Chômage : la légende du « ça va mieux » fait long feu

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 septembre 2016 à 6h34
Chomage Hausse Pole Emploi France Aout 2016
1,4%Le chômage a explosé en août 2016 : +1,4 % sur un mois.

"Ça va mieux !", "le chômage baisse", "la reprise est là", "la croissance est de retour"... le gouvernement a servi à toutes les sauces ces petites phrases censées rassurer les Français et, peut-être, les convaincre à voter François Hollande en 2017. Malheureusement cette dernière semaine de septembre 2016 semble prouver tout le contraire... et ça commence par le sujet principal du quinquennat : le chômage.

50 200 chômeurs de plus en France en un mois... l'effet "vacances"

"Ce résultat, nettement moins favorable que ceux des mois précédents, peut s'expliquer notamment par les difficultés rencontrées dans certains secteurs d'activité particulièrement affectés par les attentats de juillet (tourisme, hôtellerie-restauration, commerce de loisir, notamment)" a immédiatement commenté la ministre du Travail, Myriam El Khomri, lundi 26 septembre 2016 après la publication des chiffres catastrophiques du chômage du mois d'août 2016. Mais attendez... reprenons depuis le début.

Pôle Emploi a publié les chiffres du chômage du mois d'août le 26 septembre 2016 en fin d'après-midi et ce fut une douche glaciale... à la limite du 0 degrés kelvin. 50 200 chômeurs de plus en catégorie A ont pointé à Pôle Emploi en août 2016 en métropole, 52 400 en comptant les DOM. En ajoutant les catégories B et C le nombre de chômeurs a augmenté de plus de 80 000... un record ! 1,4 % de chômeurs en plus à quelques mois de la Présidentielle, voilà qui ne va pas faire les affaires du camp Hollande.

Mais attendez : pour le gouvernement c'est la faute à Daesh et aux attentats. Si on peut supposer que la baisse du tourisme a causé une baisse des emplois saisonniers, le total est bien trop élevé.

Et ce n'est pas tout "en août 2016, le nombre de sorties de catégories A, B, C pour défaut d'actualisation a enregistré une baisse inhabituellement forte" et "une augmentation inhabituelle du nombre d'actualisations des demandeurs d'emploi" écrit le ministère. Donc, si on comprend bien, la hausse du nombre de chômeurs est due au fait que les chômeurs ont mieux suivi leur dossier... les Shadocks ont trouvé leur maître ! Les chômeurs qui sortent des listes pour non actualisation sont quand même des chômeurs sauf qu'ils ne sont pas indemnisés...

Mais le gouvernement n'en démord pas et estime que la hausse du mois d'août 2016 est "sans rapport avec l'évolution générale de la conjoncture". Reste qu'il y a 3,8 millions de chômeurs en catégorie A en France et que, depuis le début de l'année, la baisse n'a été que de 27 000.

Et ce n'est pas fini : la période estivale étant terminée, il va y avoir en septembre le retour sur les listes de Pôle Emploi des quelques chanceux qui ont, eux, trouvé un travail saisonnier.

La croissance en baisse au deuxième trimestre ?

Les chiffres de Pôle Emploi, qui sont, comme le dit le gouvernement, un simple accident, sont parvenus quelques jours seulement après une autre douche froide : celle de la croissance au deuxième trimestre. Déjà censée avoir été nulle, l'Insee l'a révisée le 23 septembre 2016 à la baisse la rendant carrément négative à -0,1 %.

Si ça ne fait pas rentrer la France en récession, ça pose un problème pour le gouvernement et son objectif de 1,5 % de croissance en 2016. Un objectif que Michel Sapin a répété juste après la publication de la croissance révisée mais auquel personne ne croit. Pour l'OCDE la croissance en France ne sera que de 1,3 %.

Le déficit public impossible à réduire comme le veut Bruxelles ?

Les mauvaises nouvelles s'enchaînent et c'est la question du Pacte de Stabilité qui est devenu un dossier chaud pour l'équipe gouvernementale. Paris a promis à Bruxelles un déficit sous la barre des 3 % à l'horizon de 2017. Pour ce faire, la France a besoin d'une croissance de 1,5 % en 2016 et 2017 et une réduction des dépenses.

La Commission Européenne a prévenu : si la France n'arrive pas à tenir ses engagements (ce serait la 3ème fois), une amende lui sera infligée. C'est Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires Economiques et ancien locataire de Bercy qui a proféré cette menace. Il a d'ailleurs annoncé qu'il va éplucher de fond en comble la Loi de Finances 2017 en préparation pour bien vérifier qu'elle permettra cette réduction de déficit.

Chômage, croissance, déficit... "ça va mieux", n'est-ce pas ?

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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