de ses « pauvres » salariés qui petit à petit gagnaient moins qu’eux.

Le premier qui a enclenché les hostilités, c’est le think tank Terra Nova par la voix d’un de ses anciens présidents, puis cela a était repris par des politiques et autres médias, tel Hervé Gattegno dans la matinale de RMC selon ces propres termes : « Il est évident que si on considère que la retraite ne doit jamais baisser, que c'est un tabou absolu, alors les retraités sont non seulement des privilégiés, mais d'une certaine façon, ce sont même des profiteurs ». Ces privilégiés sont à mettre au pilori puisqu’ils gagnent trop, plus que leurs enfants et certainement beaucoup plus que leurs petits enfants, surtout si l’on prend en compte la dette qu’ils auront « sur le dos » !

Est-ce vraiment ces « superbes retraites » qui sont en cause ? Certainement pas ! Ce ne sont pas eux qui font l’économie, qui ont pondu des lois désastreuses pour le pays, qui ont mis le pays à bas. Aujourd’hui, il est fait un simple constat : les retraités gagnent plus que la moyenne des salariés. Si l’on prend le revenu global, c’est bien pire. Si Balladur n’était pas passé par là et certains autres gouvernants, l’écart serait encore pire. A l’origine les retraites étaient calculées sur les dix meilleures années, aujourd’hui sur vingt cinq. De plus le calcul des revalorisations a également changé, il est passé d’un coefficient sur les prix à la consommation, au taux de l’inflation.

Avec l’arrivée du Gouvernement Hollande, il y a eu gel des augmentations depuis 2 ans et demi et les revalorisations ont été reportées d’avril à octobre. Une seule revalorisation a eu lieu le 1er octobre 2015 d’un montant de 0,1%, c'est-à-dire en moyenne, 3 centimes par mois ! En ce qui concerne les retraites complémentaires, elles n’y ont pas été de main morte, puisque le denier accord a prévu une sous-indexation des pensions pendant une durée de trois ans. Les taux d'augmentation des pensions de retraite complémentaire en 2016, 2017 et 2018 seront revalorisés au niveau de l'inflation moins un point (exemple : si l'inflation est de 1,5 %, la hausse sera de 0,5 %). Le taux de 3,8% de CSG a lui aussi été supprimé (passant à 6,6% pour 600.000 foyers) pour les retraités non imposables suite à défiscalisation.

Mais la plus forte amputation s’est produite lorsque l’on a introduit la CSG/RDS sur les pensions. C’est 6,6% de CSG qui s’est abattue sur les pensions, sachant que 2,4% ne seront pas déductibles mais imposables. Il faut y ajouter la RDS, soit 0,5% non déductible de l’impôt. Ah J’oubliai ! Ce nouveau gouvernement n’a pas manqué de nous « coller » à compter du 1er avril 2013 une nouvelle taxe : La Casa (Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie) Sans tous ces nouveaux calculs et diminutions, les retraites nettes seraient très nettement supérieures à celles qu’elles sont aujourd’hui. A quel niveau atteindrait la polémique ! Je n’ose y penser ! Haro sur ses usurpateurs, ces fossoyeurs de société, de cette France partie en décomposition.

Mettons que la réforme Balladur les aient fait baisser de 10%, ce qui est modeste, si l’on rajoute les retenues soient 7,4%, arrondissons au 7,5% pour la partie imposable, plus les changements d’indexation et de blocage, nous devrions arriver aux environs de 20%. Sachant qu’en 2015 la retraite moyenne en France est de 1366 euros, sans ces réductions, elle aurait atteint environ 1640 euros. Soit un manque à gagner de 274 euros par mois. C'est-à-dire que l’état s’est privé par année de 45 Milliards d’euros de consommation dans l’économie française ! Soit 12.6% du PIB ! C'est-à-dire moins d’embauches, plus de chômage, de baisse de rentrées de prélèvements…

En ce qui concerne la comparaison avec le salaire moyen, pourquoi celui-ci s’est-il retrouver à ce niveau ? En premier, un moindre temps de travail payé. Pour les salariés base 35 heures, nous sommes actuellement à 36,1 heures de travail moyen par semaine. Depuis l’année 1950, nous avons perdu par année, 671 heures de travail.

Voir le tableau ci-dessous

Si nous prenons la perte sur la durée de vie, c’est donc une diminution de 26.840 heures par salarié. Conséquences du passage de 65 à 60 ans de départ en retraite en 1983 et de 40 heures à 35 heures (en deux fois ; 1983 et 2000). C’est la baisse du temps de travail et donc la baisse des rémunérations actuelles qui est bien la cause du faible pouvoir d’achat actuel, mais aussi par répercussion de la hausse des prélèvements. Sur un simple salaire d’employé ou ouvrier, les charges sont passées de 6,8% à 21,5% plus la mutuelle (qui n’existait pas en 1950). Celles des entreprises ayant été multipliées par deux.

Alors messieurs les ministres, députés, médias et autres think thank, ne venez pas nous ennuyer, créer des conflits de génération alors que l’explication est très simple à trouver. Pour information, pour avoir le même niveau de pension qu’un retraité d’aujourd’hui, un jeune devra travailler au minimum trois années de plus (et plus de 35 heures). Alors à bon entendeur, salut. Fin de la polémique !

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.