Rien ne semble enrayer l'effondrement, il n'y a plus d'autre mot, du secteur du logement neuf. Alors que l'année 2013 n'était déjà pas une bonne année avec seulement 330 000 logements neufs construits, contre encore 420 000 en 2011, 2014 s'annonce dramatique. Il faudrait en effet 500 000 logements par an pour assurer un renouvellement correct du parc immobilier français, et faire baisser la pression sur les loyers !
De mars à mai, les mises en chantier sont ainsi en recul de 19, 7 % par rapport à la même période en 2013. Sur douze mois le recul n'est encore "que" de 8,5 %... mais il n'était "que" de 6,5 % en avril dernier ! Sur un an, de mai 2013 à mai 2013, il s'est construit seulement 312 000 logements en France, ce qui laisse augurer une année 2014 nettement sous la barre des 300 000 logements. Le mois de mai, a, certes, été impacté par les trois jours fériés et leurs ponts, mais c'est encore et surtout le blocage structurel du secteur qui est en cause.
Permis bloqués, investisseurs découragés, foncier trop cher
Premier blocage, les investisseurs sont aux abonnés absents. Entre la loi Alur, le matraquage fiscal, et la chasse aux niches, près de la moitié des investisseurs qui croyaient en l'immobilier ont cessé d'y placer leur argent en moins d'un an. Les promoteurs ont arrêté les mises en chantier, pour ne pas faire gonfler inconsidérément leur stock de biens à vendre, afin de ne pas risquer un effondrement des prix de vente.
Deuxième blocage, les dossiers de permis de construire sont dans des pochettes, en attente d'instruction en mairie par les nouvelles équipes municipales, pour des permis qui ont souvent été déposés et négociés du temps des anciennes majorités...
Troisième blocage, le foncier qui se fait de plus en plus rare, et cher. Les promoteurs en appellent à l'Etat, pour qu'il mette sur le marché des terrains en sa possession, afin de faire baisser les prix. Les propriétaires, eux, attendent soit que la fiscalité change -sachant qu'il est quasiment trop tard pour bénéficier de l'abattement exceptionnel de 25 % sur les taxes sur les plus values décrété l'an dernier- soit que leurs terrains franchissent les seuils de durée de détention (minimum 22 ans) permettant de voir la taxation de la plus value chuter, voir, supprimée au delà de trente années de détention.
Ajoutons un quatrième blocage : les investisseurs sont aux abonnés absents, mais les acheteurs ne se bousculent pas non plus : il y aurait en ce moment deux acheteurs pour trois bien en vente sur le marché...
La nouvelle ministre du Logement, Sylvia Pinel, devrait annoncer mercredi 25 juin une batterie de mesures pour relancer la construction, notamment par le biais d'une simplification des normes de construction, qui renchérissent de 10 % en moyenne les programmes immobiliers (accés handicapés, économies d'énergie) et compliquent encore les dossiers de permis de construire...