Banques : Les Russes auraient réussi à retirer une partie de leur argent de Chypre

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Par Laure De Charette Modifié le 27 mars 2013 à 2h21

Si tel était le cas, les Chypriotes pourraient se retrouver seuls ou presque à payer la facture... Alors que toutes les banques de Chypre sont restées fermées pendant douze jours –seuls des retraits en espèces de quelques centaines d'euros étaient possibles au distributeur automatique-, on apprend aujourd'hui via Reuters notamment que de nombreux clients de ces banques, et notamment les plus riches d'entre eux, les Russes et les Ukrainiens, auraient réussi à récupérer tout ou partie de leurs millions.

Pendant que les différentes parties tentaient laborieusement de négocier un plan de sauvetage de l'île méditerranéenne, qui prévoit de prélever jusqu'à 30% des avoirs sur les comptes en banque de plus de 100 000 euros pour sauver Chypre de la faillite, les Russes ont donc récupéré leurs picaillons, essentiellement de l'argent sale placé sur des comptes à Chypre afin d'être blanchis puis réintégrés dans le circuit. Comment ont-il fait, puisque les transferts de capitaux étaient gelés à Chypre, justement pour éviter leur fuite ?

Ils seraient passés par les bureaux de la Bank of Cyprus et de la Popular Bank situés à Londres. De manière tout à fait étonnante, eux sont restés ouverts toute la semaine dernière et n'ont pas gelé les transferts de capitaux. Certains seraient aussi passés par une filiale de la Bank of Cyprus, la banque russe Uniastrum Bank, pour se faire des virements importants vers leurs comptes hébergés en dehors de Chypre. Simple comme "hello" ! Ou comme "sveiki" ("bonjour" en letton), la Lettonie étant un des pays où ces sommes d'argent auraient atterri. Au point que la Banque centrale européenne a dû mettre en garde le pays, qui doit entrer dans la zone euro le 1er janvier prochain, afin qu'il refuse d'accueillir ces fonds.

De là à imaginer que les banques chypriotes ont laissé faire voire ont participé à cette fuite des capitaux russes, il n'y a qu'un pas. D'après la Tribune, « certains clients VIP des banques locales auraient bénéficié d'un traitement de faveur ».

Pour l'instant, on ne sait pas encore quelles sommes ont quitté Chypre en catimini. La Banque centrale européenne essaie de récolter un maximum d'informations à ce sujet. Mais si l'argent des Russes a mystérieusement disparu de la lessiveuse chypriote, comment l'île va-t-elle pouvoir rassembler les 7 milliards d'euros nécessaires à son sauvetage ?!

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.