Plusieurs villes européennes s’unissent pour développer les énergies propres et réduire leur consommation de combustibles fossiles

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Par Horizon Modifié le 29 novembre 2022 à 9h13
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@shutter - © Economie Matin
70%Les villes sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre

Plusieurs villes d’Europe ont uni leurs forces pour trouver des moyens plus rapides de promouvoir l’utilisation d’une énergie propre et éliminer les combustibles fossiles. Le but est ainsi de se rapprocher des objectifs climatiques rendus encore plus critiques par la guerre en Ukraine.

Les villes sont au coeur de la lutte contre le réchauffement climatique : elles consomment les deux tiers de l’énergie mondiale et représentent plus de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Environ trois Européens sur quatre vivent en zone urbaine. Une des difficultés est de leur fournir une énergie propre, fiable et économique, en particulier dans le cas des sources d’énergie intermittentes comme l’éolien ou le solaire.

Utrecht, aux Pays-Bas, est à l’origine d’un projet financé par l’UE qui teste plusieurs initiatives d’énergie propre, en collaboration avec les villes de Nice, en France, et de Göteborg en Suède.

Utrecht teste actuellement l’utilisation de véhicules électriques pour aider à opérer sa transition vers l’énergie renouvelable.

« Des points de recharge, qui permettent à la fois de stocker l’énergie solaire dans la batterie du véhicule et de la réinjecter dans le système de production d’énergie ont été installées dans la ville », explique Roel Massink, employé par la ville d’Utrecht. Il est également coordinateur du projet européen IRIS Smart Cities.

Si la ville néerlandaise n’est pas la première à utiliser des points de recharge « bidirectionnels », elle est la première à les tester à l’échelle du district.

Ces bornes permettent de charger des véhicules électriques pendant la journée, grâce à l’énergie produite par des panneaux solaires situés à proximité et, parallèlement, jouent le rôle de batterie pour stocker cette énergie.

Lorsque les véhicules sont garés et branchés, le surplus d’électricité issu de la batterie peut être réinjecté dans le réseau national. Cet aspect est particulièrement utile le soir, lorsque la consommation d’énergie des ménages est à son maximum.

« Ce système a deux fonctions : équilibrer la production d’énergie et encourager un transport sans émissions nocives », indique Roel Massink.

Centrale électrique virtuelle

La ville d’Utrecht est déjà équipée de quelque 500 points de recharge et tous les futurs points seront bidirectionnels. La prochaine étape consistera à combiner les batteries automobiles à des batteries de stockage stationnaires pour créer une « centrale électrique virtuelle ».

« Si vous combinez environ 100 véhicules et 10 batteries stationnaires, vous disposez d’une capacité électrique relativement conséquente que vous pouvez injecter dans le réseau électrique au moment nécessaire », ajoute-t-il. Ensuite, « il est vraiment possible de gagner de l’argent sur les marchés de l’énergie ».

La ville travaille actuellement avec une initiative d’autopartage, We Drive Solar, plutôt qu’avec des véhicules privés. Le but est d’encourager les usagers à ne plus acheter de véhicule, lorsqu’ils peuvent s’en passer, et de recourir à l’autopartage ou à d’autres formes de transport.

Solutions plus rapides

IRIS n’est pas le seul projet européen à œuvrer en faveur de la réduction à grande échelle des émissions de carbone dans les villes.

Vienne, en Autriche, Munich en Allemagne et Lyon en France, ont fait progresser les énergies propres dans le cadre d’un projet intitulé Smarter Together, qui s’est achevé l’an dernier.

Entre début 2016 et mi-2021, ces trois villes ont rénové près de 170 000 m2 de bâtiments, divisant par deux la consommation d’énergie et les émissions de dioxyde de carbone de ces infrastructures. Elles ont aussi installé une capacité de production d’énergie renouvelable de presque 28 mégawatts.

« C’était une façon de tester de nouvelles solutions puis de les mettre en œuvre plus vite », a déclaré Étienne Vignali, coordinateur du projet.

Accélérer la transition verte de l’Europe est devenu encore plus urgent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février. La guerre a perturbé l’approvisionnement de l’UE en pétrole, en gaz naturel et en charbon, et incité les États membres à mettre les bouchées doubles pour développer les énergies renouvelables et économiser l’énergie.

À Lyon, Smarter Together a permis de faire passer les initiatives locales à la vitesse supérieure, d’après Étienne Vignali, également chef de projet à SPL Lyon Confluence, une entreprise créée par la ville pour rénover un quartier vétuste.
Lyon transforme cette zone vieillissante depuis plus de 20 ans, remplaçant d’anciens centres industriels par de nouvelles structures et des espaces publics, le tout en faisant la part belle aux énergies renouvelables et à la modernisation des bâtiments.

Même si la production solaire était déjà importante dans le quartier, « grâce à Smarter Together nous sommes parvenus à la doubler en seulement quelques années », explique M. Vignali.

Parmi les autres réussites du projet, on peut citer la mise en place d'un système de chauffage urbain à base de biomasse, un combustible fabriqué à partir de matières organiques, notamment de végétaux.

Ces résultats accélérés ont été rendus possibles par l’implication de partenaires de différents secteurs, notamment de l’industrie, des universités et de la collectivité locale, mais aussi grâce à la collaboration avec d’autres villes pour tester des solutions énergétiques similaires mises en œuvre différemment et dans d’autres contextes, ajoute-t-il.

Besoins en termes de données

Le projet a aussi permis de recueillir des données détaillées sur l’utilisation de l’énergie pour aider les villes à améliorer le rendement des rénovations.

À titre d’exemple, l’analyse d’un immeuble de logements collectifs situé à Lyon a permis de déterminer que des conduites d’eau chaude mal isolées consommaient davantage d’énergie que l’ensemble du bâtiment.

Les évaluations énergétiques se contentent habituellement de mesurer la consommation énergétique moyenne des bâtiments, au lieu de chercher à déterminer où a lieu la consommation, explique Étienne Vignali.

Recueillir des informations aussi détaillées est un casse-tête, notamment parce que de nombreux entrepreneurs en bâtiment ne sont pas formés pour installer des compteurs et des capteurs.

« Si les compteurs sont mal raccordés, vous ne recevez pas de données ou alors elles sont fausses, et donc parfaitement inutiles », précise M. Vignali. « Nous avons consacré bien plus de temps et d’efforts à la collecte de données de qualité que ce qui avait été prévu au début du projet. »

Liens locaux

Des villes du projet IRIS testent aussi des méthodes de rénovation et d’autres solutions pour privilégier les énergies renouvelables et réduire la consommation d’énergie.

« Nous essayons de faire la démonstration de nouvelles solutions dédiées à la transition énergétique à l’échelle du district en montrant ce qui est nécessaire pour créer des écoquartiers dans lesquels il fait bon vivre », déclare M. Massink, coordinateur du projet.

« Mais on ne peut pas mettre en œuvre les solutions tout seul, tous les secteurs doivent être intégrés », ajoute-t-il.

Les villes participantes travaillent en étroite collaboration avec les propriétaires des bâtiments, les fournisseurs technologiques, les collectivités, les organismes de recherche et, évidemment, les résidents.

Pour M. Massink, l’implication des habitants est indispensable à la transition de l’UE vers les énergies vertes.

Les recherches réalisées dans le cadre de cet article ont été financées par l’UE et ont été publiées initialement dans Horizon, le magazine de l’UE dédié à la recherche et à l’innovation.

MISSION EUROPÉENNE « 100 VILLES NEUTRES POUR LE CLIMAT ET INTELLIGENTES D’ICI À 2030 »

Le 28 avril 2022, la Commission a communiqué les noms de 100 villes de l’UE qui participeront à la mission de l'UE visant à rendre 100 villes neutres pour le climat et intelligentes d'ici à 2030 (la mission « Villes »).

Ces 100 villes seront de véritables pôles d’expérimentation et d’innovation. Elles œuvreront pour une transformation dans les domaines de la protection de l’environnement, du numérique et de l’inclusion. Les collectivités locales, régionales et régionales, les citoyens, les entreprises et les investisseurs uniront leurs forces pour rendre des secteurs tels que l’énergie, le bâtiment, la gestion des déchets et les transports neutres pour le climat d’ici à 2030.

Ces 100 villes modèles seront de véritables pôles d’expérimentation et d’innovation et inciteront toutes les villes d’Europe à suivre leur exemple à l’horizon 2050.

Pour en savoir plus sur la mission Ville, cliquez ici.

Plus d’infos

Pour plus d’informations, suivez les liens ci-dessous.

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