L'association Promouvoir a fait beaucoup parler d'elle ces dernières années en s'attaquant à de nombreux films : elle a demandé une véritable censure en obtenant, par la justice, que leur Visa d'exploitation soit changé en "film interdit au moins de 18 ans". Ces victoires sont dues à la législation actuelle et Audrey Azoulay, ministre de la Culture, a trouvé une parade : elle va la changer pour l'assouplir et donner au CNC plus de pouvoir.
"La Vie d'Adèle", "Love", "Les 8 Salopards"... Promouvoir s'attaque à tout
La première grosse victoire de l'association Promouvoir a été le changement du Visa d'exploitation du film "La Vie d'Adèle", primé à de nombreuses reprises. Initialement interdit aux moins de 12 ans, l'association a obtenu une interdiction aux moins de 18 ans à cause des scènes de sexe (bien que simulées). Il en fut de même en 2015 lors de la sortie de "Love" de Gaspard Noé, interdit aux moins de 16 ans car contenant des scènes de sexe non simulées et ayant vu son Visa changer en "interdit aux moins de 18 ans".
Confortée par ces victoires sur le cinéma français, l'association Promouvoir issue des milieux catholiques traditionnalistes a également tenté de faire changer le Visa d'exploitation du dernier film de Quentin Tarantino, "Les 8 Salopards". Mais cette fois ce fut vain...
Avec cette nouvelle réforme, les recours risquent d'être encore plus compliqués.
Intégrer le sens esthétique à l'attribution de Visa
Si Promouvoir et les associations du même genre peuvent gagner ce type de bataille c'est à cause de la législation : actuellement le Code du cinéma qui s'applique dans l'attribution du Visa interdit automatiquement aux moins de 18 ans un film contenant "des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence".
Cette interdiction sera maintenue mais le côté cinématographique prendra le dessus. Audrey Azoulay, qui a pris le poste après le remaniement et le départ de Fleur Pellerin, va intégrer à la classification la notion esthétique.
Le rapport de Jean-François Marys, président du CNC, sur la question recommande en effet que l'interdiction de films aux moins de 18 ans ne soit décidée que pour des films contenant "des scènes de sexe ou de grande violence" qui risquent de « troubler gravement la sensibilité des mineurs » ou « banaliser » la violence mais seulement si ces scènes n'ont aucune "justification de caractère esthétique".
Le porno et les films violents par seul plaisir du sexe et de la violence resteront donc soumis à l'interdiction aux moins de 18 ans mais les films où cette violence est justifiée par l'intrigue, l'esthétique, le ton ou encore le sujet du film seront épargnés et interdits aux moins de 12 ou 16 ans selon les cas. Et il sera alors impossible de demander l'annulation du Visa (ou tout du moins beaucoup plus compliqué).